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«Des pans entiers de l’histoire, plus ou moins occultée jusqu’à présent, sont réhabilités par le livre»

L’Institut royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc a présenté, récemment, son nouvel ouvrage «Histoire du Maroc : réactualisation et synthèse sur l’histoire globale du Maroc». Mohamed Kably, directeur du projet, nous a accordé un entretien pour éclaircir plusieurs points en rapport avec cette publication.

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Le Matin : Vous avez en projet toute une liste d’ouvrages à réaliser par l’IRRHM. Pourquoi avoir commencé par «Histoire du Maroc : réactualisation et synthèse» ?
Mohamed Kably : Signalons d’abord que certains de ces ouvrages sont actuellement en cours d’impression et que d’autres sont sur le point de l’être. Une telle proximité dans le temps témoigne, par conséquent, de leur intime solidarité avec l’ouvrage consacré à la réactualisation de l’histoire du Maroc. De fait, c’est de l’élaboration de cette synthèse que tout découle. Car une synthèse, quelle qu’elle soit, présuppose la réalisation préalable – ou parallèle – d’une série d’analyses destinées à l’éclairage, çà et là, de différents aspects collatéraux. Dans le cas qui nous concerne, c’est de ce type d’opérations qu’allaient émerger successivement un projet portant sur la chronologie de l’histoire du Maroc, un autre sur l’histoire immédiate, un troisième sur le Maroc au XXe siècle, etc.

Sur quels critères fut sélectionnée l’équipe ayant collaboré à l’écriture de ce livre ?
Plusieurs, notamment la compétence additionnée à l’aptitude au dialogue, à la pratique du travail collégial, à l’ouverture et, enfin, aux méthodes d’investigation interdisciplinaire.

Quelle méthode avez-vous préconisée pour cerner tous les points du sujet ?
La méthode, s’agissant d’histoire, ne pouvait être qu’historique. Or, il se trouve que cette  méthode est aujourd’hui adaptable à différentes approches et essaye, suivant le volet investi, d’épouser les spécificités méthodologiques attachées à la saisie des problèmes économiques tout aussi bien qu’à l’appréhension du social, à l’étude des questions d’urbanisme ou à l’identification des problèmes afférents à la civilisation matérielle par exemple. D’où d’ailleurs la difficulté d’aller plus loin et de décrire tant de détails en deux mots.

Vous parlez de zones d’ombres dans l’histoire du Maroc. Quels volets ont-elles affectés ? Et qui étaient derrière ces erreurs historiques ?
D’un certain point de vue, cette question rejoint, quant au fond, la précédente. Néanmoins, à propos de zones d’ombre, il convient de rappeler que le travail d’historien repose sur des traces ou, si l’on veut, sur des témoignages. De ces témoignages dépend, évidemment, tout éclairage du passé. Or, ce qu’on constate, à propos du passé proche aussi bien que du passé lointain,c’est que cet élément, par rapport au Maroc, peut faire défaut, que sa défaillance se manifeste, le plus souvent, en période de crise, engendrant ainsi, au niveau du savoir, des lacunes ou des zones d’ombre plus ou moins spectaculaires. Attribuable à des réflexes à caractère idéologique ou culturel et même parfois aux aléas, le phénomène pourrait résulter également de la volonté humaine, à l’occasion de faits inavoués et qu’on suppose inavouables, soit par exemple à propos de trahison, de complot ourdi contre le maître ou le système, d’accords tenus secrets, de comportements frisant la trahison…  

Aviez-vous les outils nécessaires pour les éclaircir ?
Tout dépend de ce qu’on veut investir. D’une manière globale, on dira que face à une lacune, on pourra recourir, suivant l’époque et le contexte, soit à l’archéologie, soit à l’archive, soit alors aux écrits non officiels, lesquels pourraient inclure, entre autres, tout aussi bien des «fatwas» juridiques que des confessions de foi ou des traités de médecine ou encore des relations de voyage, des biographies de saints ou des dictionnaires biographiques plus variés.  

Que peut apporter cet ouvrage de plus sur l’histoire du Maroc ?
Pour avoir une idée de l’apport en question, le mieux serait de lire et de comparer avec les travaux déjà en usage sur l’histoire du Maroc. On peut, également, attendre qu’une évaluation paisible de ce texte, émanant d’historiens professionnels,  voie le jour. D’ici là, on se bornera à signaler qu’il s’agit, dans ledit texte, d’une lecture réalisée de l’intérieur, que cette lecture a été échafaudée à partir d’investigations académiques remontant parfois à l’époque du Protectorat, mais aussi en tenant compte de travaux sectoriels réalisés depuis l’Indépendance, par des chercheurs marocains.
On pourrait souligner, par ailleurs, qu’une telle lecture s’appuie sur une périodisation partiellement inédite, qu’elle tente, notamment par ce moyen, de dégager les continuités essentielles et les moments de rupture. On ajoutera enfin que des pans entiers de l’histoire plus ou moins occultée jusqu’à présent se trouvent réhabilités par cette nouvelle entreprise.

Pensez-vous vulgariser cette histoire réactualisée du Maroc dans les cursus de notre enseignement ?
Au niveau du cursus académique en général, il serait souhaitable que l’on s’attache, non pas à vulgariser au sens courant du mot, mais plutôt à intégrer sinon le contenu, du moins les voies d’approche adoptées par cet ouvrage.

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