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L’avortement clandestin au centre des débats

Souhaitant rouvrir le débat au sujet de l’avortement au Maroc, l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) tiendra son 2e Congrès national, demain, à Rabat.

L’avortement clandestin au centre des débats
L’objectif de ce 2e Congrès est de réunir tous les acteurs concernés, notamment les décideurs politiques, afin d’élaborer une proposition de loi.

L’avortement clandestin constitue une cause majeure de la mortalité maternelle. En effet, le nombre de grossesses non désirées est évalué à des centaines par jour au Maroc. Leurs circonstances et les causes sont diverses : échec ou absence de la contraception, viol, inceste, filles mineures, femmes âgées de plus de 45 ans, pathologies psychiatriques, malformations fœtales, situations sociales dramatiques et grossesses mettant en jeu la santé, voire la vie de la mère…

Afin de trouver une solution à ce problème qui interpelle et les professionnels de la santé et les acteurs sociaux, l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) organise son 2e Congrès national, demain mardi, à Rabat sous le patronage du ministre de la Santé Houssine El Ouardi. «Aujourd’hui, dans un Maroc en pleine mutation, la législation sur l’avortement demeure en inadéquation avec les réalités sociales, et la question de l’avortement clandestin est plus que jamais d’actualité, nécessitant cette fois un véritable engagement politique pour le changement. Ainsi, l’objectif de ce 2e Congrès est de réunir tous les acteurs concernés, notamment les décideurs politiques, afin d’élaborer une proposition de loi», souligne Chafiq Chraibi, président de l’AMLAC.

En effet, la loi marocaine actuelle interdit de manière stricte l’avortement, excepté dans le cas où la santé et/ou la vie de la mère seraient en danger. Les peines prévues en cas d’avortement sont bien dissuasives, car lourdes et comportant même des sanctions privatives de liberté. L’article 449 du Code pénal punit de
1 à 5 ans de prison et d’une amende de 200 à 500 DH toute personne ayant provoqué, ou tenté de provoquer, un avortement avec ou sans l’accord de l’intéressée. La peine est portée à 20 ans de réclusion en cas de décès et est doublée si l’avorteur est récidiviste.

L’article 454 punit de 6 mois à 2 ans toute femme s’étant livrée à l’avortement sur elle-même. Enfin, l’article 455 punit de 2 mois à 2 ans les complices d’un avortement, notamment les intermédiaires ou les vendeurs de produits abortifs. «Avec une telle loi, nous perdons beaucoup de vies et nous condamnons beaucoup de femmes, ce qui n’est pas juste. Il s’agit d’un problème très grave, qui se pose au Maroc où le taux de mortalité infantile reste élevé par rapport aux autres États arabes. Nous devons donc réduire le nombre d’avortements en sensibilisant les femmes, en autorisant ces actes et en faisant en sorte qu’ils soient pratiqués dans de bonnes conditions d’hygiène. Le législateur doit préciser que l’avortement n’est pas puni quand la santé physique, psychique et sociale de la femme est menacée», affirme Chafiq Chraibi. Et d’ajouter : «Il faut savoir que dans certains cas, un avortement permet d’éviter plusieurs déviances sociales, comme le suicide, la prostitution, la précarité, l’infanticide ou la vente du nourrisson en entier ou de certains de ses organes seulement…».

En octobre 2011, le dossier de l’avortement au Maroc avait connu un tournant important après la déclaration inattendue de Nouzha Skalli qui était ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité à l’époque, où elle s’est prononcée en faveur d’une légalisation de l’avortement dans les cas extrêmes, notamment le viol, l’inceste ou les malformations profondes du fœtus. Cependant, l’actuelle ministre du Développement social, de la femme, de la famille et de la solidarité ne partage pas le même avis, puisqu’elle a déclaré à maintes reprises que l’avortement est prohibé, car il prive le fœtus de son droit à la vie.

La ministre avait même mis en évidence l’organisation d’un référendum populaire pour trancher dans ce dossier puisqu’une légalisation de l’avortement s’avère «dangereuse».
Pour le président de l’AMLAC, l’avortement est une question médicale, de santé publique, qui n’a pas lieu d’être soumise à référendum. «Ce sont les médecins spécialistes qui doivent décider et non la population. À ce propos, le chef du gouvernement pourrait, par exemple, mettre en place une structure regroupant spécialistes, hommes de religion et de science, en plus de représentants de la société civile, afin de connaître de chaque cas qui se présenterait à eux», souligne-t-il. Le 2e Congrès de l’AMLAC saura-t-il éviter ce drame social et briser le tabou ? Affaire à suivre !

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