Le Matin : Quels sont les critères de sélection pour les artistes invités à Mawazine ?
Mahmoud Lemseffer : Les artistes que nous invitons sont scannés sur un modèle précis et exigeant. Notre évaluation se base donc sur ce qu’ils ont fait durant l’année (s’ils ont sorti un nouvel album), la nouveauté et l’actualité dans leur carrière d’artiste. On tient également compte de leur performance, leur capacité d’animation sur scène. Nous choisissons le meilleur dans la scène musicale orientale.
Pouvez-vous nous donner des chiffres relatifs aux cachets perçus par les stars qui seront présentes cette année ? Une estimation ?
D’abord, je tiens à dire que nous sommes frappés par une clause de confidentialité qui nous empêche de donner des chiffres. Cependant, je voudrais quand même dire qu’il s’agit d’un marché où le Festival Mawazine met tout son poids. Et vous pouvez être assuré qu’à Mawazine, c’est le plus bas cachet au Maroc. Et ce, en dehors du fait que tous les droits de diffusion des spectacles à la télévision sont gratuits puisqu’ils sont cédés par les artistes participants. Ce qui est un point très important. Mawazine figure aussi parmi les festivals les moins chers dans le monde en termes de cachets accordés aux artistes participants.
Comment se passent les négociations avec les artistes que vous invitez ?
C’est un marché où il faut négocier par rapport à l’artiste. Si une star vaut 50 millions d’euros et qu’on lui propose de venir à 5 millions d’euros, c’est une bonne chose qu’elle accepte. Et il est clair qu’on ne peut pas dire que tel artiste vaut tant. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération. Parfois, nous avons des demandes de directeurs d’artistes qui nous appellent pour participer et il faut saisir l’occasion. On ne peut quantifier, c’est plusieurs critères, des circonstances qui font qu’on peut avoir des artistes, des stars à des prix exceptionnels.
Est-ce que votre budget a un seuil que vous ne pouvez pas dépasser pour faire venir un artiste ?
Non. On agit dans le professionnalisme pur et dur. Nous sommes une équipe dans laquelle chacun est responsable de ses actes. On agit pour le bien de ce festival. On travaille en groupe, on se concerte entre nous dans la confiance la plus totale. Donc voilà, nous essayons de faire un travail complémentaire en gérant l’ensemble du budget dont dispose le Festival Mawazine qui n’est plus un festival de Rabat, mais celui du Maroc…
Y a-t-il un quota au niveau de la programmation pour les différents genres de musique (marocaine/orientale) ?
Je suis fière de dire que la programmation consacrée à la musique marocaine représente 50 %. C’est un festival international avec une très forte participation marocaine, ce qui est très beau. Nous avons 2 millions de personnes sur toutes les scènes, chaque jour. Et les statistiques sont claires là-dessus puisque toutes les scènes sont pleines, à parts égales. Ceci montre bien que la culture marocaine est riche et variée. La culture n’a pas de frontières, il faut juste savoir la dose.
Est-ce qu’il y a des stars qui sont invitées pour répondre à une demande du public ?
Oui bien sûr. Nous avons des fans qui nous envoient des messages pas uniquement du Maroc, mais également d’autres pays comme Égypte. Alors, oui, nous essayons de faire plaisir à tout le monde autant que cela puisse se faire.
Quels sont les obstacles rencontrés durant la préparation du festival ?
En fait, la préparation de ce festival se fait tout au long de l’année. Et même, juste après l’édition courante, le temps de ramasser les débris. Pour cette année, la ville de Rabat ne participe malheureusement pas au festival vu que toutes les collaborations étatiques ont été supprimées. Ce qui à mon sens, est vraiment triste. Surtout qu’à l’étranger, on voit des maires de villes qui se déplacent pour soutenir des manifestations culturelles de cet ordre. Il va, sans dire, que le Festival « Mawazine rythme du monde » est une vitrine aussi bien pour le Maroc que pour la ville de Rabat…
Des regrets par rapport à des artistes qui ne se sont jamais produits à Mawazine ou au contraire, dont vous avez regretté la participation ?
Je pense que tous les artistes qui ont participé et qui participent apportent quelques choses au festival. C’est sûr, qu’il existe des incontournables de la chanson arabe et orientale qu’on n’a pas encore eu l’occasion de voir se produire sur les scènes du festival comme Fayrouz. Nous espérons pouvoir réaliser cela dans les éditions à venir. En attendant, on remercie tous les acteurs et collaborateurs-artistes et autres qui font la réussite de ce festival culturel et on croise les doigts pour la suite…
