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«Comment construire une compétitivité partagée entre le Nord et le Sud ?»

Après des années de mondialisation effrénée et en ces temps où la crise économique pousse à des réflexes de dé-mondialisation, de repli sur soi et de défense du produit national, comment créer les conditions de synergie et d’alliance pour permettre un co-développement durable et solidaire ?
Je considère que le temps est venu de changer de paradigme. Certaines réalités sont arrivées à la limite de leur potentiel.

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En discutant avec mes confrères en Europe ou aux États-Unis, le constat est à peu près partagé : les exportations ne se portent pas au mieux, la consommation est en berne, l’investissement est timide et l’accès au financement de plus en plus difficile. Pas très loin de l’Europe, au sud et à l’est de la Méditerranée, de nombreux pays tentent d’allier réformes politiques et croissance économique. Ils ont pour profession de foi la volonté de prendre le train du développement, ils ont pour atouts leurs hommes et leurs femmes, leurs ressources naturelles, mais aussi des savoir-faire qui ne demandent qu’à être sollicités.

C’est à la lumière de ces éléments qu’il faut envisager un autre système, basé sur le partage de la chaîne de valeurs. Et les possibilités sont multiples : du Nord vers le Sud, ou du Sud vers le Nord et encore du Sud vers le Sud, l’essentiel étant d’éviter la dissymétrie et d’établir un équilibre bénéfique aux deux parties. On peut penser à envisager des ensembles industriels mixtes, des joint-ventures Nord-Sud, à optimiser les lieux de productions ou la chaîne de distribution ou à mieux répartir les portefeuilles. L’exemple des dragons asiatiques est là pour prouver l’efficacité et la réussite de cette démarche qui préserve les intérêts mutuels des uns et des autres. Il y a cependant des préalables à ce type d’actions, il s’agit pour les pays du Sud de faire évoluer leur cadre réglementaire et respecter un minimum d’infrastructures. Mais tout cela ne nécessite pas autant de ressources qu’il n’exige d’abord de la coopération, de l’échange et du savoir.

Il faut donc investir plus dans la formation et l’éducation pour renforcer le capital humain. Il convient aussi de développer les clusters et d’améliorer le climat des affaires. Il s’agit aussi et surtout de remettre la PME au centre de l’économie mondiale. Le monde est dominé par les grands groupes multinationaux, mais que seraient ces derniers sans ces chevilles ouvrières que sont les petites entreprises. À ces pays de devenir des partenaires crédibles et fiables et aux pays du Nord de donner des signaux forts en faisant bénéficier le Sud de leur expertise, en intégrant les dimensions sociales éthiques et de responsabilité économique et environnementale dans leurs relations avec le Sud. Je vois le Maroc comme une sorte de laboratoire de cette compétitivité à laquelle je crois. Notre pays a su engager et accélérer les réformes économiques et réglementaires qui le rapprochent des valeurs universelles présentes dans les pays dits développés. Nous avons un capital humain jeune, compétent, dynamique ouvert sur les langues.

Nous avons conclu de nombreux accords de libre-échange. Notre position géographique nous permet d’être une porte vers l’Afrique et la région MENA, un marché de près d’un milliard de personnes qui offre des potentialités énormes aux sociétés européennes, américaines et asiatiques en quête de débouchés pour leurs produits. Avec une large façade atlantique et méditerranéenne de plus de 3 500 km et des infrastructures modernes dans le portuaire, l’aérien, le ferroviaire, les prérequis pour se positionner comme interface pour le Sud, le Nord et l’Ouest sont là. En témoigne la zone de Tanger qui abrite l’un des plus grands ports logistiques d’Afrique et de multiples success-stories, parmi lesquelles l’usine Renault qui est un bel exemple de rentabilité partagée, de transfert de savoir-faire, de partenariat et de développement durable. C’est ce pragmatisme que nous voudrions voir émerger entre le Nord et le Sud. Les frontières sont souvent une notion caduque lorsque l’on parle d’affaires. L’important est d’œuvrer dans la complémentarité et le partage des richesses. Et c’est là le défi pour notre Communauté atlantique.

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