Celui-ci passe alors d’une échelle de 1-10 à 1-100. Avant l’IPC utilisait le classement de chaque pays dans chacune des autres sources, celui de 2012 utilise les données brutes et les convertit pour les adapter à l’échelle de l’IPC.
Cette nouvelle approche rendra mieux compte de l’évolution dans le futur, mais n’autorise pas la comparaison des résultats 2011 avec 2012», souligne Azzeddine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc. En effet, avec ce changement de méthodologie, ce n’est qu’en 2013 qu’il sera possible de refléter les changements au fil du temps pour chaque pays. Mais même s’il n’est pas possible de se comparer aux années précédentes, les résultats de l’IPC 2012 confirment que le Maroc n’a enregistré que peu d’amélioration en matière de lutte contre la corruption.
En se classant à la 88e place sur 176 pays avec un score de 37/100, le Maroc semble stagner.
Concernant son classement par rapport aux pays arabes, le Maroc occupe le 10e rang sur 18 pays, devancé par certains pays comme le Qatar et les Émirats arabes unis qui sont classés 27es avec un score de 68/100, la Tunisie au 75e rang avec un résultat de 41/100 et mieux classés que d’autres pays comme l’Algérie qui se positionne à la 105e place avec un score de 34/100 et le Soudan qui occupe la 173e place avec un score de 13/100. Le Maroc se situe au milieu de l’échantillon du monde arabe, selon Transparency Maroc. Ce résultat prouve que le Maroc, malgré tous les efforts qui sont fournis, a encore du chemin à faire pour éradiquer la corruption. «L’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) s’est attaquée à un travail en profondeur, son rôle est dans la prévention et la prévention ne donne des résultats qu’à moyen et long terme et tant qu’il n’y aura pas de stratégie claire du gouvernement en la matière, c’est-à-dire des objectifs, des moyens et des responsabilités clairement affichés, on ne pourra pas mesurer les progrès ou la régression de la corruption», indique Abdesslam Aboudrar, président de l’ICPC (voir lematin.ma). Et d’ajouter : «Pour ce qui est de l’indice de perception de la corruption, il faut rappeler que c’est un indice de perception et non de mesure.
Le résultat de cette année est ambivalent, puisque la note est meilleure que celle de l’année précédente, 37 au lieu de 34, et que le classement est moins bon parce que la base de classement change».
Par ailleurs, une nouvelle loi élargissant les prérogatives de l’ICPC en matière de lutte contre ce fléau et de consécration de la culture d’intégrité devra voir le jour l’année prochaine. L’Instance souhaite également bénéficier de l’expertise qui lui permettra de mener des investigations, de soumettre l’opération de recherche d’indices et de preuves à un délai bien déterminé et de fournir toutes les garanties de protection nécessaires aux victimes, témoins et dénonciateurs.
Au niveau mondial, plus des deux tiers des pays classés ont un score inférieur à 50/100 et seulement une quinzaine de pays peuvent se targuer d’avoir quasiment éradiqué la corruption publique. Celle-ci semble donc être consubstantielle à l’activité étatique. Concernant le classement, la Nouvelle-Zélande la Finlande et le Danemark arrivent en tête avec un score de 90/100.
La Somalie, la Corée du Nord et l’Afghanistan sont classés derniers avec un résultat de 8/100.
questions à : Azzeddine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc
«Le Maroc fait toujours partie des pays où la corruption continue de sévir»
Que pensez du résultat de l’indice de perception de la corruption pour
cette année ?
Ce qui est important pour cette année c’est de souligner qu’il s’agit d’un nouvel indice de perception de la corruption actualisé, basé sur une méthodologie qui permet de donner de meilleurs résultats et d’éliminer l’interdépendance entre les pays. Mais comme la méthodologie a changé, on ne peut pas comparer les résultats de l’année 2011 avec ceux de cette année. Ce n’est qu’à partir de 2013 qu’on peut commencer à faire des comparaisons. Par ailleurs, le Maroc s’est classé cette année à la 88e place parmi 176 pays avec un score de 37/100, ce qui veut dire qu’il fait partie des pays où la corruption continue de sévir. Il est également important de signaler que nous partageons l’échantillon du monde arabe. Nous sommes positionnés au milieu. Il y a des pays qui sont mieux classés que le Maroc comme le Qatar, les Émirats arabes unis… et d’autres qui sont moins bien que le Maroc. Ce résultat nous pousse à nous interroger sur le fond du problème qui persiste malgré tous les efforts et les discours qui se font.
Justement, à votre avis où réside le problème ?
Je crois que nous ne nous dotons pas les mécanismes qu’il faut pour lutter efficacement contre la corruption. Il y a par exemple des responsabilités institutionnelles très importantes, mais qui ne sont pas redevables.
Quelles sont donc les mesures qu’il faut prendre pour lutter efficacement contre la corruption ?
Il faut formuler une stratégie nationale. Il y a aussi plusieurs mesures techniques que l’on peut prendre comme l’activation des rôles de la justice et de l’inspection générale de l’administration territoriale. Il faut également prendre des mesures juridiques et institutionnelles pour encourager les organisations de la société civile et du secteur privé dans leur rôle de forces de propositions et d’alerte.
