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«Baka blassa», une leçon de vie, sur les planches

● Initiée par la troupe Drama-Com et mise en scène par le Saïd Abbadi, la pièce a parcouru plusieurs scènes.
● S’appuyant sur une trame simple, mais pas simpliste, cette œuvre a pu séduire le public grâce aux messages de tolérance et de cohabitation pacifique qu’elle recèle.

«Baka blassa», une leçon de vie, sur les planches
«Baka blassa» a été jouée sur les scènes de la FOL, des Centres culturels Mohammed VI et Mohammed Zefzaf ainsi que le Complexe culturel Moulay Rachid.

L’année dernière, la troupe de théâtre DramaCom avait présenté au public la pièce «Lbanka fel ammaria» qui a eu un accueil plutôt favorable de la part des spectateurs. Cette année, la même troupe a récidivé avec une nouvelle œuvre, qui s’inscrit toujours dans la droite ligne de cette compagnie. «Baka blassa» (il reste encore une place) se veut une comédie chargée de signaux et de symboles. Elle s’appuie sur une trame simple, mais pas simpliste, pour aborder un sujet universel. «Baka blassa», c’est l’histoire d’un transporteur clandestin qui s’enfuit à la suite d’une panne de moteur en laissant ses quatre passagers livrés à eux-mêmes. Un geste qui donne lieu à des confrontations entre ces individus de cultures et d’appartenances diverses. Du coup, leurs différences socioculturelles ressurgissent violemment.

Une mère célibataire, un jeune bourgeois, un clochard, une femme âgée qui vend des produits de contrebande et une prostituée sont autant de personnages, qui n’avaient sûrement jamais été obligés de monter dans un même taxi, se trouvent dans l’obligation de cohabiter. S’ensuivent alors des situations inattendues. Des liens se tissent et des réactions insoupçonnables se produisent. Une vraie leçon de vie que le spectateur vit. On en rit, on en pleure… Et l’on comprend, bien entendu, que cette fable n’est qu’un prétexte pour traiter de manière artistique un thème plus sérieux. «Comme son nom l’indique, “Baka blassa” fait comprendre au spectateur que dans la vie, il y a encore de la place pour beaucoup de choses. La pièce adresse un message aux Marocains pour qu’ils tendent la main aux autres et qu’ils se tolèrent les uns aux autres», souligne le metteur en scène. Le tout dans un registre humoristique.

L’humour étant le meilleur moyen de véhiculer des messages en vue de faire évoluer les choses. À ce propos, le choix de la troupe Drama-Com est clair. Ne jamais dramatiser et quand elle aborde des thématiques «dramatiques», c’est dans un cadre comique qu’elle le fait, mais pas n’importe lequel. «Nous autres, membres de la troupe Drama-Com, avons compris que le sens de l’humour a beaucoup évolué chez le spectateur marocain. Nous devions suivre cette évolution. C’est alors que nous avons commencé à produire des textes qui permettent au public de rire intelligemment. Notre satire cherche à critiquer des faits et non des personnes. Ce qui n’a pas manqué de toucher nos spectateurs», affirme Saïd Abbadi, metteur en scène de la pièce.

Sans soutien financier aucun, l’homme de théâtre se bat pour la survie de sa pièce et de sa troupe. Celui qui a choisi de retourner au pays en 1996, après avoir décroché un master en «mise en scène et organisation théâtrales» en Russie, lance aujourd’hui un appel de détresse aux responsables. Il souhaite que cet appel trouve une oreille attentive à la veille de la Journée mondiale du théâtre.


Questions à : Saïd Abbadi, metteur en scène

«Il faut que le ministère de tutelle lance un plan d’urgence pour sauver le théâtre»

Parlez-nous un peu de la genèse de cette pièce ?
L’année dernière, après le succès de la pièce de théâtre «Lbanka fel ammaria», je me suis dis qu’il fallait que je continue sur ma lancée, même au prix de beaucoup de sacrifices : temps, argent, famille... Je me suis lancé à la recherche d’un texte qui respecte l’intelligence du spectateur marocain. J’étais en quête d’un dramaturge qui ait la même vision que moi et grâce à laquelle je pouvais créer un atelier d’écriture. Je suis tombé sur deux profils intéressants : maître Aziz Diab, un avocat épris de poésie, et Rachid Safar, rédacteur de l’émission TV «Stahlak blama tehlak». La collaboration a été fructueuse.

Qu’en est-il du financement de la pièce ?
Une fois le texte prêt, le problème du financement s’est posé. C’est grâce au soutien de mon aimable épouse que la pièce a vu le jour. Aujourd’hui, j’arrive à m’autofinancer avec la somme de 90 000 DH. Je m’arrête là, car je n’ai pas envie de me plaindre davantage. Mais je tire quand même la sonnette d’alarma parce c’est de l’argent familial que j’investis. J’ai eu des promesses, mais j’attends toujours. Je sais que notre spectacle mérite d’être soutenu.

À votre avis, quelles sont les mesures urgentes pour que notre théâtre sorte du marasme ?
Pour sauver le théâtre d’une mort certaine, il faut que le ministère de tutelle lance un plan d’urgence. Pour schématiser, je dirais que nous sommes dans une phase d’échec et mat. Nous avons besoin d’un bon joueur d’échecs pour éviter le coup fatal.

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