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«Ce qui m’intéresse dans mes films c’est surtout la condition humaine»

«Zéro», le troisième long métrage de Nour-Eddine Lakhmari, a été projeté en compétition officielle lors du 12e Festival international du film de Marrakech. Une rencontre avec le réalisateur nous éclaire plus sur le sujet du film, le choix du titre et des acteurs.

«Ce qui m’intéresse dans mes films c’est  surtout la condition humaine»
Nour-Eddine Lakhmari.

Le Matin : Avez-vous une idée des critères de choix des films pour la compétition officielle ?
Nour-Eddine Lakhmari : Le choix se fait à travers un comité de sélection auquel on envoie le DVD et on attend la réponse. On ne sait pas comment ça se passe. Mais, un film qui participe à la compétition officielle du FIFM de Marrakech doit le mériter. C’est le plus important.
Je préfère qu’il n’y ait pas de film marocain que de faire voir un navet.

Ce film «Zéro» est votre troisième long métrage qui va dans la continuité de «Casa Negra». Est-ce que c’est un choix délibéré et peut-on considérer que vouz avez de la suite dans les idées ?
C’est une continuité dans le genre de cinéma noir. Ce qui m’intéresse dans mes films, c’est surtout la condition humaine. C’est l’être humain que je place en premier. Il est l’axe principal autour duquel tourne toute l’histoire. Dans «Zéro», au-delà du métier de flic que j’ai abordé dans l’histoire, je voulais attaquer le côté humain de ces gens. Mon but est d’aller vers la réalité des choses, en rejetant tout ce qui est folklorique ou exotique. Quand je suis venu à Casablanca, j’ai constaté que c’est une ville extraordinaire qui peut être le creuset de plusieurs thématiques. Depuis mes débuts, j’ai commencé avec un film norvégien «Brève note» qui rassemble trois courts métrages sur, respectivement, la solitude, le silence et la sentence. Dans «Casa Negra», j’ai parlé de la solidarité, l’amitié et le rapport mère-fils. Dans «Zéro», c’est la rédemption de la personne qui est en question, c’est-à-dire comment la personne peut s’aimer elle-même et aimer les autres et comment Zéro est purifié grâce à l’amour d’une femme. C’est toujours la condition humaine qui est mise sur la table.

Pourquoi ce titre «Zéro» ?
On a tous grandi avec cette idée que nous ne savons rien faire. Dès notre enfance, on n’entend que les mots : «arrête de parler !», «tu dis des bêtises !», «tu n’es pas capable de faire ça !», entre autres. La personne devient complexée et commence à croire qu’elle n’est rien. L’ironie pour moi est que cette personne qui ne vaut rien pour les autres va devenir le héros du film et faire des choses extraordinaires. Ce héros qui a supporté beaucoup d’humiliation dans sa vie, de la part de son père, de son commissaire, dans la rue, dans sa vie passionnelle… va se sentir «zéro». C’est la répercussion de tout ce qu’il subit dans la vie, parce qu’il a été éduqué à ne recevoir que des critiques. Beaucoup de nos citoyens sont le résultat de tous ces complexes éducatifs. Ils deviennent négatifs pour la société, pour la famille et pour eux-mêmes. Alors que si la personne est épanouie dans sa vie, elle ne peut fédérer que de bonnes choses. Tout se joue dans la famille. C’est le message que j’ai voulu transmettre dans mon film.

Pensez-vous que ce message va être compris et pris en considération ?
Je ne pense pas que le rôle de l’artiste soit de guérir le mal. Mais, de créer un dialogue dans la société. C’est vrai que l’artiste possède une vision très sensible et peut chercher des détails que les autres ne voient pas.
Il peut toucher des détails que certains ne sont pas capables de discerner. Mais, de là à changer les mentalités et créer de bons citoyens, c’est le travail de plusieurs composantes de la société.

Qui sont, d’après vous, Les composantes les plus concernées ?
C’est la famille en premier lieu. L’important n’est pas de penser à la place de nos enfants, mais de leur apprendre à penser et avoir un esprit de réflexion. Le système éducatif peut aussi jouer un rôle très important dans ce sens.
Il faut que la télévision marocaine soit présente, également, ainsi que le cinéma marocain. Celui-ci peut remplacer le rôle de la lecture, car l’image à un impact important sur la réflexion de la personne. Tout ceci peut donner des personnes fortes et épanouies. Si vous remarquez dans la société, on humilie les gens qui acceptent d’être humiliés. C’est comme la liberté, c’est à toi de l’acquérir.

Vous cherchez toujours de nouveaux visages pour vos premiers rôles. Quelle en est la raison ?
Je trouve que ces nouveaux acteurs ont beaucoup d’énergie. Ils sont encore bruts et on peut les façonner comme on veut. Avec les nouveaux, je crée une nouvelle ambiance et un nouveau monde avec ma propre vision. Mais, n’empêche que j’aime aussi certains de nos comédiens qui sont vraiment à la hauteur.

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