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«La déconnexion entre l’entreprise et l’université est l’un des maux majeurs de la R&D»

Le Soft Centre (centre de R&D logiciel) est intervenu au récent salon MED-IT autour d’une table ronde sur l’innovation, afin de présenter les apports de son business model en matière de promotion de l’innovation logicielle au Maroc. Dans cet entretien, son directeur, Jamal Benhamou, explique la stratégie développée par le Centre pour l’émergence de solutions logicielles innovantes «made in Morocco» à fort potentiel de développement à l’international.

«La déconnexion entre l’entreprise et l’université  est l’un des maux majeurs de la R&D»
«Le Soft Centre a joué son rôle de coordinateur et de cluster de compétences universitaires sur le plan des services mobiles».

Le Matin : Pourquoi un Soft Centre ?
Jamal Benhamou : la déconnexion entre l’entreprise et l’Université est l’un des maux majeurs dont souffre la R&D au Maroc. Et ce, par manque d’interface de mise en relation et de dynamisation entre ces dernières. Afin d’optimiser cette connexion entre l’entreprise et l’université, dans le domaine de la R&D logicielle, le Soft Centre (Centre de R&D spécialisé dans le développement logiciel) a été créé en 2010, afin de permettre aux opérateurs du secteur de l’industrie des technologies de l’information de produire du logiciel innovant à moindre coût. Mais tout aussi d’orienter l’état de l’art actuel de la recherche logicielle universitaire au Maroc, en lui permettant d’assurer une transition notoire d’une culture de publication vers une culture de brevet. Notre mission consiste à promouvoir et à développer au Maroc (en notre qualité d’interface entre l’Université et l’entreprise) une activité de recherche et développement orientée marché, dans le domaine des logiciels. Et ce, en apportant un panel de services d’appui à l’innovation en termes de support (Infrastructure technologique et services associés) aux acteurs internationaux et marocains du secteur des Technologies de l’Information.

Comment avez-vous progressivement construit un lien entre l’Université et l’entreprise ?
Depuis sa création, le Soft Centre n’a cessé d’œuvrer pour établir un «pont de l’innovation» entre le monde universitaire de la recherche dans le domaine du logiciel et le monde de l’entreprise privée et de l’entrepreneuriat au sein du secteur des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Ainsi, à ce jour, cette dynamique de l’innovation a pu être orchestrée, via l’entremise du Soft Centre, à la fois de par la conviction des donneurs d’ordres privés, mais tout aussi de par l’engagement des institutions universitaires de recherche.

Qu’en est-il de la représentativité des donneurs d’ordres qui font appel au Soft Centre ?
La provenance des projets de R&D contractés par le Soft Centre ne se veut pas être uniquement l’apanage des grands groupes, mais tout aussi de start-ups marocaines qui confirment, de par ce fait, leur capacité à porter des projets innovants sur le plan du segment logiciel. La provenance des projets d’origine nationale (80% du portefeuille des projets) confirme tout aussi l’engagement du secteur privé national des TI à faire appel aux compétences universitaires, via l’entremise du Soft Centre, pour initier des projets de R&D appliqués et innovants.

Sur quelles typologies de projets de R&D intervenez-vous ?
Depuis son démarrage en 2011, le Soft Centre a appuyé près de quatorze projets de R&D dans le domaine du logiciel, avec une tendance qui se confirme, à ce jour, sur le segment des projets d’applications mobiles. À ce jour, en termes de différenciation des projets, en fonction de leur provenance, les premiers retours d’expérience se confirment comme suit : un projet de R&D confié par un opérateur national se déroule sur une moyenne de 4 mois pour un budget moyen de 50 000 DH/HT tandis qu’un projet de R&D confié par un opérateur étranger se déroule sur une moyenne de 8 mois pour un budget moyen de 150 000 DH/HT.

Qu’en est-il de l’implication des universités et écoles d’ingénieurs marocaines à ce processus d’innovation au sein du Soft Centre ?
Depuis 2011, le Soft Centre a reçu près de 500 candidatures pour 44 postes ouverts (chercheurs, thésards et ingénieurs PFE), et ce, pour la réalisation de 14 projets de R&D appliqués dans le domaine du logiciel, nous ayant ainsi permis de travailler en collaboration avec plus d’une quinzaine d’Universités et d’Écoles d’ingénieurs marocaines : Ecole Hassania des Travaux publics, ENIM Rabat, ENSA Agadir, ENSA Marrakech, ENSA Oujda, ENSIAS Rabat, Faculté des sciences d’Oujda, Faculté des sciences de Fès, Faculté des sciences de Rabat, Faculté des sciences de Settat, INSEA Rabat, Technologia Fès, Université Ibn Tofail Kénitra, Université Mohammed V
Agdal-Rabat et Vinci Telecom Rabat. À date d’aujourd’hui, une implipcation homogène des différents types de partenaires académiques est assurée, de par la syndication en compétences en recherche logicielle appliquée (chercheurs, thésards et Ingénieurs PFE) à la fois au sein des ENSA, des Écoles d’ingénieurs, que des Universités et Facultés des sciences.

Quelle est la tendance du marché et quelles sont les attentes des entreprises pour lesquelles vous opérez ?
Sur le plan de la monétique, les demandes sont axées sur le développement de nouveaux services à forte valeur ajoutée. Sur le segment du progiciel, les attentes sont focalisées sur la progicialisation des développements spécifiques, sur des opérations de portage technologique d’un environnement vers un autre ainsi que sur le développement d’algorithmes de calcul spécifiques. Sur le plan du multimédia, les projets qui nous sont confiés reposent soit sur l’optimisation des principes directeurs de l’IHM (interface homme-machine), soit sur l’industrialisation des processus de développement en back-office. Enfin, sur le segment du mobile, nous intervenons principalement sur des opérations de portage de service en ligne vers un mode «application mobile» sur les canaux mobiles, ainsi que sur le développement de concepts novateurs sur le plan du marketing mobile. Les demandes relatives à la conception de projets dans le Cloud computing commencent à émerger tout aussi.

Quel est le bilan du positionnement du Soft Centre depuis sa création ?
Bien que la plupart des observateurs soient satisfaits des premiers résultats engendrés, nous estimons que le démarrage opérationnel des activités du Soft Centre a pris du temps de par la difficulté à mobiliser les entreprises IT nationales autour de ce projet novateur. Ce premier niveau de résultat a nécessité un véritable travail de fond et de forme, en termes d’approche du marché, pour drainer le maximum d’entreprises marocaines du secteur des technologies de l’information vers le Soft Centre. Nous expliquons ce retour d’expérience par l’existence de plusieurs facteurs. À la différence des donneurs d’ordres étrangers, qui produisent du progiciel et sont donc à même de pouvoir externaliser une partie de ce dernier dans le cadre de projets R&D, la plupart des entreprises marocaines ne produisent encore que du développement spécifique.


Ce dernier point se trouve donc être un facteur contraignant quant à la formalisation et à l’externalisation de projets R&D auprès du Soft Centre. Pour ce qui relève des start-ups, ces dernières ont des propositions de sujets très intéressantes. Mais elles ne disposent pas du budget nécessaire à la réalisation des projets en question par le Soft Centre, quand bien même la valorisation de ces projets reste faible. Et ce, d’autant plus que leurs projets ne sont pas «prévendus» pour en assurer un débouché commercial tangible. C’est pour répondre à cette dernière problématique que nous avons créé et mis en œuvre un Skill Center (centre de services partagés) au sein du Soft Centre. Concept qui a été décliné, en premier lieu, sur le segment des applications mobiles.

Quelle est votre force de proposition pour développer le processus d’innovation
logiciel au Maroc ?
En deçà de la réalisation de projets de R&D logiciels pour le compte de tiers, nous avons initié début 2012 le lancement d’un centre de services partagés, au sein du Soft Centre, afin d’assurer une dynamisation beaucoup plus proactive de la R&D logicielle au Maroc. Et ce, principalement pour les domaines relatifs à la mobilité (Applications mobiles) ; ce processus devant permettre d’accompagner l’émergence d’une industrie nationale TIC sur ce domaine. Ce processus collaboratif, syndiquant à la fois la demande utilisatrice, l’offre technologique, ainsi que les compétences universitaires via l’entremise du Soft Centre, permet à nos clients nationaux, que sont les opérateurs IT, d’assurer un débouché commercial aux projets de R&D qu’ils confient, à cet effet, au Soft Centre. C’est en ce sens où pour l’exercice 2012, le Soft Centre a entamé le développement de son centre de services partagés : le Skill Center for Mobile Applications. L’objectif de ce centre de services, communément appelé Skill Center, consiste dans une première étape, à accompagner les donneurs d’ordres utilisateurs des TIC (la demande), sur des sujets d’ordre stratégique, dans le cadre de la formalisation de leurs besoins, via l’établissement de cahiers des charges fonctionnels et techniques, l’expertise étant assurée, sur ce point, par les ressources permanentes du Soft Centre.

Dans une seconde étape, il s’agit d’identifier les opérateurs IT marocains (l’offre technologique) susceptibles de pourvoir transformer ces ambitions technologiques en réalités logicielles. Et, de ce fait, assurer une syndication de l’offre nationale, via des opérations de sensibilisation à l’égard de ces derniers, et leur permettre ainsi de préparer leur positionnement sur ces projets. Dans une troisième étape, établir ce point de liaison entre l’offre et la demande, dans une logique de préférence nationale, à l’image d’un Small Business Act, et ce, via l’émission, par les commanditaires, d’appels d’offres sur les sujets en question auprès des opérateurs TIC marocains. Dans une quatrième étape, accompagner, sur le plan des développements technologiques, les prestataires retenus, via l’intégration de ressources universitaires (syndiquées via le Soft Centre), pour assurer la délivrabilité des projets retenus. In fine, cela nous amène, conformément à la mission du Soft Centre, à mobiliser des ressources du monde de l’enseignement (élèves ingénieurs, doctorants, enseignants-chercheurs), via notre entremise, pour travailler sur des sujets identifiés par des entreprises IT (l’offre) souhaitant développer des solutions innovantes pour des besoins ayant des applications pratiques telles qu’exprimées via les appels d’offres émis par les donneurs d’ordres (la demande). Sur le plan opérationnel, ce centre de services permet ainsi de mettre à disposition des ressources mutualisées (infrastructures partagées, données d’intérêt commun, expertise technologique, networking) au profit des opérateurs marocains du secteur des TI, dans le but de favoriser l’essor du tissu des TPE et PME sur le segment des applications mobiles (un des quatre domaines d’activité du Soft Centre).À ce jour, la résultante a été constructive sur de nombreux points. En effet, il y a adhésion de nombreux donneurs d’ordres au sein de cette chaîne de valeur comme le CIH, le RCAR, le ministère de la Modernisation des services publics, l’ANRT, la CNSS, Wafa Assurance, la Bourse de Casablanca, le ministère de l’Équipement et du transport, la Primature et bien d’autres pour ne citer que ceux-là. Il y a aussi implication d’opérateurs TIC marocains opérant dans le segment des applications mobiles, quant à la réalisation de projets d’applications mobiles, via leur candidature aux appels d’offres initiés en ce sens par ces donneurs d’ordres.

À citer aussi la participation du Soft Centre à la réalisation de ces projets, via la mise à disposition d’équipes de recherche universitaires intervenant sur les spécificités logicielles innovantes sur chacun de ces projets. Cette approche collaborative tripartite a ainsi permis de transformer des ambitions technologiques en réalités économiques. Le Soft Centre ayant ainsi joué son rôle de coordinateur et de cluster de compétences universitaires sur le plan des services mobiles.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets de R&D logicielles qui ont abouti sur le plan de l’innovation ?
Depuis le démarrage opérationnel de notre centre de recherche, en date du 1er janvier 2011, ce sont à ce jour quatorze projets de R&D, dans le domaine du logiciel, qui ont été initiés, via la contribution d’universités et d’écoles d’ingénieurs marocaines : Ecole Hassania des Travaux publics, ENIM Rabat, ENSA Agadir, ENSA Marrakech, ENSA Oujda, ENSIAS Rabat, Faculté des sciences d’Oujda, Faculté des sciences de Fès, Faculté des sciences de Rabat, Faculté des sciences de Settat, INSEA Rabat, Technologia Fès,
Université Ibn Tofail Kénitra, Université Mohammed V Agdal-Rabat et Vinci Telecom Rabat.

Ce pont de l’innovation, établi entre le monde de la recherche universitaire et celui de l’entreprise, a vu l’émergence d’un processus de travail collaboratif syndiquant trois chefs de projets R&D, trois ingénieurs étude et développement logiciel, trois chercheurs, trois doctorants/thésards et trente-deux ingénieurs PFE. Et ce, en tandem avec les équipes de recherche du Soft Centre composées de chefs de projets R&D et d’ingénieurs experts logiciels sur les quatre thématiques d’excellence que sont le multimédia, la monétique, le progiciel et les services mobiles. Soit la fédération d’une équipe de recherche de près de 44 collaborateurs.


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