Devant un parterre de responsables gouvernementaux, d’experts de différentes disciplines et de représentants de la société civile, réunis par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, a d’emblée rappelé que le continent africain, appelé à devenir l’un des centres de gravité de l’économie mondiale de demain, gagnera à adopter la vision de développement préconisée par cet indice. La nouvelle démarche du progrès social par le bien-être des populations a vocation de dépasser le caractère sectoriel des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et leur faible interaction pour les intégrer dans une vision globale et s’ouvrir sur un nouveau modèle de développement, a-t-il relevé citant les conclusions de la conférence africaine sur cette thématique, organisée en avril dernier à Rabat conjointement par le HCP, l’OCDE, la Banque africaine de développement et la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU.
Avec une croissance moyenne de 6%, le continent participe déjà au basculement géostratégique que connaissent actuellement les sources de la croissance mondiale, a rappelé M. Lahlimi notant que le moteur de la croissance dans plusieurs pays africains reste néanmoins localisé dans quelques secteurs d’exportation agro-industriel et minière encore faiblement intégrés au reste de l’économie.
En Afrique, qui enregistre le taux de croissance démographique le plus élevé du monde, le Produit intérieur brut (PIB) par habitant tend à devenir le plus faible de toutes les régions du monde et en termes d’inégalités sociales le continent se place en deuxième position après l’Amérique du Sud.
Dans ces conditions, beaucoup de pays africains n’auraient pas réalisé les OMD à l’échéance de 2015, a-t-il affirmé avant de se demander si le temps n’est pas venu pour l’Afrique de s’interroger sur l’origine de tels niveaux de contre-performance des politiques publiques en matière de développement humain. Le poids du passif historique, les contraintes de la mondialisation, les conjonctures ou encore les effets des changements climatiques ou des contextes sécuritaires pour réelles qu’elles soient ne peuvent dispenser les politiques publiques d’être interpellées sur ces contre-performances, relève-t-il.
Et M. Lahlimi d’affirmer que leur persistance et la situation prospective que laissent prévoir leurs projections légitiment par delà l’efficacité de ces politiques, la remise en question de la pertinence du modèle de développement lui-même dans lequel elles s’inscrivent.
Les plans nationaux, sous-régionaux et régionaux ou encore le cadre stratégique du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (le NEPAD) continuent, cependant, à s’inscrire, en général, dans une démarche où le progrès social est subordonné à la réalisation de taux de croissance élevés et ses performances évaluées le plus souvent à l’aune des taux de réalisation des OMD. C’est ainsi que la nouvelle approche du progrès social par le bien-être des populations a vocation, selon les experts africains ayant pris part à la conférence de Rabat, de s’ouvrir sur un nouveau modèle de développement.
