Menu
Search
Mardi 30 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 30 Décembre 2025
Menu
Search

La femme au cœur de l’alchimie de l’artiste

● Artiste au langage plastique singulier, Issami s’impose doucement, mais sûrement dans la sphère de l’art.
● Caractéristique constante de ses tableaux, la figure féminine renvoie à un monde de mystères que l’artiste révèle par bribes sans jamais tout avouer.

La femme au cœur de l’alchimie de l’artiste
Les dames qui peuplent les toiles de Issami ont une expression figée, n’ont pas de nez et ont le visage coupé en deux.

De plus en plus, on aperçoit les femmes de Issami dans divers lieux dédiés à l’art. Entendez par là les tableaux de l’artiste-peintre portant ce nom. Quant à «ses femmes», ce sont ces figures de différents formats et aux courbes variées qui peuplent ses œuvres. En effet, depuis quelques mois, les galeries de peinture et autres espaces d’exposition donnent à voir les œuvres typiques de ce jeune peintre, de 32 ans, dont le style est facilement reconnaissable. C’est que l’artiste Mohammed Mouden Issami acquiert de plus en plus de notoriété et séduit aussi bien amateurs d’art que galeristes. Son univers, tout en couleurs, et sa technique particulière ne laissent personne indifférent. Mais ce qui attire le plus chez le jeune peintre c’est l’omniprésence de la figure féminine dans ses toiles. Belle et mystérieuse, fantastique, mais équivoque, elle recèle bien de secrets que le peintre révèle par bribes sans jamais tout dévoiler.

La femme, cet être ambivalent

«Mon histoire avec les femmes est longue et compliquée, avec en filigrane, un grand secret. Ce qui est certain c’est que nos rapports sont gérés par une profusion de sentiments qui vont de l’amour au désamour», avoue Issami en toute spontanéité. On avait deviné juste. Il ya bien du mystère là-dedans. Il y a tout d’abord, cette histoire d’amour soldée par une déception et puis le désenchantement qui précipite la personne dans le désespoir. Surviennent, ensuite, des événements qui confortent cette méfiance envers la gent féminine. Dans un environnement où les femmes sont présentes en force, l’artiste passe d’un état d’âme à un autre. Le sexe faible ne lui fait pas que des cadeaux. Tendre et douce, la femme lui fait goûter les fruits de l’amour, cruelle et impitoyable, elle l’abandonne à son chagrin. Réconfortante et consolatrice, c’est également la femme qui va l’extirper des ténèbres de la déperdition et lui redonner goût à la vie. Professionnelle, raisonnable et réfléchie, elle est présente dans son environnement professionnel. De par sa formation de designer et de décorateur d’intérieur, il avait affaire plus aux femmes qu’aux hommes, qu’il s’agisse d’architectes avec lesquelles il travaillait ou de clientes.

Le salut par la femme

Toute cette proéminence féminine finit par avoir raison de son univers créatif. Après avoir, à ses débuts, exploré différents styles picturaux (abstrait, fauvisme, cubisme, orientalisme…) où prédominaient les couleurs sombres qui reflétaient son désarroi et le désordre qui caractérisaient sa vie, il se résout un jour à faire table rase de ce passé créatif pour repartir sur de nouvelles bases. Réconcilié avec lui-même, il se rendit compte que tout ce qu’il faisait n’était pas valable et que rien de ce qu’il peignait n’avait de sens. «Après une période d’errance spirituelle qui m’a conduit de Casablanca à Ouarzazate, à Marrakech puis à Tanger, il est arrivé un moment où je me suis dit qu’il fallait que je me ressaisisse. C’est alors que j’ai commencé à travailler sur les symboles abstraits. En 2008, je rentre à Casablanca et décide de passer mon baccalauréat libre. Une année après, quoiqu’ayant la confirmation à la dernière minute, j’obtiens mon diplôme avec une bonne moyenne.

Je peignais beaucoup en cette période parce que je me cherchais», raconte l’artiste. Dans ce lot, rien ne lui parait valable. C’est plutôt la composition de ces tableaux qui avait un sens à ses yeux. Et comme par hasard, ce sont les toiles où il y avait une présence féminine qu’il a préféré garder. Aujourd’hui, les dames qui peuplent les toiles de Issami ont une expression figée, n’ont pas de nez et ont le visage coupé en deux. Autant de caractéristiques qui disent l’ambivalence et l’impassibilité de la femme et qui traduisent ce rapport de méfiance qui le lie à elle. En revanche, ses tableaux gagnent en couleur et en gaité. «Grâce à toutes mes expériences, bonnes et mauvaises, je me sens aujourd’hui en harmonie avec moi-même», conclut Mohamed Issami. D’exposition en exposition, il développe son art et renouvelle sa démarche. Pour son exposition qui sera organisée en septembre à Marrakech, le peintre promet quelques nouveautés au niveau des couleurs et des formes. Seul un élément reste inchangé : la figure de la femme.

Lisez nos e-Papers