Des centaines de personnes ont bravé la brise printanière d’avril pour se repaître des sonorités universelles de Jazzablanca. Cette année, le concept imaginé par l’agence Hil’Art Productions a planté sa tente au cœur du quartier Anfa pour proposer une série de concerts en plein air à ceux et à celles qui ont tenu à rappeler que le jazz pouvait être apprécié ailleurs que dans les tripots mythiques de la Louisiane.
En guise d’ouverture, la 7e édition de Jazzablanca a opté pour des sonorités éclectiques et jeunes, en la personne de la talentueuse Natascha Rogers. Cette jeune chanteuse d’origine hollando-américaine a offert aux visiteurs de la première heure, une série de vocalises puisant leurs inspirations dans les tréfonds du Mississippi, mais aussi dans les plaines du Mali ou les steppes tziganes de l’Europe centrale.
Chanteuse et percussionniste d’exception, Natascha a su faire oublier au spectateur le froid des nuits d’avril en leur offrant, à la manière d’un Jason Mraz, une fresque faite de générosité et de brassage culturel, ou chacun était convié à chanter, fredonner ou simplement délaisser son siège pour danser. Deux heures plus tard, c’est au tour d’Oum, diva locale de la soul et de la world music, de prendre le relais. Le public, n’ayant rien perdu de son enthousiasme, s’est empressé à donner la réplique à la chanteuse.
Les spectateurs se retrouvant en terrain connu n’ont pas hésité à fredonner les refrains de l’album «Sweerty», une manière de montrer leur fierté vis-à-vis d’une «darija» réhabilitée dans son élément le plus naturel, celui de l’audace musicale et de la richesse linguistique. Avide d’ouverture sur le monde et fidèle à ses racines, Oum a su marier soul, gospel et prose dialectale dans un patchwork unique, et que le parterre de l’hippodrome d’Anfa ne pouvait qu’apprécier.
Une faim viscérale de public et de musique
Dimanche, autre jour, autre répertoire. Cette fois-ci c’était au tour d’Aloe Blacc de dompter la scène casablancaise. Il y avait les projecteurs, il y avait un micro sur un pied, un quintet à corde. Il y avait le bon son, le public chauffé à bloc, des spectateurs qui sortaient leurs Smartphones pour immortaliser le moment.
Tout pour faire un show, et show il y eut. Il multipliait les pas de danse, haranguait la foule, improvisait des medleys en fin de morceaux, dansait, hurlait, le public répondait. L’ex-rappeur, reconverti à la musique soul était là pour voir un public, il voulait jouer et voir des yeux briller, il en avait besoin et il l’a obtenu. En virtuose réhabilité qu’il est, il a revisité les moments de bonheur qui hantent nos souvenirs d’années 80, puis s’est amusé à confectionner une version toute faite de son single vedette «I need a Dollar».
La soirée s’est achevée par un silence reconnaissant, celui d’un Aloe heureux et comblé, sous les applaudissements sourds d’un public qui ne savait plus cacher sa joie.
