La coopération entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne a été marquée dans ses débuts par l’implication des entreprises publiques marocaines. Puis cette coopération s’est améliorée à travers l’intérêt exprimé par les opérateurs du secteur privé dans des domaines variés (mines, tourisme, télécommunications, habitat social…). Cette coopération a franchi un pas considérable grâce à l’implantation de banques marocaines dans les pays subsahariens. Des banques ont d’ailleurs mis à la disposition des exportateurs marocains leur savoir-faire, notamment à l’occasion de la dernière caravane de l’export en Afrique (qui a eu lieu du 2 au 9 juin). En effet, le Groupe Attijariwafa bank, le Groupe BMCE Bank et la Banque populaire ont accompagné les exportateurs marocains lors de ce périple. Interpellé lors de ce voyage, qui a permis à une centaine d’opérateurs et d’hommes d’affaires marocains de faire de la prospection au Gabon, au Cameroun et au Burkina Faso, les représentants de ces banques nous ont expliqué l’importance et la dimension de leur implantation en Afrique.
Laila Chorfi Tazi, responsable du commerce extérieur (banque de l’entreprise) à la BMCE a souligné que la BMCE avait toujours eu pour vocation le commerce extérieur (d’ailleurs, dès sa création, la banque était destinée essentiellement à la promotion du commerce extérieur). Donc, le fait de prendre part à la caravane de l’export et d’accompagner les entreprises exportatrices au moment où elles sont en train de prospecter et de démarcher des clients fait partie des missions de la banque. Car la contrainte de la sécurisation du paiement pour un exportateur est très importante, vu la conjoncture actuelle. La banque est là pour les rassurer. Le fait d’avoir des implantations en Afrique est de nature à faciliter les choses pour sécuriser les opérations. Il est à rappeler que la BMCE Bank a une vocation à l’international depuis longtemps et qu’elle est également présente en Afrique, et ce, avec une vocation panafricaine et continentale de plus en plus accentuée.
ette présence en Afrique a démarré à la fin des années 80 avec la prise de participation dans la Banque de développement du Mali qui était à l’époque en difficulté. La BMCE a pris des parts de participation dans cette banque et elle l’a redressée pour en faire l’une des premières banques du pays. Une expérience fructueuse à la suite de laquelle la banque marocaine a pris une participation dans la Congolaise de banques au Congo Brazzaville. Dans ces deux banques, la BMCE n’est pas majoritaire, mais son expérience a été tellement convaincante que les actionnaires majoritaires lui ont confié la gestion. La BMCE a pris des participations de manière progressive au cours de ces dernières années dans Banque Of Africa (BOA). Elle y est aujourd’hui actionnaire majoritaire avec près de 60% de participation. La Banque Of Africa est un réseau de 15 banques commerciales présentes dans 14 pays d’’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Elle a l’avantage d’être présente également dans l’Afrique de l’Est.
Premier groupe bancaire et financier au Maroc, Attijariwafa bank conforte, lui aussi, son positionnement panafricain en occupant les premiers rangs des banques du continent avec plus de 260 agences en Afrique subsaharienne. Le groupe dispose donc d’un large réseau d’agences et ne cesse de se développer en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Ainsi, Attijariwafa bank poursuit son plan de développement régional affirmant son positionnement de groupe bancaire et financier panafricain. Sa présence s’est élargie à plusieurs pays, complétant la couverture géographique du groupe en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Il est présent désormais dans une douzaine de pays du continent.
Avis du spécialiste : Victor Emmanuel Menye, directeur corporate de la Société commerciale de Banque Cameroun (SCB)
«Les possibilités de financement sont beaucoup plus importantes»
Quelle est la part des entreprises dans votre portefeuille client ?
Disons qu’en termes d’entreprises, nous avons deux marchés : il s’agit des PME-PMI et des grandes entreprises. Il faut dire qu’il faut tenir compte de notre marché.
Les clients les plus nombreux ce sont d’abord les PME-PMI, même si en termes de résultats, on gagne plus d’argent avec les grandes entreprises. Mais, en ce qui concerne la masse, ce sont les PME-PMI qui sont les plus nombreuses. S’agissant des grandes entreprises, elles sont de l’ordre de 300 à 400. Alors que le nombre des PME-PMI, il se situe entre 1 000
et 1 200 entreprises.
Certaines parmi elles sont-elles en relations commerciales avec les
opérateurs marocains ?
Bien sûr. Il y a des entreprises qui importent et qui sont en relation avec les entreprises marocaines. Il y en a d’ailleurs qui l’étaient avant même que le groupe Attijariwafa bank ne reprenne la SCB. Aujourd’hui, toutes les grandes entreprises marocaines trouvent des opportunités au Cameroun et gagnent des marges.
Elles se réfèrent donc à nous, parce qu’au niveau du management Attijariwafa bank a rapidement «camerounisé» les choses.
Vous évoquez l’importance d’Attijariwafa bank en Afrique. Qu’est-ce que cela vous apporte en tant que banque, en matière de crédibilité et de facilitation des opérations bancaires et de savoir-faire ?
Vous savez, Attijariwafa bank est venue pour reprendre les positions de veilles banques françaises : le Crédit lyonnais et le Crédit Agricole. Il y a des clients qui appellent toujours la SCB le Crédit lyonnais ou le Crédit Agricole. Donc, il faut dire que la qualité du service est là et les possibilités de financement sont beaucoup plus importantes. Le fait qu’on soit un groupe présent partout en Afrique, notamment en Afrique centrale, fait que les entreprises de ces pays subsahariens peuvent savoir qu’elles ont des relais dans les autres pays. Je pense que c’est très important d’avoir le circuit d’un même groupe bancaire dans tous les pays. Et comme il y a une libre circulation des fonds dans l’Afrique centrale, cela permet de faciliter les interventions dans les autres pays. Ainsi, une entreprise camerounaise peut exporter vers le Congo où il y a une filiale du groupe Attijariwafa bank et donc peut faire des opérations plus facilement en dehors du Cameroun.
Quelles sont les principales entreprises marocaines implantées
au Cameroun ?
Il y a la Cimat du groupe Addoha qui ouvre une cimenterie au Cameroun. Il y a eu la pose de la première pierre il y a trois semaines. Il s’agit d’un investissement de 30 millions d’euros. Le premier sac de ciment sera produit en décembre 2012. Il y a aussi d’autres investisseurs, notamment des banques qui sont des filiales de groupes marocains. Il y a aussi Tractafric Motors qui est une filiale du groupe Optorg. Il y a également le chocolatier Aiguebelle et l’ONEP qui sont présents au Cameroun.
Quels sont les secteurs d’activités qui peuvent
intéresser les investisseurs marocains ?
Le Cameroun est un pays à fort potentiel. Tous les indicateurs se consolident positivement. Il y a énormément de projets structurants qui appellent de nombreux sous-traitants. Dans tous les domaines, il y a de la place. Il y a les secteurs de l’énergie, les BTP, la confiserie, les infrastructures routières et portuaires…
Propos recueillis par B.M.
