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«Le gouvernement se penche sur la mise en œuvre des réformes majeures figurant dans son programme»

Le Maroc occupe la 88e place en matière de lutte contre la corruption et la méthodologie adoptée est remise en question. Sachant que ce processus de lutte contre la corruption a été engagé depuis plusieurs années, ce qui a permis de dégager des acquis institutionnels sur le plan des lois.

«Le gouvernement se penche sur la mise en œuvre  des réformes majeures figurant dans son programme»
Abdelâdim El Guerrouj.

Le Matin : C’est la première fois que votre ministère lance un programme de ce genre. Pourquoi maintenant et dans quelle perspective ?
Abdelâdim El Guerrouj : D’abord, c’est une attribution du ministère. Pour nous, c’est un dossier parmi d’autres que nous prenons très au sérieux parce qu’il existe une volonté ferme, sous l’impulsion des grandes orientations de Sa Majesté le Roi, d’éradiquer ce phénomène. Cette volonté s’est traduite par la consolidation et la valorisation de tous les acquis. Car il faudra rappeler que ce processus de lutte contre la corruption a été engagé depuis plusieurs années, ce qui a permis de dégager des acquis institutionnels sur le plan des lois. En 2012, nous avons donc voulu consolider ces actions tout en poursuivant les réformes et les actions concrètes lancées dans ce sens. Ces dernières concernent l’élaboration notamment de la loi relative à la nomination aux emplois supérieurs et son décret d’application et la réforme du cadre institutionnel qui régit l’Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption. Instance à laquelle la Constitution a attribué de nouvelles prérogatives. D’ailleurs, le projet de loi relatif à la réforme de cette instance est prêt et figure déjà sur le site du secrétariat général du gouvernement afin qu’il soit consulté et approuvé par les autres partenaires, notamment la société civile. Par ailleurs, le gouvernement s’est penché sur la mise en œuvre de l’une des réformes majeures figurant dans son programme, à savoir la refonte de la justice. Nous nous sommes penchés aussi sur l’élaboration d’un projet de loi relatif à l’accès à l’information.

Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour garantir plus de transparence ?
Le gouvernement a entrepris, en effet, depuis le début de son mandat un certain nombre de mesures pour garantir la transparence et l’égalité des chances. Ces mesures se sont traduites par la révision du statut général de la fonction publique à travers la généralisation du concours d’accès à la fonction publique, l’émission d’une circulaire du chef du gouvernement relative à la gestion et au suivi des recrutements dans la fonction publique et l’interdiction des cumuls de fonctions, notamment dans le secteur de la santé et de l’enseignement. Le gouvernement a procédé aussi à la publication des listes des agréments de transport et d’exploitation de carrières sur la base d’un cahier des charges. Il a aussi créé une commission au sein du ministère de la Justice qui a été chargée du suivi et de la mise en œuvre des recommandations de la Cour des comptes, parallèlement au renforcement des instances de contrôle financier. Par ailleurs, nous sommes penchés sur l’élaboration d’une stratégie de prévention de la corruption à travers la modernisation de l’administration.

Parlez-nous de cette stratégie ?
Cette stratégie se base sur plusieurs axes. Il s’agit d’abord de se pencher sur la valorisation des ressources humaines qui concerne la réforme du statut de la fonction publique en passant par la formation, le re-ingeniering des process et enfin la revue de l’organisation interne. Pour le dire plus simplement, nous comptons aller de l’avant dans notre programme de facilitation des procédures administratives les plus utilisées par les citoyens et les entreprises tout en donnant un second souffle au programme d’administration électronique et en créant des centres d’appel pour faciliter l’accès à l’administration.

Vous venez de lancer un programme grandiose de lutte contre la corruption, quel est l’objectif à long terme ?
Ce programme a pour principal objectif de montrer les effets néfastes de la corruption sur le citoyen. Mais au-delà de la mise en évidence des conséquences de ce fléau sur la société, notre but est de pouvoir mettre le citoyen au cœur de cette dynamique qui consiste à engager tous les partenaires, à savoir entreprises, administrations, société civile, formations syndicales et citoyen dans la lutte contre la corruption. Il s’agit d’une action qui est engagée non par le gouvernement, mais par la société elle-même pour la société.

Le Maroc est très mal classé dans les efforts de lutte contre la corruption,
comment justifiez-vous ce classement ?
Il faut d’abord souligner que notre note cette année (3,7/10) s’est améliorée par rapport à celle de l’année dernière (3,4), sachant que les deux tiers des pays du monde ont une note inférieure à celle-ci. Mais en termes de classement, le Maroc a régressé cette année, occupant la 88e place au lieu de 80 l’année précédente. Il faut souligner toutefois que ce classement reste discutable, vu la méthode adoptée, car il s’agit d’enquêtes basées sur des sondages d’opinion qui ne traduisent pas toujours la réalité. Les citoyens peuvent s’exprimer librement par exemple au Maroc, car c’est un pays démocratique, contrairement à d’autres pays où le citoyen pourra transmettre à travers son avis une fausse image de son pays à cause de la censure exercée dans ces pays. Du coup, on se retrouve avec un meilleur classement des pays peu démocratiques.

Vous avez présenté au chef du gouvernement la stratégie nationale de lutte contre la corruption élaborée par votre ministère. Pouvez-vous nous donner une idée du contenu de cette feuille de route ?
Cette feuille de route est basée en gros sur six axes. Il s’agit d’abord de renforcer de l’axe institutionnel, ensuite de consolider le dispositif législatif et sa réactualisation parce qu’il existe un certain nombre de textes qui sont plus ou moins dépassés. Quant au troisième axe, il concerne le développement de tous les aspects préventifs. Le quatrième axe concerne, pour sa part, le volet éducation formation. Le cinquième prévoit la sensibilisation du citoyen et la conclusion de partenariat, notamment avec les organisations de la société civile. Enfin, le sixième axe comprend le renforcement de toute la coopération internationale en vue d’une lutte plus efficace contre la corruption.

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