Parler de ce sujet en réunions scientifiques de haut niveau fait souvent sourire malicieusement les gens. Au Centre antipoison du Maroc (CAPM), nous la considérons comme une pathologie orpheline, voire négligée, à l’origine d’inquiétudes réelles de la population, de décès d’enfants jusque-là en bonne santé et de désarroi des professionnels exerçant dans les régions à forte morbidité et mortalité scorpionique.
Conscient de l’importance et de la gravité des piqûres et des envenimations scorpioniques (PES) et afin d’accomplir au mieux sa mission, le CAPM s’est engagé depuis 1990, à mettre le point sur cette pathologie. Les résultats, basés sur des études rétrospectives et prospectives, ont permis la détermination des indicateurs de morbidité et de mortalité, l’estimation des conséquences socio-économiques et l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte, objet d’une circulaire ministérielle adressée à toutes les délégations du ministère de la Santé.
râce à la stratégie nationale de lutte contre les PES, l’année 2011 a connu une nette diminution des décès passant de 75 en 2010 à 45 en espérant faire mieux cette année. Cependant, le centre enregistre chaque année des milliers de piqûres de scorpions qui occupent, en effet, la la première place dans l’ensemble des intoxications (+30%) et dans la plupart des cas, presque 70% les piqûres de scorpion surviennent à domicile. Heureusement, les décès sont minoritaires. On note 4 décès pour 1000 piqûres. Par ailleurs, des données épidémiologiques actuelles montrent que le scorpion se trouve dans plusieurs régions marocaines, mais ne présente de danger que dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Chaouia-Ourdigha, Doukkala-Abda, Fès-Boulmane, Souss-Massa-Draâ et Tadla-Azilal. Dans d’autres régions, les scorpions sont rares et ne sont pas dangereux. En effet, l’envenimation ne survient que si la quantité du venin injectée est suffisante par rapport au poids de la personne piquée c’est ainsi que l’enfant est la principale victime. Lorsqu’il s’agit d’une piqûre simple sans envenimation (Classe I), la victime ne présente que des signes locaux (douleur, rougeur, petit œdème). Lorsqu’il s’agit d’une envenimation (Classe II et/ou classe III), des signes généraux (douleur abdominale, fièvre, vomissement, sueurs, etc.) ou des signes de détresse cardio-vasculaire, respiratoire ou neurologique sont de mise.
Les premiers gestes à adopter en cas de piqûres de scorpions consistent à enlever le scorpion des habits, chaussures, literie… et de le tuer, ensuite retirer le piqué du lieu de la piqûre, noter la taille, la couleur du scorpion ainsi que l’horaire de la piqûre, calmer le piqué et son entourage, éviter les moyens thérapeutiques traditionnels, évacuer immédiatement le piqué vers la formation sanitaire la plus proche surtout les enfants et enfin collaborer avec le corps soignant.
