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Entre caprice et apprentissage de la vie

À un certain âge, beaucoup d’enfants développent une grande passion pour les animaux de compagnie. Les parents, quant à eux, ne savent pas comment agir, pris entre le désir de faire plaisir à leur enfant et les désagréments que la venue d’un animal engendre. Éclairage et explications d’une pédopsychiatre.

Entre caprice et apprentissage de la vie
L’impact de l’adoption d’un animal dépend du sens que l’enfant lui donne.

Entre les enfants et les animaux, c’est une grande histoire d’amour. « Les jeunes enfants se sentent très proches des animaux domestiques. Ils trouvent en eux des complices toujours présents et disponibles avec qui partager leurs aventures », explique Houda Hjiej, pédopsychiatre (voir les explications). La thérapeute explique cet attachement par une certaine complicité entre l’enfant et l’animal : « Un autre point commun qui peut expliquer cette complicité est le fait que les animaux sont des êtres vivants qui n’ont pas d’aptitude langagière. Pour un enfant qui accède au langage, avec les difficultés que cela sous-entend, cette complicité peut avoir un effet dédramatisant et apaisant. Et comme les enfants, les animaux font des bêtises et se font gronder, sans que cela soit dramatique ou traumatisant ».

Cependant, il n’est toujours pas facile pour les parents d’accepter que leurs enfants adoptent un animal. «Ma fille veut un chat. Cela fait plusieurs années qu’elle en demande un, mais cette fois elle est bien déterminée à obtenir gain de cause. Certes, j’ai envie de lui faire plaisir, mais je sais qu’un chat entraînera un certain nombre de désagréments : le nourrir, le soigner, le faire garder pendant les vacances...J’avoue que je ne sais pas quoi faire», témoigne Fatiha, une jeune maman casablancaise. Tout comme Fatiha, certains parents songent automatiquement aux charges supplémentaires qu’engendre la venue d’un animal, à la malpropreté des lieux, à l’envahissement de leur espace intime… Ils ont beau l’expliquer à leur enfant qui fait la sourde oreille, trépigne d’impatience à la vue d’un animal. Face à ce genre de comportement, beaucoup de parents cèdent à la demande de leur chérubin, mais avant de franchir le pas, ils doivent se poser certaines questions.Tout d’abord, il faut s’assurer qu’il ne s’agit pas là d’un simple caprice ou tout simplement pour faire comme les autres enfants.

Si l’enfant est plutôt solitaire et qu’il a besoin d’un confident, d’un compagnon pour s’épanouir, avoir un animal de compagnie pourra lui être bénéfique assure Houda Hjiej : « L’impact de l’adoption d’un animal dépend du sens que l’enfant donne à cette adoption et ce qu’il y recherche. C’est pour cela qu’avant de prendre cette décision, il est important de prendre le temps de comprendre ce que l’enfant en attend. Et parce que chaque adoption est différente en fonction justement des objectifs attendus par l’enfant. L’effet va à chaque fois varier et donc peut être soit bénéfique soit délétère pour l’enfant ».

Le dur apprentissage de la vie

Par ailleurs, pour un enfant qui a besoin de câlins, qui manque de confiance en lui-même, adopter un animal aura l’avantage de l’aider à s’épanouir, à se confier à son nouvel ami à poils. Cela pourrait aussi lui faire prendre conscience des responsabilités et il apprendra à s’en occuper, un peu comme s’il était son bébé.

En effet, l’animal que ce soit un chat, un chien ou un hamster sera plus qu’une simple bête de compagnie pour l’enfant. Il lui fera comprendre bien des choses à travers sa croissance, sa maladie, sa vieillesse et sa mort. La responsabilité d’un autre être vivant lui permettra de faire le dur apprentissage de la vie.

Toutefois, avant l’acquisition de l’animal, il importe aussi de responsabiliser l’enfant en lui assurant qu’on lui fait confiance et qu’on s’attend à ce qu’il fasse montre de responsabilité. Il faut lui expliquer qu’un animal n’est pas une peluche et que celui qu’il choisira l’accompagnera au quotidien et il devra le rendre heureux. Les parents peuvent responsabiliser leur enfant en lui demandant s’il sera en mesure de se charger d’entretenir son animal de compagnie, de le nourrir, de le sortir à chaque fois qu’il en a besoin, changer son bol d’eau...


Avis du spécialiste Houda Hjiej, pédopsychiatre : «Ce besoin est à prendre au sérieux»

Quand adopter un animal domestique devient presque une obsession pour l’enfant et comment les parents doivent-ils réagir ?
L’adoption d’un animal est une décision qui concerne toute la famille. Pour cela, il est important qu’elle soit prise par les parents en impliquant l’enfant. Dans le cas où le désir d’adoption devient «une obsession» pour l’enfant, la situation est similaire à celle où l’enfant voit un jouet dans un magasin et exige que ses parents le lui achètent. Si les parents n’arrivent pas à trouver un compromis, cette obsession est alors révélatrice d’un dysfonctionnement dans la relation parents/enfants, et incite à poser plus d’une question sur le sens de cet attachement démesuré qui obsède l’enfant.
Le besoin ou le désir d’adoption chez l’enfant est à prendre au sérieux, ce n’est pas obligatoirement un caprice, mais comme tout désir d’enfant, il doit pouvoir s’inscrire dans les projets de toute la famille puisque tout le monde est impliqué.


À quel âge l’enfant peut-il adopter un animal ?
Cela dépend de quel volet de l’adoption il est question. Pour l’adoption affective, l’enfant peut très tôt adopter affectivement un animal. Mais qui dit adoption, dit attachement, mais aussi possibilité de séparation. Adopter c’est être responsable et donc avoir soi-même une certaine autonomie. Quand les enfants ne le sont pas encore, c’est plus les parents qui adoptent, mais cela n’empêche pas que l’enfant puisse s’y attacher et l’adopter sentimentalement.

Faut-il limiter cet attachement ?
Il est habituel qu’au début de l’adoption, l’enfant passe une période où sa relation avec l’animal prend beaucoup de place. Cependant, si cette relation devient exclusive, retentissant sur ses autres centres d’intérêt et l’excluant de tout autre type relationnel ; à ce moment les adultes entourant l’enfant doivent s’inquiéter de savoir pourquoi est-ce que l’enfant a-t-il eu besoin de s’attacher avec cette intensité à l’animal. Cela a toujours un sens.


Les précautions à prendre

Les maladies que l’animal risque de transmettre à l’enfant ne sont pas à prendre à la légère. Il faut veiller tout spécialement à l’hygiène des nouveaux animaux de compagnie que les enfants adorent, mais qui peuvent se révéler de vrais “agents contaminateurs”. Premièrement, il faut apprendre à son bambin à se laver les mains à chaque fois qu’il les aura approchés, car ils peuvent être porteurs de teignes. Elle est souvent et facilement transmise aux enfants par les rongeurs dont le pelage est «colonisé» par ce champignon. Cette maladie provoque des démangeaisons et des lésions rougeâtres sur les mains, les bras, etc. Ces animaux peuvent également être porteurs de la yersiniose, une infection bactérienne qui entraîne une inflammation des ganglions du système digestif, dont les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de l’appendicite. Il faut également faire attention aux allergies: plumes, poils et salive sont, en effet, susceptibles de transporter diverses substances allergisantes.

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