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A la découverte d’une Méditerranée sans frontières

● Après une 1re édition réussie avec quelque 50 000 visiteurs, le festival international de la photographie méditerranéenne (PhotoMed) aura lieu du 24 mai au 17 juin prochain.
● La 2e édition rend hommage au photographe italien Massimo Vitali. Le Maroc sera le pays hôte.

A la découverte d’une Méditerranée sans frontières
PhotoMed donne la parole à l’expression photographique marocaine.

Avec à l’affiche de nombreuses expositions consacrées à des précurseurs de l’art photographique comme Jaques Henri Lartigue, Joel Meyerowitz ou encore Bernard Faucon, PhotoMed a choisi pour sa 2e édition de donner la parole à l’expression photographique marocaine. Notamment à travers Daoud Aoulad Syad, figure emblématique de la photographie au Maroc, qui traduit en image «la poétique d’un espace urbain qui prend toute son ampleur dans sa fascinante série de portraits réalisés sur place», indique Mouna Mekouar, commissaire des expositions sur la photographie marocaine.

D’autres artistes se nourrissent de leur histoire personnelle pour observer la société marocaine, en croisant dans un geste fort, leur parcours individuel d’autres univers artistiques. C’est le cas de Hassan Hajjaj qui puise sa vitalité dans son enfance passée à Larache et dans l’effervescence artistique londonienne.

Et ce, afin d’«exploiter avec dérision et humour les effets de contresens véhiculés dans la société marocaine», indique M. Mekouar. A l’inverse, si Mehdi Chafiq scrute les histoires individuelles sur fond d’histoire collective, Yasmine Laraqui compose des images faussement banales pour traduire le combat intérieur d’une jeunesse désabusée. Quant à Hamza Halloubi, ces images de mur, ouvertes sur l’absence de couleur, sont comme des vues de l’esprit. «Ces petites vanités architecturales nous rappellent l’urgence de «sur-vivre»», explique M. Mekouar. Ainsi, face à ces questions soulevées qui conjuguent liberté personnelle et conscience sociale, d’autres artistes traitent des tensions entre espaces urbains et périphéries.

Comme Khalil Nemmaoui qui évoque en filigrane les changements survenus à la périphérie des villes en dressant des portraits d’arbres isolés et magnifiés, témoins privilégiés d’une campagne meurtrie par l’expansion de la ville, l’industrialisation et l’exode rural. Face à ces arbres, Laila Hida oppose de majestueuses structures industrielles. Fascinante et inquiétantes, ces images qui transforment de vastes complexes industriels en sculptures monumentales engagent une réflexion sur le rôle et la place de ce patrimoine sur le territoire marocain.

Quant à Leila Sadel, elle transforme Rabat en un territoire éclaté, pluriel et fragmenté «en exploitant un corpus d’images hétéroclite et composite», souligne M. Mekouar. D’une grande portée métaphorique, toute cette production traduit, en image, les questionnements propres à chacun des photographes. Elle est peut-être aussi un portrait, à la fois fidèle et surprenant, d’une société en mutation, actuellement dominée par des contradictions et des sentiments ambivalents. Entre espoir/désespoir, mélancolie/légèreté, rêve/réalité, la photographie marocaine se découvre au grand jour.


Questions à : Mouna Mekouar, commissaire des expositions

«Cette sélection met en balance le proche et le lointain»

Que pouvez-vous nous dire sur la participation du Maroc au festival de la photographie méditerranéenne ?
Cette sélection se présente comme un voyage qui met en balance le proche et le lointain, le privé et le public, l’intime et l’étranger. Ainsi, plus de 8 photographes ont été invités : Daoud Aoulad Syad, Mehdi Chafiq, Hassan Hajjaj, Hamza Halloubi, Laila Hida, Yasmine Laraqui, Khalil Nemmaoui et Leila Sadel. Tous témoignent, dans leur production, de la vitalité et de la créativité d’une photographie dont les résonnances locales n’en rejoignent pas moins les grands thèmes et préoccupations d’aujourd’hui. Partagée entre rêve et réalité, espoir et désillusion, cette sélection est comme «un fabuleux miroir qu’on promène le long d’une grande route».

Comment s’est fait le choix des photographes participants? Quels étaient les critères de sélection ?
La sélection offre un aperçu de l’état de la création au Maroc dans ses développements les plus récents. Elle associe de jeunes photographes à ceux appartenant à des générations plus anciennes. Elle regroupe par ailleurs les photographes résidents au Maroc avec ceux qui partagent leur vie entre deux pays, deux continents. De leurs incessants allers-retours entre ici et là-bas, de leur voyage intérieur, de leurs rêves de l’ailleurs, les artistes adressent des questions décisives sur les notions de mobilité et de mouvement, de proximité et d’éloignement. Ils le font avec leur langage et leur singularité.

En tant que commissaire d’exposition, quel message voulez-vous faire passer à travers cet événement ?
Le travail des photographes sélectionnés pose des questions décisives sur les problématiques de regards et d’échanges entre les deux rives de la Méditerranée. Ils démontrent, tous, d’une manière ou d’une autre, que ces deux mondes se constituent l’un par l’autre, voire l’un dans l’autre. Cette réflexion autour d’un monde d’une «intense proximité» est une formidable illustration de la place que la création artistique doit désormais occuper dans la redéfinition d’une société nouvelle en Méditerranée.

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