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Des référentiels pour arrêter l’hémorragie des terres agricoles

5 000 hectares de terres arables passent chaque année dans l’escarcelle urbaine.

Apparemment, une prise de conscience de l’impact de l’urbanisation galopante sur l’agriculture au Maroc est en train de naitre. Les départements concernés, principalement l’Habitat et l’Agriculture prospectent les meilleurs moyens d’urbaniser sans trop empiéter sur les périmètres irrigués. Trois études sont lancées simultanément portant essentiellement sur les modes d’aménagement en milieu rural et la mise en place d’un référentiel de bonnes pratiques dans le domaine de l’urbanisme durable. Car au rythme où la ville grignote la campagne, ce sont chaque année plus de 5 000 hectares qui rentrent en périmètres urbains et par conséquent s’ouvrent aux programmes de construction d’habitations et autres. Les opérations immobilières représentent 45,75% de ces terres, l’industrie et l’équipement 25% et le tourisme 12,5%. L’on assiste même à un exode inversé où les citadins optent de plus en plus pour le hinterland agricole. Ils quittent la ville, où il fait de moins en moins bon vivre pour s’installer dans des superficies qui souvent dépassent un hectare pour chaque ménage.

C’est ainsi que des centaines de fermes pullulent dans la région de Casablanca, naguère région réputée pour la qualité de ses plantations. Du coup, flairant la bonne affaire, les notables ruraux se sont transformés en spéculateurs immobiliers et vendeurs de lots équipés. Que ce soit en direction de Benslimane, Nouaceur ou Berrechid, tout au long du bitume, les terrains à partir d’un hectare gagnent chaque année de la valeur. Résultat, il devient plus intéressant d’investir dans ces lopins que dans n’importe quel autre projet. À plus forte raison que la loi 12.90, relative à l’urbanisme, est constamment contournée par des mesures de dérogation. S’y ajoute le nouveau découpage communal qui a eu un effet d’extension des périmètres urbains au détriment des terres arables. Par ailleurs, dès qu’une région bénéficie de moyens d’irrigation, elle devient attractive et connaît une pression démographique. Car, les paysans des régions avoisinantes y émigrent. Dans le Gharb et à Sidi Slimane, le phénomène commence sérieusement à peser sur les capacités agricoles de la région.

À moyen et long termes, si l’hémorragie des terres agricoles n’est pas stoppée, la question de sécurité alimentaire accaparera le débat au Maroc. Car les pays, greniers du monde, comme la Russie ou les États-Unis, voient leur capacité productive baisser sous l’effet du changement climatique. S’approvisionner en céréales deviendra, du coup, un acte hautement budgétivore. Contrairement à ce que l’on peut penser, les terres arables représentent seulement 12% de la superficie du pays dont la croissance est hautement dépendante de l’agriculture. Et pour préserver ce patrimoine, les textes de loi ne donnent pas souvent raison au ministère de l’Agriculture. Pour délimiter les terrains réservés à la production agricole, ce département ne peut émettre des décrets qu’après consultation du département de l’urbanisme. C’est là une contrainte de temps et de procédures qui ne profite pas toujours aux zones arables. Les extensions qui naissent alors répondent peu ou prou à un besoin réel d’urbanisation. Résultats, dans les périphéries des grandes villes, ce sont de véritables ghettos sociaux qui se multiplient et favorisent la montée de la criminalité ainsi que la défiguration de l’arrière-pays via des habitations insalubres.

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