Alors qu’il a connu une stagnation au premier trimestre par rapport aux deux derniers trimestres, aussi bien en termes nominaux que réels, le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a été augmenté de 5% en juillet, à 12,24 DH/h contre 11,7 DH/h. Simple rattrapage, cette légère hausse risque de ne pas combler la perte sensible de pouvoir d’achat des revenus salariaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éventualité d’une reprise de l’inflation à un rythme assez soutenu affectant en particulier les produits alimentaires devra induire, en l’absence d’un réajustement des taux de salaire, un décalage criant entre l’évolution des rémunérations du travail et la hausse du coût de la vie. Dans le cadre du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats, les salaires dans la fonction publique, le SMIG et le SMAG ont été relevés en juillet 2011. Ainsi, le salaire horaire minimum des ouvriers et employés de l’industrie, du commerce et des professions libérales a été revalorisé de 10% à 11,7 dirhams et le salaire journalier des ouvriers agricoles à 60,63 dirhams. Ces revalorisations ont certes permis au salaire minimum de maintenir son pouvoir d’achat face à l’érosion monétaire avec un relatif avantage par rapport à l’inflation.
Cependant, force est de constater que le niveau actuel du salaire minimum reste nettement insuffisant pour permettre aux salariés de subvenir aux besoins essentiels de consommation compte tenu du niveau des prix et de la taille des ménages qui se situe autour de cinq personnes en moyenne. Pour rappel, l’indice des salaires moyens du secteur privé, calculé sur la base des données de la CNSS, a augmenté de 2,7% en termes nominaux et de 1,7% en termes réels en 2011, au lieu de 3,4% et 2,5% respectivement en 2010. Pour sa part, le Coût unitaire du travail (CUT), en hausse quasi continue entre 2001 et 2009, a de nouveau baissé de 0,3% en 2011 après 1,6% en 2010, demeurant toutefois supérieur de 5,6% à son niveau moyen atteint la dernière décennie. En comparaison internationale, la progression du CUT national a dépassé celle des pays émergents et de la zone euro, soit respectivement un écart de 2,1% et 0,3%. Il a, en revanche, évolué légèrement moins vite que celui des pays développés.
Le SMIG au niveau national a connu une évolution irrégulière depuis 1981, les révisions ayant été décidées de manière ad hoc ou à l’issue des dialogues sociaux. L’évolution du salaire minimum aura connu non seulement un décalage par rapport à la hausse des prix, mais aussi par rapport aux gains de productivité réalisés notamment dans les activités industrielles, commerciales et de services les plus dynamiques. Le SMIG occupe une place importante dans l’orientation du salaire moyen dans le secteur privé, tel que mesuré par le rapport de la masse salariale et l’effectif des salariés déclarés par la CNSS. Les estimations effectuées par Bank Al-Maghrib pour quantifier les effets de diffusion d’une hausse de 5% du SMIG sur le salaire moyen montrent que l’impact cumulé varie entre 0,48 et 1,88 point de pourcentage au cours d’un trimestre, entre 2,32 points et 5,98 points après quatre trimestres et entre 3,04 et 8,32 points après huit trimestres. La diffusion de la hausse du SMIG vers le salaire moyen devrait générer, à son tour, un effet cumulé sur l’inflation allant de 0,5 point à 1,23 point après quatre trimestres et de 0,8 à 1,33 point après huit trimestres, cet impact se dissipant graduellement après un délai moyen de huit trimestres. Elle devrait également contribuer à la hausse du coût unitaire de travail, affectant par conséquent la compétitivité coût de l’économie nationale.
