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«Il faut pérenniser les approches novatrices»

Quatre ans après le lancement du programme de réparation communautaire qui a touché 13 provinces, le CNDH, la Fondation CDG et la délégation de l’UE ont procédé au « bilan » des 130 activités qui ont nécessité un budget de 56 millions de DH.

Le Matin : Vous avez commencé votre intervention par une sorte de mea culpa de l’UE par rapport au soutien qu’elle avait apporté aux régimes autoritaires de la région. C’est une preuve d’humilité ?
Eneko Landaburu : Oui, nous devons être humbles, car ce qui s’est passé avec ce printemps arabe montre que nous étions bien loin des réalités. Nous affichions une certaine complaisance avec des régimes qui n’ont pas résisté aux poussées populaires qui réclamaient la dignité et le respect des droits de l‘Homme. Nous avions fermé les yeux sur des choses qui étaient contraires à nos valeurs parce que nous pensions que ces régimes étaient des remparts contre un extrémisme religieux, contre l’immigration sauvage. De cette réalité, nous avons fait notre autocritique et le 11 mars à Bruxelles nos gouvernements se sont inscrits dans le soutien aux mouvements populaires. Au mois de juin dernier, nous avons commencé à développer une nouvelle politique extérieure avec nos vis-à-vis qui prennent en compte la défense des libertés et des droits de l’Homme, l’éclosion d’une société civile, en un mot l’approfondissement démocratique, qui sont les valeurs de l’UE.


Qu’en est-il au Maroc et pourquoi avez-vous décidé de soutenir le programme de réparation communautaire qui a mobilisé comme l’a souligné le DG de la CDG quelque 56 millions de DH ?
Au Maroc, nous avons assisté à une amélioration de la situation, mais depuis des années déjà, l’UE a accompagné le Maroc dans son engagement de transition démocratique et de promotion des droits de l’homme. On a reconnu dès le début l’importance du processus historique de réconciliation nationale initié par l’Instance équité et réconciliation. Nous étions présents en septembre 2005 à la Conférence nationale sur la réparation communautaire. Nous avions pris conscience qu’il se passait quelque chose de fondamental et nous avons décidé de répondre positivement à la demande de feu Driss Benzekri. Nous avons alors apporté notre soutien financier, car nous avons considéré cette démarche comme exemplaire.
 Ce programme a été mis en œuvre par des associations locales dans des régions éloignées qui ont fait un travail remarquable au profit de leurs communautés. J’ai eu la chance de visiter grâce à la CDG qui s’est beaucoup impliquée dans ce programme, les projets de Boubeker et Figuig  où j’ai constaté l’enthousiasme et la mobilisation des ONG. Il y a une deuxième caractéristique de ce programme, c’est la mise en place d’un fonctionnement nouveau, un dialogue tripartite entre les autorités locales, autorités centrales et la société civile. L’engagement des partenaires comme le Conseil national des droits de l’Homme bien sûr, la Fondation CDG, partie prenante du programme, le ministère de l’Intérieur, l’Agence de l’Oriental, a créé une dynamique qui a parfois regroupé près de 17 partenaires institutionnels et qui a, comme l’a souligné M. Alami, permis une véritable concertation et dialogue entre toutes les parties.

Aujourd’hui, ce programme arrive à sa phase de maturité. Quelles premières conclusions en tirez-vous et qu’en est-il du projet des archives directement lié au programme de réparation communautaire ?  
La démarche de réparation communautaire est unique et sans précédent au Maghreb. Le programme qui l’a concrétisé a pris des formes novatrices. Au-delà de la dimension symbolique de la réparation, ce sont ces approches qui constituent pour le Maroc le véritable bénéfice du programme : cet esprit participatif, ces espaces de dialogue créés, ces partenariats, cette décentralisation des instances en charge des droits de l‘homme, tous ces volets qui nourrissent notre réflexion dans une définition d’une défense des droits de l‘Homme proche des réalités. Concernant le projet des archives, il faut garder des traces de l‘histoire, même quand celle-ci est noire. On a compris qu’il est impossible de construire un avenir solide, serein, apaisé sans un retour, sans complaisance sur l‘histoire et sa vérité. Tous les pays qui ont pu le faire même si c’était douloureux n’ont pu que s’en réjouir. Il convient de faire à un moment ou à un autre l’exercice de vérité par rapport au passé, car l’histoire finit toujours par rattraper le présent.
Ceux qui ne l’ont pas fait ont des problèmes à retrouver une cohésion et une vérité de dialogue. Le CNDH a été rehaussé dans son statut, ses dirigeants sont pour nous des gens de confiance et c’est une garantie, un rempart qu’il pourrait y avoir et qui pourrait freiner le processus démocratique.

Dans quelques jours, nous saurons ce qu’il en est de l’accord agricole avec l’UE qui doit libéraliser 55 % des exportations du Maroc pour la décennie à venir et qui est très critiqué dans le rapport du député José Bové qui mène campagne contre l’adoption de cet accord ?
Pas seulement Jwosé Bové, les députés socialistes espagnols qui auront bientôt des élections vont également le rejeter et les eurodéputés sont divisés. Le vote sur l’accord de libéralisation du commerce des produits agricoles et de la pêche aura lieu ce jeudi dans des conditions difficiles. Pour ma part, je reste optimiste…

Recommandations pour pérenniser le PC

Préserver et valoriser les acquis du programme dans le sens de l’autonomie des acteurs par le renforcement de leur capacité en termes de communication, planification territoriale et approche genre
Concevoir des solutions institutionnelles permettant une meilleure prise en charge de la réparation communautaire par une politique publique sectorielle
Intégrer les programmes de réparation communautaire dans les processus de planification territoriale  
Intégrer les préoccupations liées au programme dans le fonds régional de mise à niveau social et dans l’INDH
Relancer et développer les partenariats notamment avec CL et secteur privé  
Proposer au CNDH dans la phase post-programme de se recentrer sur le suivi, l’appui, plaidoyer, accès au développement et mobilisation des moyens.
Élaborer une évaluation du programme
Élaborer les supports de communication en langue amazighe
Mise en réseau des coopératives et appui à la mise en commercialisation des produits
Partenariat avec les universités pour le programme préservation de la mémoire et création de musées régionaux, pour un statut des lieux de détention
Récupérer la mémoire orale notamment des victimes.

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