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«L’installation de Renault à Tanger est une très bonne nouvelle pour la France comme pour le Maroc»

Jean-Paul Bachy, également président de la commission des affaires internationales de l’Association des régions de France, a indiqué que l’installation de Renault à Tanger va créer des emplois au Maroc et conforter la position du constructeur français sur les marchés maghrébin et africain. Entretien.

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Le Matin : On connait les termes du débat actuel en France où beaucoup de voix exigent l’arrêt des délocalisations pour plusieurs raisons, dont la sauvegarde des emplois. Il reste que le problème est plus complexe et que les critiques entendues lors de l’inauguration de l’usine Renault ont été mal vécues au Maroc. Quel est votre ressenti sur cette question ?
Jean-Paul Bachy : Il est normal que les pays européens, y compris la France, protègent leur marché intérieur. Si demain les constructeurs français réimportaient sur notre territoire des véhicules fabriqués à l’étranger avec un avantage concurrentiel discriminant, lié aux coûts de la main-d’œuvre, il serait logique de les taxer. Le « dumping social » n’a jamais fait progresser la compétition industrielle ni la condition ouvrière. Mais l’installation de Renault à Tanger est une très bonne nouvelle pour la France comme pour le Maroc. Car cela va créer des emplois au Maroc et conforter la position du constructeur français sur les marchés maghrébin et africain. Nul ne s’en plaindra. Qu’aurait-on dit si le Maroc avait donné la préférence à telle ou telle marque étrangère ?


Du côté du Maroc, il s’agissait davantage d’un partenariat plus qu’une délocalisation, dans la mesure où le Maroc par le biais de la Caisse de dépôt et de gestion, du Fonds Hassan II, des banques marocaines a financé en grande partie le projet. Comment faire entendre cette idée de partenariat qui préserve en amont les emplois en France, la rentabilité du projet pour une entreprise française en termes de proximité des marchés et de « hinterland » des fournisseurs ?
Un partenariat intelligent serait de développer des sous-traitances permettant à des PME françaises et marocaines de travailler ensemble. Ce qui est vrai pour l’automobile peut l’être aussi dans bien d’autres secteurs : BTP, logistique, équipement des collectivités locales, énergies renouvelables, agriculture…

Dans un cadre de mondialisation, n’assiste-t-on pas à une régulation des échanges internationaux et à une redistribution des facteurs de production ?
Il est vrai que nous sommes aujourd’hui en présence d’une nouvelle division internationale du travail qui profite aux pays émergents dont le Maroc fait partie. Mais on ne peut que s’en réjouir. Si l’on veut réduire l’immigration vers les pays du Nord, il faut créer des emplois pour les jeunes générations dans les pays du Sud. C’est vrai au Maroc comme dans le reste du Maghreb ou de l’Afrique. Mais cela doit reposer sur des coopérations gagnant/gagnant.


Cette coopération gagnant/gagnant, c’était précisément l’ambition de l’Union pour la Méditerranée qui, il faut le constater, est restée une coquille vide ?
L’Union pour la Méditerranée est un projet stratégique. Mais en s’appuyant en Égypte sur une dictature corrompue qui s’est écroulée sous la pression populaire, on n’a pas choisi le bon allié. L’ouverture vers la Méditerranée est un élément majeur du rééquilibrage de l’Europe vers le Sud. De part et d’autre de la Méditerranée, la pratique de la langue française comme les liens d’amitié sont anciens. Ces liens doivent s’appuyer demain sur une coopération économique et technologique beaucoup plus active.

L’arrivée d’une nouvelle majorité gouvernementale au Maroc a suscitée des inquiétudes en France.
Pourquoi ?
La tradition républicaine française est basée sur la séparation des Eglises et de l’Etat ainsi que sur le respect du pluralisme des pratiques religieuses. L’Allemagne est gouvernée par le CDU qui est un gouvernement confessionnel. L’église anglicane est la religion officielle au Royaume-Uni. Cela n’empêche pas la France d’avoir de bonnes relations avec ces deux pays. Le peuple marocain a fait son choix. Il faut le respecter. Le temps des guerres de religion est dépassé. Mais personne ne peut empêcher, en France, les forces de progrès d’être attachées comme dans d’autres pays, aux droits de l’individu, à l’égalité hommes/femmes et à la laïcité de l’enseignement.

La coopération entre votre région Champagne-Ardenne et celle de l’Oriental s’inscrit dans la coopération décentralisée. C’est l’une des plus anciennes des coopérations lancées depuis 1986. A-t-elle atteint sa vitesse de croisière ?
La coopération entre la Champagne-Ardenne et l’Oriental a valeur d’exemple. Il faut encore progresser. Au moment où le Maroc met en œuvre une nouvelle Constitution basée sur la décentralisation, le travail que peuvent mener ensemble régions françaises et marocaines est prioritaire. Il s’agit de le conforter. C’est l’objet de l’accord passé entre l’Association des régions de France et l’Association des régions marocaines. C’est aussi l’objet du Fonds de coopération décentralisée français/marocain qui vient d’être mis sur pieds. Cette coopération touche tous les domaines : acteurs culturels, formation professionnelle, développement local, agriculture, petites et moyennes industries, politiques énergétiques…Dans les deux pays, nous avons tout à y gagner.


Association des régions de France

L’Association des régions de France (ARF) est une force de proposition pour l’ensemble des régions auprès du gouvernement, du Parlement et de tous les réseaux de dimension nationale susceptibles de travailler en partenariat avec les régions. Elle fait connaitre au gouvernement la position des conseils régionaux sur les politiques publiques et les textes qui concernent les compétences et les activités des régions. Elle entretient des relations étroites avec les parlementaires afin que l’avis des régions soit pris en compte dans les travaux législatifs.
L’ARF représente et promeut aussi les régions et leurs actions auprès des institutions européennes (Commission européenne, Parlement européen, Comité des régions…).

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