Connexion
Quand on parle de troubles de sommeil, l’individu fait tout de suite référence à l’insomnie. Mais il n’y a pas que l’insomnie. À l’occasion de la Journée nationale du sommeil en ce dimanche 18 mars, l’Association marocaine du sommeil et de la vigilance a tenu à faire le point sur l’amalgame. «On ne retient pas uniquement la pathologie sur la durée du sommeil qui renvoie à l’insomnie, mais surtout sur la qualité du sommeil», explique Dr Fouzia Kadiri, chef du service ORL de L’hôpital Mohamed V de Casablanca, spécialiste du sommeil et des maladies du sommeil. «Il y a des gens qui font leur nuit et qui ont quand même du mal à se réveiller : migraine, somnolence, trouble de la vigilance.
Ce qui est encore plus dangereux puisque ça peut passer inaperçu», continue la même source. En effet, quand l’insomniaque connait sa maladie puisqu’elle se manifeste clairement, l’individu atteint de troubles de sommeil sans en avoir conscience s’en rend compte après un accident de la route ou un souci au travail. Le manque chronique de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité ont des conséquences néfastes sur la vie active : manque d’attention, troubles de l’humeur, troubles de concentration, diminution de la libido, problèmes socioprofessionnels, fatigue chronique et plus grave encore la somnolence diurne excessive pouvant entraîner un accident du travail ou un accident de la route. (10 000 accidents par an aux USA sont dus à des endormissements au volant. La somnolence diurne excessive est la première cause d’accident des autoroutes en France). Par ailleurs, les troubles du sommeil constituent un risque important d’apparition des pathologies du système cardio-vasculaire telles que l’hypertension artérielle, les troubles du rythme cardiaque, l’inflammation des parois vasculaires. Ils constituent également un risque d’apparition de troubles métaboliques comme la résistance à la leptine entraînant l’obésité et l’insulino-résistance causant le diabète. Pour les sujets qui présentent déjà une pathologie cardio-vasculaire ou métabolique, l’apparition d’un trouble du sommeil va compliquer leur pathologie. «Le sommeil est un besoin physiologique qui représente plus d’un tiers de notre vie.
Il est régulé par une Horloge biologique interne. Le sommeil joue un rôle capital dans le processus de récupération physique et psychique de l’organisme. Il est déterminant pour la croissance de l’être humain et sa maturation cérébrale», confie la spécialiste. Ainsi, les besoins en sommeil diffèrent d’une personne à une autre et d’un âge à un autre. Quand 80% de la population a besoin de 8 h de sommeil, 13% aurait besoin de plus alors que 7% pourrait se contenter de 6 h. C’est ainsi que la vigilance est d’autant plus importante. «Au Maroc, les traitements médicamenteux ne sont pas encore d’actualité et nous œuvrons énormément pour mettre à disposition des patients des médicaments adaptés à leur pathologie», explique la spécialiste du sommeil. En outre, «l’amélioration de
l’hygiène comportementale vis-à-vis du sommeil est un élément important». Ainsi, des mesures préventives simples avec une éducation adaptée dès le plus jeune âge peuvent limiter les conséquences décrites ci-dessus. Il s’agit d’un véritable enjeu en matière de santé publique : éduquer les parents et les enfants sur la nécessité d’une bonne qualité et quantité de sommeil, parce que le sommeil, c’est la santé…
Avis du spécialiste : Fouzia Kadiri, chef du Service ORL de L’hôpital Mohamed V de Casablanca.
«Pour 75 ans de vie, on aura dormi 25 ans»
Quelles sont les causes des troubles du sommeil ?
Il existe plusieurs causes. Tout d’abord, il peut s’agir de causes psychiatriques représentant 40% des troubles du sommeil. En général, ces causes sont : la dépression, l’anxiété, le stress et les troubles de la personnalité. Ils entraînent très souvent une insomnie: difficultés d’endormissements, réveils nocturnes, réveils précoces, sommeils non récupérateurs…Les causes peuvent être organiques à la suite des douleurs aigües quelque soit leur origine. Les causes peuvent être liées aux pathologies du sommeil comme les problèmes respiratoires : l’apnée du sommeil et les syndromes «des jambes sans repos» qui se manifestent par des sensations désagréables au niveau des jambes. Ou à travers d’autres causes multiples telles insomnies ou hypersomnies dont le début remonte à l’enfance...
Existent-ils d’autres recommandations pour le respect du sommeil ?
Oui, c’est l’hygiène du sommeil. Ce sont des règles à suivre comme se coucher et se réveiller à des heures régulières, éviter d’avoir la télévision dans la chambre à coucher, éviter les films de violence, d’horreur et de grandes émotions en fin de soirée, éviter de travailler trop tard, le soir, sur l’ordinateur, assurer un environnement calme), réduire très fortement les excitants en particulier à partir de 16 h, améliorer, si nécessaire, sa literie, ne pas considérer le sommeil comme une perte de temps.
Quels sont les signes qui doivent attirer notre attention et nous inciter à consulter notre médecin traitant ?
Les signes sont nombreux et dépendent du trouble du sommeil. Ce sont : des difficultés à vous endormir, des réveils fréquents pendant la nuit, une fatigue chronique malgré des nuits complètes de sommeil, l’inquiétude de votre entourage parce que vous ronflez très fort et vous vous arrêtez de respirer, des sensations d’étouffement qui vous réveillent la nuit, des réveils fréquents dans la nuit pour uriner (sans cause médicale), vous avez envie de dormir pendant la journée et vous avez du mal à rester actif ou bien vous avez des sensations désagréables dans les jambes avant de dormir.
