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Souk Tlat, une décharge à ciel ouvert

Le fameux souk rural dit Tlat Sidi Bennour semble tout droit sorti du XVIIIe siècle.

Souk Tlat, une décharge à ciel ouvert
Le Souk est une ville dans la ville, avec plusieurs quartiers spécialisés.

Le souk semble défier le temps. Il se plante avec défi tel un monument antique. Des paysans parcourent jusqu’à une centaine de kilomètres pour s’y rendre. On y trouve des négociants et des artisans venus offrir leurs services, mais aussi des camelots, des diseurs de bonne aventure, des voleurs à la tire dont les doigts agiles vous tâtent subrepticement les poches, etc.

On vient là, car on y trouve de tout : de vieux livres, des cassettes vidéo et CD, de roues de bicyclettes, des téléviseurs vieux d’une trentaine d’années, des plantes, des meubles neuf ou vieux, des vêtements et autres ustensiles de cuisine, dont des lots de cuillères ou de fourchettes estampillées Air France ou Royal Air Maroc. Mais la réalité du souk est là : tous ces articles usés et abîmés trouveront toujours preneur.
Le souk est divisé en quartiers et en boulevards par «spécialisation». Un «boulevard» du souk ne compte pas moins de cinq gargotes mobiles abritées sous des tentes de fortune. On y sert des petits plats populaires, depuis les beignets jusqu’à la bouillie de pois chiches, en passant par les casse-croûte, les tranches de foie grillées sur la braise, les brochettes, les boissons gazeuses, le café et le thé à la menthe.

Qu’il vente ou qu’il pleuve, le souk est toujours plein. Toute l’année, le spectacle est impressionnant. Des charlatans y exercent illégalement la médecine. Dans un coin du souk, un vieillard préconise un médicament pour l’insuffisance rénale. Il explique comment le remède agit sur les reins et les rend plus fonctionnels. Or sur l’emballage transparent, aucune écriture ou notification sur le mode d’emploi, mais une indication montrant sa provenance : la Chine. Le vieux propose un sachet de dix pastilles contre la somme de 20 DH. Pour faire marcher son commerce, il est discrètement soutenu par deux à trois personnes qui jouent le rôle de badauds intéressés par son produit. Et ça marche ! Des personnes, par curiosité ou par besoin, mordent à l’hameçon.

Une véritable décharge publique

Le problème, c’est que ce bazar à ciel ouvert est en pleine agglomération. Il abrite un abattoir et en plus ils se trouve à proximité d’une «ferraille». Chaque mardi et samedi, les Doukkalis sont inlassablement confrontés à l’anarchie totale occasionnée par l’invasion massive d’un véritable armée d’engins : camions, tracteurs, chariots, charrettes et bestiaux. Une redoutable horde de gens, venus de partout et de nulle part, provoquant par leur passage désordre, pollution, embouteillage et désordre dans la ville. Des vendeurs de viande, bovine, ovine, caprine et cameline s’entremêlent dans ce marché où l’hygiène n’a pas sa place.
Les bêtes, égorgées dans l’abattoir qui se trouve à quelques mètres du lieu de la vente, gisent toujours dans leur sang. Les eaux de rinçage des abats et autres tripes sont jetées juste devant l’entrée des boucheries. Et quand elles ne s’écoulent pas vers d’autres lieux du souk, elles forment des flaques dans les ornières.

Mardi après-midi, entre 15 et 16 heures, les camions et les commerçants partent et laissent derrière eux excréments, légumes pourris et emballages de toutes sortes. Des monticules de détritus et toutes sortes d’ordures domestiques, humaines et animales mêlées aux eaux usées et à la boue se forment ici et là. La puanteur et les odeurs fétides se dégagent des ordures éparpillées, aggravant l’état de l’environnement. Bien que la situation soit alarmante et présente un réel danger pour la santé, aucune action de nettoyage n’a jamais été menée dans le souk.

Le souk «Atlat» devient du coup une véritable décharge publique et un nid à microbes. Les enfants viennent y jouer. Des moutons et des vaches y déambulent, des chiens errants tentent d’y trouver de quoi manger. Le vent emporte les sacs en plastique et les cartons des emballages dans toutes les directions. Un spectacle digne d’un marché du XVIIIe siècle !

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