«Mon approche est toujours la même s’inscrivant dans une recherche continue sur le trait, la ligne, l’esquisse, c’est-à-dire une mise en valeur de la charpente qui supporte la peinture, en donnant plus d’importance à la structure sous-jacente de toute œuvre. Il y a, également, un travail à la fois sur les traits, les lignes et la perspective», souligne Mohamed Rachidi.
Le trait, ce premier geste de tout acte créatif, est réhabilité comme objet esthétique en lui-même. Simples et libres sur les toiles de l’artiste, ces traits bruts de plusieurs dimensions, s’enchevêtrent, se chevauchent, se neutralisent ou se séparent dans un mouvement infini. Ils emprisonnent ou libèrent des surfaces de peinture ou de matière. Cette matière que l’artiste «modèle et remodèle jusqu’à obtenir une géographie quasi corporelle de la toile» selon les propos du critique d’art Farid Zahi.
Une démarche à laquelle l’artiste est resté fidèle depuis ses premiers pas dans l’univers pictural, tout en la développant et la faisant évoluer progressivement.
«J’ai essayé tout au long de mon parcours d’approfondir cette recherche, de l’enrichir et d’y ajouter d’autres motifs, de nouvelles structures, de nouveaux apports qui peuvent être culturels, ethnologiques, ethnographiques… avec l’introduction de nouveaux supports. Avant, je travaillais uniquement sur la toile. Au fur et à mesure, j’ai introduit le bois et le papier, car je trouve que l’objectif de la recherche doit correspondre à la matière utilisée. Donc, pour moi le rendu avec du bois et du papier donne mieux qu’avec la toile. Je peux même vous dire que je suis en train d’abandonner la toile. Ma nouvelle technique dans la peinture devient, aussi, une sorte d’impression. C’est-à-dire, au lieu de dessiner ou de peindre, j’imprime avec la main», explique l’artiste Rachidi qui s’est passionné pour la peinture depuis qu’il était tout jeune.
Sa volonté d’exaucer son rêve de devenir peintre l’a motivé à apprendre les secrets de cet art auprès de grands noms de la peinture. Ce qui lui a permis de se lancer dans l’univers des Arts plastiques avec des bagages aussi solides et une ambition grandissante. Mais, toujours avec ce souci de trouver où exposer ses œuvres.
Un problème que rencontrent tous nos artistes peintres. Et pour cause, les objectifs et aspirations de ces espaces qui diffèrent suivant les statuts de chacun.
«Par exemple les galeries institutionnelles sont abordables pour tout artiste. Il suffit qu’il dépose son dossier et qu’il attende son tour. Ces galeries ont cette volonté de promouvoir l’artiste marocain. Par contre, les espaces privés optent plutôt pour un côté commercial et visent des artistes “vendables”. Ce sont des entreprises qui ne veulent pas prendre de risques. Pour remédier à ce problème, il faut créer des galeries privées promotionnelles qui peuvent suivre un talent et le mettre en valeur. Surtout que notre marché de l’art progresse d’année en année. Il est assez florissant depuis plus d’une décennie avec un intérêt croissant de notre public», précise Mohamed Rachidi.
