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L’urbanisation au détriment de l’agriculture

Le contournement de la loi 12.90, relative à l’urbanisme par des mesures de dérogation, favorise la destruction des sols fertiles. D’après le ministère de l’Agriculture, la superficie annuellement « grignotée » par les différentes formes d’urbanisation est estimée à 4.000 hectares.

L’urbanisation au détriment de l’agriculture
l’extension de la ville de Sidi Slimane se fait au détriment des meilleures fermes du pays.

Au moment où certains pays (États du Golfe, Chine, Libye, Inde, Corée du Sud, etc.), se lancent dans l’achat des terres agricoles notamment en Afrique, pour sécuriser la production alimentaire de leurs populations, au Maroc l’urbanisation non rationnelle est en train de détruire le patrimoine agricole productif national. « Actuellement au Maroc, les terres agricoles sont menacées par la pression urbanistique, pourtant la loi 12.90, relative à l’urbanisme, préconise le principe de la préservation des terres agricoles à haute productivité de l’urbanisation et des usages autres qu’agricoles. Dans les principales villes et centres urbains du pays, la poussée démographique et l’exode rural ont contribué à l’extension des superficies habitables par l’urbanisation. Ce dernier phénomène se fait au détriment des terres cultivées “bour” (non irrigué) ou irriguée dans les différentes régions », a indiqué Ahmed Bouaziz, enseignant-chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II à Rabat.
Dans le Gharb, région réputée pour ses terres productives, des hectares sont en train d’être rasés par l’urbanisation. À Sidi Slimane, par exemple, l’extension de la ville se fait au détriment des meilleures fermes du pays.

Par ailleurs, le long de l’axe Casablanca-Kénitra, ce sont presque toutes les fermes situées entre Bouknadel et Salé et qui ravitaillaient dans un proche passé les villes en produits maraichers (tomates, carottes, pommes de terre, etc.) qui ont disparu. D’après le ministère de l’Agriculture, la superficie annuellement «grignotée» par les différentes formes d’urbanisation est estimée à 4.000 ha. La dilapidation des terres agricoles aura des conséquences graves. La pression démographique nationale est appelée à s’accroître, alors que le Maroc ne possède que peu de sols fertiles.

Dispositif juridique contourné

Selon les statistiques disponibles, le foncier agricole national représente 12% (8,7 millions de ha) seulement de la superficie totale du Maroc (71 millions de ha). Parmi ces 12% cultivables, quelque 13% seulement sont mises en valeur en irrigué, le reste (soit 87% du potentiel) est exploité en «bour» (non irrigué) et qui est soumis à une dégradation par l’érosion hydrique ou éolienne, l’ensablement, la salinisation et d’autres phénomènes de désertification. Dans ce débat destiné à la sauvegarde des terres agricoles, des responsables proches de ce dossier, indiquent que les plans d’aménagement et les le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU), prennent en compte les terres agricoles.

Mais dans la réalité, tout ce dispositif juridique est contourné par les mesures de dérogation qui sont devenues la règle. Face à cette situation, des informations circulent qu’au ministère de l’Agriculture, une prise de conscience est en train de se faire : des dispositions importantes paraît-il sont en train d’être mises en place pour analyser la situation et engager la réflexion sur de nouvelles dispositions de protection de ces terres agricoles avec les différents départements ministériels. Comme nous l’avons bien signalé au début, la destruction des terres agricoles est devenue une préoccupation mondiale. En France, la «Confédération paysanne», appelle à la mobilisation, le 17 avril prochain, pour dénoncer le gaspillage Foncier agricole. Le 17 avril 1996, dix-neuf paysans du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) étaient assassinés par des tueurs à la solde de grands propriétaires terriens. En mémoire de cette tuerie, les membres de Via Campesina (première Organisation mondiale de paysans), ont déclaré le 17 avril Journée mondiale des luttes paysannes.

Aux dépens des terres de bonnes qualité

L’extension non maîtrisée des villes se fait aux dépens des terres agricoles de bonne qualité. En 2004, selon le ministère de l’Agriculture, sur 63 projets d’extension urbaine autour des villes qui avaient prévu 65.518 ha, 36.264 ha de terres agricoles (dont une bonne partie est équipée pour l’irrigation dans les zones d’action des Offices régionaux de la mise en valeur du Tadla, de la Moulouya et du Gharb) et de forêts ont été incluses comme «espace urbanisable».
D’après le ministère de l’Agriculture, la superficie annuellement « grignotée » par les différentes formes d’urbanisation est estimée à 4.000 ha. Les opérations immobilières représentent 45,75%, l’industrie et l’équipement 25% et le tourisme 12,5%.

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