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Pour que les enfants et les jeunes puissent grandir sainement et s’épanouir, ils ont besoin de se divertir. En effet, les centres de loisirs et d’activités ont un rôle primordial à jouer dans l’éducation de nos enfants. Ils sont également un moyen de détente et un passe-temps bénéfique qui les aident à développer plusieurs capacités. Cependant, les jeunes Marocains n’en profitent presque pas. Une récente enquête du haut commissariat au plan HCP révèle de tristes réalités sur les activités de loisirs des jeunes. 87,6% des jeunes ne pratiquent aucune activité artistique (musique, danse, théâtre…) et 75,5% n’assistent jamais à ce type d’activité. Côté sports, 55,5% des jeunes ne pratiquent pas de sport. Pour les activités manuelles ou artistiques, les chiffres sont encore plus désolants. Seuls 2,7% des jeunes pratiquent régulièrement ce type d’activité. Le seul loisir des jeunes Marocains reste la télé et la radio.
On ne peut que s’attendre à ce genre de résultat lorsqu’on voit le manque flagrant en centres d’activités et de loisirs pour les enfants et les jeunes. Ces derniers n’ont presque aucun endroit pour se divertir et avoir des moments de loisir adaptés au mode de vie actuel. Les maisons des jeunes, par exemple, qui sont des structures associatives, éducatives et culturelles, et qui devraient jouer un rôle important dans l’encadrement et l’épanouissement des jeunes en les aidant à s’intégrer plus facilement dans la vie sociale et active, se distinguent par leurs infrastructures inadéquates. «Les maisons de jeunes sont des structures indispensables aux enfants et aux jeunes dont ils aident à forger personnalité, en leur donnant les moyens de s’exprimer, de développer leurs connaissances et leurs talents. Hélas, ce n’est plus le cas de nos jours», lance Mohamed, 48 ans, cadre dans une compagnie d’assurances et père de deux garçons. «Je me souviens avec nostalgie du temps où j’étais enfant. Ces maisons de jeunes étaient mon endroit favori. À chaque fois que j’avais un peu de temps libre, je m’y rendais avec mes amis. Nous y passions des moments agréables, ludiques et instructifs. Malheureusement, les responsables de ces maisons n’ont pas su suivre le mode de vie actuel des enfants et se développer. Afin d’attirer les jeunes comme autrefois, je crois qu’il faut revoir la programmation», poursuit-il.
En effet, la programmation des activités de ces maisons de jeunes ne prend pas en considération le changement des centres d’intérêts des jeunes d’aujourd’hui. Les animations proposées sont les mêmes depuis des années.
La situation des maisons des jeunes est restée statique. Elles n’assument plus le rôle qui leur est assigné tant au niveau de l’encadrement et de l’espace que des infrastructures. Résultat : ces centres de loisirs sont aujourd’hui boudés. «Personnellement, je n’apprécie pas la maison de jeunes de notre quartier. Je ne m’y rends que rarement. C’est un lieu qui n’est pas centré sur les préoccupations de la jeunesse. Je peux même aller jusqu’à dire que tout est ennuyeux et ringard, les activités proposées, l’infrastructure... En tant que jeunes Marocains nous avons besoin de nous exprimer et de pratiquer des hobbies dans un cadre bien meilleur», fustige Yassine, jeune lycéen de 16 ans. Malgré leur programmation et leur infrastructure inadaptées, ces maisons de jeunes restent la seule échappatoire pour plusieurs jeunes enfants issus de quartiers populaires et de milieux défavorisés, qui n’ont d’autre choix que d’accepter ce qu’on leur propose. Pour eux, c’est l’unique endroit où ils peuvent aller s’amuser et apprendre certaines activités comme le théâtre, la musique, les arts, les sports, la danse et le cinéma. «Beaucoup d’enfants viennent passer leur temps libre dans notre maison de jeune, surtout pendant les vacances. Tout au long de l’année, des activités culturelles, artistiques et sportives sont organisées au profit des jeunes. Nos portes restent ouvertes aux associations pour compléter nos activités», souligne Karima, encadrante dans une maison de jeunes à Casablanca. «Ce dimanche par exemple, l’association Al Houda pour l’éducation et la culture organise une petite fête pour les enfants avec de l’animation, magie, chant, chorégraphie, jeux, et d’autres surprises», ajoute-t-elle.
Certains parents, plus chanceux, peuvent grâce à leur travail emmener leurs enfants au club de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Ces clubs, qui sont généralement situés dans les périphéries des villes, offrent aux plus jeunes un espace de jeux et d’activités adaptés à différents âges. «J’ai de la chance de travailler dans une grande entreprise qui pense au bien-être de ses employés et qui a mis à leurs dispositions un club de famille. Mes trois enfants se réjouissent toujours à l’idée de passer le week-end dans ce club. Ils se sont fait beaucoup d’amis. Ils peuvent y pratiquer du sport et d’autres activités», se réjouit Hatim, 52 ans.
Outre les maisons de jeunes et les clubs d’entreprises, il existe des centres d’activités et de loisir qui proposent diverses activités culturelles et artistiques. Malheureusement, ces centres sont privés et ne sont pas à la portée de tout le monde. Par conséquent, plusieurs jeunes passent leur temps à errer dans les rues, dans les cafés ou encore dans les moquées. «Nous n’avons aucun endroit où nous défouler et où nous amuser. Nous passons la majorité de notre temps dans la rue et ce n’est pas de notre faute. Parfois quand on a de la chance, on réussit à trouver un petit boulot “bricole” pour gagner un peu d’argent de poche», confie Othmane, 22 ans.
