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L’humour revient à Marrakech

● Le temps d’un festival, les stars du rire investiront la ville ocre, pour la joie de se retrouver sur scène et surtout pour donner du plaisir au public.
● Inviter les humoristes nationaux et internationaux et permettre l’émergence de jeunes talents, tels sont les principaux objectifs de ce festival.

Mercredi après-midi. Dans la bâtisse imposante de l’Institut du Monde arabe à Paris, un mouvement inhabituel vient perturber le calme qui règne dans l’enceinte de ce haut lieu de la culture. Caméras, hommes des médias et artistes de différentes nationalités investissent le 6e étage. L’occasion : la conférence de presse de la deuxième édition du rendez-vous du rire le plus en vue du Maroc, Marrakech du Rire. Parmi les invités d’honneur, des noms connus du public et d’autres qui le sont moins. Néanmoins, ils ont tous un point commun. Ils sont humoristes et se produiront à la ville ocre le temps d’un festival qui aura lieu du 6 au 10 juin.

Dans la joie et la bonne humeur

En maître de cérémonie, le maestro Jamel Debbouz prend la parole pour présenter, avec son humour décapant, l’événement et répondre aux questions des journalistes. Sans jamais se départir de son sourire, il alterne humour et sérieux avec l’agilité et le sens de la répartie qu’on lui connaît et qui font toute sa réputation. Et c’est avec le bilan de l’année dernière que ce génie du rire ouvre le bal. «Sans modestie aucune, l’édition 2012 était à 100% réussie», lance-t-il avec un sourire malicieux. La conférence s’annonçait riche en gags et en humour. Sans prise de tête ni langue de bois, l’initiateur du Festival du Rire de Marrakech explique, alors, spontanément comment il a créé cet événement pour le plaisir de se retrouver sur scènes avec des artistes qu’il aime et d’autres qu’il voudrait présenter au grand public. «À force d’être mort de rire, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose tous ensemble, faire venir les talents français confirmés au public marocain, et permettre aux artistes locaux de s’exprimer en toute liberté devant une audience la plus large possible.

Et quand on a pensé au lieu, Marrakech nous est apparue comme une évidence» Cet amour pour les autres artistes, ces derniers le rendent bien puisqu’ils reviendront pour la plupart cette année. D’autres lui demandent même de se joindre à la programmation, comme Franc Dubosc qui refuse que la 2e édition se fasse sans lui ou encore le jeune Rachid Badouri qui était tellement honoré que Debbouz lui ait demandé de participer au festival qu’il refuse de dire qu’il a répondu à cette demande, mais qu’il a plutôt sauté sur l’occasion. «Quand Jamel m’a proposé de venir à Marrakech, la question pour moi était de savoir à quelle vitesse j’allais dire oui», ironise le jeune humoriste canadien d’origine marocaine dont le public découvrira les sketchs à Marrakech. «Je m’attends à passer une superbe soirée avec le public marocain. Il est vrai que l’humour est universel, mais notre métier est surtout culturel», renchérit Rachid Badouri qui se produira dans son pays pour «un accomplissement familial». C’est-à-dire pour faire plaisir à son père qui a toujours rêvé de le voir jouer au bled. Et ils sont légion, les jeunes qui, comme Rachid Badouri, monteront sur scène pour se faire connaître du public marocain. Il y a tout d’abord les jeunes humoristes du Comedy Club de Jamel Debbouz, qui est une véritable pépinière de jeunes talents, et tous les autres qui évoluent au Maroc et que le festival sortira de l’ombre.

De la halqa pour ouvrir le bal 

Hassan El Fad et sa troupe de troubadours annonceront la couleur de cet événement, avec au menu du grand spectacle. «Il y a 2 ans, j’avais créé un spectacle de halqa avec 16 artistes. Cette année, je vais reconduire le même spectacle avec d’autres formes autour. Je fais un travail de stylisation autour de l’art ancestral de la halqa. Le gros de mon entreprise est de structurer le travail de grands artistes qui ont appris cet art sur le terrain», souligne Hassan El Fad. Entouré de musiciens, de comédiens et d’acrobates «Hassan O R’baato» dévoileront au public une tradition populaire, à la fois patrimoine national et universel. Son objectif «amplifier l’aspect théâtral de la halqa sans lui enlever son originalité première». Au programme, également, de cette grande fête de l’humour et pour la première fois, des master class avec Oscar Sisto. L’objectif affiché de cet atelier est de faire prendre conscience aux jeunes comédiens de l’importance d’une bonne technique pour que le corps et la voix soient au service de l’imagination et de l’émotion.

Pour cela, qu’importe la langue dans laquelle les participants vont s’exprimer : «Ça ne me dérangerait pas que les élèves parlent l’arabe et que j’intervienne en français.
J’adore tellement le dialecte marocain», avoue Oscar Sisco. À l’issue des 3 master class, une représentation collective sera proposée au public. Jamel Debbouz a toujours dit : «C’est agréable d’être seul sur scène, mais vivre la scène à plusieurs apporte une stimulation encore plus étonnante». Cette citation n’a jamais été aussi d’actualité qu’avec Marrakech du Rire.
Au plaisir de partager cet amour de la scène s’ajoute celui de le faire en toute liberté et sans contrainte aucune. Aujourd’hui, contre la montée, éventuelle, d’une culture prétendument «propre» le maître de l’humour répond avec audace qu’il est «pour la culture sale et pour le sang impur» et qu’un artiste doit aller dans son sens à lui. 


Questions à : Jamel Debbouz, humoriste et initiateur du festival MDR

«Le festival m’a coûté quelque 2 millions d’euros et m’a rapporté 1 500 euros»

Est-ce que les humoristes seront libres de traiter les sujets qu’ils veulent ?
Parfaitement. Nous rions de tout. On s’autorise tout, bien entendu sans heurter les autres et sans être vulgaires ou méchants. L’année dernière, le public a su apprécier cette liberté de ton. C’était un public spécial. Il y avait une femme voilée avec, à côté d’elle son mari à qui il manquait 32 dents (rire). Et ils s’amusaient comme des fous.

Un mot sur le financement du festival...
Je voudrais tout d’abord remercier Sa Majesté de nous avoir accordé Son patronage et Sa confiance. Je suis très fier parce que cela signifie que le festival existe. De son côté, la chaîne M6 fait en sorte que MDR existe. Cela coûte le moins possible au Maroc. On n’est pas là pour prendre au Maroc, mais pour donner à ce pays. Comme le Maroc m’a beaucoup donné, j’essaie de partager, sans culpabiliser. J’aime donner du plaisir. C’est vital pour moi. La chaîne M6 nous permet de répondre à toutes nos exigences artistiques. Nous existons également grâce à tous nos autres partenaires.

Des chiffres ?
Le festival m’a coûté quelque 2 millions d’euros et à la fin j’ai fait un bénéfice de 1 500 euros. Je suis fier de ça. Quand les gens prétendent faire un festival, ils doivent faire attention à ce qu’ils disent et à ce qu’ils promettent. Il ne faut pas faire un festival et s’en aller. On frustre tout le monde. On ne crée pas un festival, il faut faire en sorte de créer une histoire. Je suis venue enfoncer un clou et laisser une trace. Le clou de «J’ha» (rire).

Qu’en est-il de la collaboration de MDR avec le Festival Awaln’Art ?
Awaln’Art est une force du festival. Cette année, il n’y aura pas de parade d’ouverture, on va tout concentrer sur la clôture. Je suis très fier d’être associé à ce festival et que Khalid Tamer nous fasse confiance pour cette deuxième édition. On va grandir avec eux et on va travailler à l’unisson pour un jour chatouiller le Carnaval de Rio et le Festival de Montréal. J’essaie de mettre ce festival en lumière. On lui laisse la place qu’il demande et on l’aide financièrement.

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