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Que faire quand mon adolescent fume ?

Cela ne date pas d’hier, la cigarette plait aux adolescents : symbole de liberté, de transgression de l’interdit, de popularité même.
De nos jours, de plus en plus de jeunes commencent à fumer. Mais alors, quel comportement adopter quand c’est votre enfant qui est concerné ?

Que faire quand  mon adolescent fume ?

Dans le monde, 42% des jeunes commencent à fumer avant le bac, pourtant 83% d’entre eux reconnaissent que le tabagisme est mauvais pour la santé. Il est rare que les enfants de moins de 14 ans fument, mais à partir de 15 ans la proportion de jeunes tentés par la cigarette augmente. Pourquoi les jeunes sont-ils autant attirés par la cigarette alors ? Tout d’abord, il y a le phénomène de groupe : à l’adolescence, les jeunes appartiennent à des groupes dont ils suivent les règles et les tendances pour rester intégrés et branchés. Ainsi, si la majorité du groupe auquel un jeune appartient fume, celui-ci pourra être amené à faire de même pour se sentir intégré et ne pas être mis à l’écart. C’est ce qu’on appelle un phénomène d’influence.

Ensuite, il y a le fait de copier un modèle et un mimétisme : un jeune construit sa personnalité notamment à partir de ce qu’il trouve intéressant chez certaines personnes qui lui servent alors de «modèle». Dans ce processus, si l’une des personnes qui lui servent de modèle fume, l’envie de lui ressembler pourra l’entraîner à consommer du tabac. C’est tout à fait idiot, mais fréquent ! Puis, il y a la séduction : fumer à l’adolescence c’est «faire comme les grands». Pour certains, c’est un moyen de se donner de l’assurance face à une personne du sexe opposé qui nous attire et/ou un moyen de la séduire en lui montrant qu’elle a un statut de grande personne. Enfin, il y a bien évidemment, l’envie de défier l’autorité : l’adolescence est une période où il existe une opposition entre les enfants et les parents. Fumer, surtout si les parents ne le souhaitent pas, peut alors être une façon de se montrer différent de ses parents et de remettre en cause leur autorité. D’ailleurs, «la consommation de cigarettes est un acte porteur de sens, adressé à l’intention des parents», souligne Houda Hjiej, pédopsychiatre.

Face à la découverte que votre enfant fume, il n’y a pas de solution miracle. La question est : est-ce que cela vous gêne et surtout pourquoi ? Est-ce pour sa santé ou le fait qu’il ne vous écoute pas une fois de plus ?
Ou encore est-ce parce que vous avez l’impression que ce n’est pas son choix, mais qu’il suit une mode ? Une chose est sûre : il faut en parler ! Toutefois, il est rarement simple d’aborder vos craintes sans braquer votre ado.

Soyez informatif

Tout d’abord, choisissez d’être informatif. Lorsque vous parlez à votre enfant du tabagisme, il est fort probable, si vous ne l’avez pas fait avant, qu’il ne connaisse pas bien ses effets. C’est donc une bonne occasion pour lui parler de façon claire et informative en lui expliquant leurs conséquences sur la santé.
De plus, évitez de lui imposer vos choix ou de lui interdire formellement de fumer, car il est quasiment sûr alors qu’il continuera à fumer, ne serait-ce que par opposition. Il est important que vous puissiez expliquer vos décisions pour qu’elles soient comprises et apparaissent justes. Amenez, par exemple, la réflexion sur les dépenses qu’occasionne le tabagisme et sur les choses que votre enfant pourrait réaliser avec l’argent dépensé. Ensuite, il faut essayer de comprendre ses raisons et de trouver une autre solution. Parfois, la consommation de tabac intervient lorsqu’un jeune ne sait pas quoi faire d’autre pour se faire intégrer. La «pause cigarette» peut alors être un moyen de rapprochement.

Dans un premier temps, l’idéal est de dédramatiser et de relativiser la situation : «Quand j’ai appris que mon fils de seulement 14 ans fumait, j’ai directement pensé que j’avais raté quelque chose dans son éducation, explique Laila. Puis, j’ai essayé de comprendre pourquoi il avait commencé et surtout quel était son rythme. Il est vrai que fumer est banalisé de nos jours, mais j’ai tout de même peur pour sa santé». Punir pour punir n’est pas une bonne solution, car jouer sur l’autorité provoque l’effet inverse. À trop punir, on coupe la communication primordiale entre l’enfant et ses parents, provoquant son incompréhension. Et on s’empêche d’ouvrir le dialogue, de le comprendre. «J’ai compris qu’il était inutile de dire à un ado : tu m’obéis et c’est comme ça ! Je n’ai pas besoin de t’expliquer pourquoi, le jour où ma fille Rita m‘a ri au nez, raconte Naïma. Mais quand j’ai appris qu’elle fumait, je n’ai rien trouvé d’autre à dire», ajoute-t-elle désemparée. Il est clair que l’adolescent n’est plus un enfant, il a ses propres idées et envies.

Il ne supporte donc plus ce rapport hiérarchique qui prédominait jusque-là. Sachant que les adolescents commencent à être exposés au tabagisme des copains ou des plus grands dès leur entrée au collège, vers 12-13 ans et que les fumeurs occasionnels commencent à fumer à l’adolescence avant de devenir dépendants, il est alors conseillé de leur parler de la cigarette vers les 10 ans.
Dans beaucoup de cas, les principes inculqués aux très jeunes restent marqués à vie. Tout comme la politesse, ces comportements résultent de l’éducation. Et puis montrez le bon exemple : si l’enfant a été élevé entouré de fumeurs, il sera beaucoup moins perméable au discours sur la santé. Si vous fumez, évitez de banaliser ce geste de fumer devant lui.


Explications : Dr Ghizlaine Benjelloun, pédopsychiatre

«Il faut éviter de diaboliser même s’il est important de punir»

❶ Quelles sont les raisons qui amènent l’adolescent à fumer ?
À l’adolescence, l’enjeu est sa place dans la société au sein des pairs. Il y a également l’effet des sélections croisées : soit, il est leader soit suiveur. Devant ces enjeux, l’adolescent peu sûr de lui en quête d’identité et d’intégration sera un suiveur exemplaire et fumera dès qu’il sera dans un groupe de fumeurs. Les chiffres montrent que si l’exemple est de mise dans le cadre familial, l’adolescent peut y être précocement initié.

❷ Y a-t-il un moyen afin d’éviter la première cigarette ?
La prévention doit intervenir précocement dans la réassurance et le développement de l’estime de soi pour aider l’adolescent à refuser l’expérience de l’initiation. L’action peut être au niveau des facteurs de risque : un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les troubles oppositionnels avec provocation (TOP) les troubles anxieux et autres troubles mentaux à repérer et à traiter.

❸ Quelle réaction et quel comportement un parent doit-il avoir quand il découvre que son enfant fume ?
Il faut éviter de diaboliser même s’il est important de punir, mais dans un cadre de dialogue autour des drogues avec des informations pertinentes et un échange autour du sujet. Le dialogue sera toujours plus constructif que des punitions ou des cris.

Comment le convaincre d’arrêter et l’aider à y arriver ?
Il faut l’amener à être informé correctement et à être convaincu, c’est la seule solution.

❺ Quels conseils donneriez-vous à des parents en telle situation ?
Cela se résume en trois mots :
Patience, persévérance et dialogue !

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