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SOS, mon enfant est dépressif

● Si vous pensez que votre enfant souffre de dépression, il faut agir immédiatement. Ce phénomène peut faire beaucoup de dégât s’il n’est pas traité. Il ne faut pas attendre et espérer que les symptômes disparaissent d’eux-mêmes, tout simplement.
● Même si vous n’êtes pas sûr que la dépression soit le problème, les troubles du comportement et les émotions que vous notez chez votre enfant sont le signe d’un souci.

SOS, mon enfant est dépressif

Certains enfants se sentent moins bien dans leur peau, n’éprouvent plus de plaisir, ont des difficultés d’interaction sociale ou connaissent des échecs à l’école. Ils peuvent devenir dépressifs et parfois, tenter de se faire du mal. Comprendre les facteurs en jeu et leurs interactions est crucial si nous voulons assurer l’avenir brillant que chaque jeune mérite. Les taux de dépressions cliniques sont peu élevés dans l’enfance et au début de l’adolescence, mais ils augmentent de façon importante à la fin de l’adolescence (d’environ 17%).

Les filles sont plus nombreuses à souffrir de dépression que les garçons. «Les autres ne m’aiment pas, je suis moche et inutile, les adultes, ça craint, l’école ne sert à rien» etc. Ces réflexions, typiques d’un adolescent sont bien souvent prises à la légère, alors qu’elles peuvent être un signe de détresse envoyé à l’entourage. Souvent considérée comme une maladie d’adulte, la dépression touche énormément les jeunes.
Sauf que de par la négativité, la rébellion et le laxisme qui caractérisent cette période, il devient difficile de différencier la dépression d’une simple crise d’adolescent ou d’enfant.

Signes et symptômes

Les enfants et les adolescents doivent faire face à de nombreuses formes de stress : que ce soit par les changements liés à la puberté ou par ce qu’ils veulent faire de leur vie. Le passage de la vie d’enfant à la vie d’adulte peut aussi amener son lot de conflits avec l’entourage étant donné que les adolescents veulent avoir leur indépendance.
Les bébés peuvent aussi souffrir du manque d’un parent absent. À partir de 3 mois déjà, le nourrisson peut rentrer dans une phase de dépression s’il n’est pas bien entouré.
Ce sont donc autant de problèmes qui peuvent engendrer une dépression chez l’enfant.
Avec toutes ces sources de stress possibles, il n’est pas facile de différencier une déprime d’une dépression passagère. Pour rendre les choses encore plus compliquées, les jeunes atteints de dépression ne sont pas forcément tristes ou en pleurs à longueur de journée. En effet, même si la dépression est souvent associée au renfermement sur soi-même qu’à l’agressivité, ses symptômes peuvent inclure l’irritabilité et la colère ou même encore de l‘hyperactivité.

Les causes de la dépression

Des événements perturbants, des antécédents familiaux de dépression, un manque de soutien familial, une discipline stricte ou encore une attitude négative par rapport à soi-même, au monde et à l’avenir, peuvent tous contribuer à la dépression. La chose la plus importante que les parents d’adolescents dépressifs puissent faire est de leur faire savoir qu’ils sont présents pour les écouter et les aider.
C’est exactement à ce moment-là que votre enfant a besoin de savoir qu’il compte à vos yeux et que vous prenez soin de lui qu‘importe ce qu‘il pourrait arriver.
En outre, vivre avec un jeune dépressif peut être difficile et fatigant, mais il faut faire preuve de beaucoup de patience et de compréhension. Par moment, le parent pourra se sentir épuisé ou rejeté. Toutefois durant cette période, il est important de se rappeler que l’enfant n’est pas méchant intentionnellement, mais qu’il souffre.

Incitez l’enfant à sortir

L’isolement rend la dépression encore plus difficile, encouragez votre enfant à voir ses amis et à faire des efforts pour se socialiser. Proposez-lui aussi des activités extrascolaires qui pourraient l’intéresser comme le sport ou la danse. La dépression chez les jeunes n’est pas un simple coup de mauvaise humeur ou de déprime passagère. C’est un problème sérieux qui a un impact sur tous les aspects de la vie du jeune. Si elle n’est pas traitée, la dépression peut conduire à des problèmes à l’école, à la maison, de drogue, de violence, etc. Il y a autant de théories sur la dépression chez les adolescents que sur les ados eux-mêmes en général. Effectivement, l’adolescence est une période difficile, mais la plupart des adolescents arrivent à s’en sortir avec de bons amis, la réussite scolaire ou les activités annexes : ceci les aide à forger leur personnalité et leur confiance en soi. La dépression peut détruire la personnalité d’un adolescent et causer un sentiment de tristesse insurmontable, de désespoir ou même de rancœur. Même si on sait aujourd’hui traiter correctement la dépression, les experts indiquent que seulement 20% des jeunes atteints de cette maladie reçoivent effectivement de l’aide. À la différence des adultes qui peuvent se débrouiller seuls pour trouver de l’aide extérieure, les jeunes n’ont souvent que leurs parents sur qui compter… et encore  !


Explications : Ghizlaine Benjelloun, pédopsychiatre 

«Fréquente chez l’adolescent, on passe souvent à côté des signes de la dépression»

Quels sont les symptômes qui permettent de voir que les jeunes sont dépressifs ?
Les symptômes diffèrent selon l’âge :
Le nourrisson (souvent de 3 /4 mois & de 8 /9 mois) :
Une séparation, une grave carence maternelle (c’est-à-dire l’absence de la maman ou maman en dépression) peuvent entraîner une dépression du bébé. Donc le bambin ne s’alimentera pas, il n’interagira pas avec les membres de la famille, son entourage. Il pourra également avoir des troubles du sommeil.
Le jeune enfant (moins de 6 ans) :
Le petit enfant, quant à lui, va beaucoup se plaindre, notamment de douleurs : au ventre, à la tête… Si ces plaintes systématiques ne sont pas expliquées par une maladie, alors cela peut être un des symptômes de la dépression. De plus, il ne voudra pas jouer avec les autres enfants, il aura moins de tonus ou au contraire, un excès de tonus inexpliqué. Cela peut aussi être accompagné d’une manifestation d’angoisse et de cauchemar pendant son sommeil.
Le grand enfant (de 6 à 12 ans) :
Il y aura dans ce cas plus de verbalisation. En effet, l’enfant exprimera l’opinion (qui plus est négative) qu’il a de lui-même. Il dira qu’il se trouve nul ou encore se rendra responsable de tout. De plus, il aura des problèmes de concentration en cours qui pourront alors engendrer des difficultés scolaires. Au final, il pourrait avoir des idées de mort.
L’adolescent (à partir de 13 ans) :
Ici, tous les enjeux de l’adolescence vont entrer en compte. Il va alors avoir des préoccupations concernant son corps, son image, la société (c’est-à-dire qu’il va prendre conscience du regard des gens, de l’importance des amis, etc.). Par ailleurs, il peut y avoir des périodes d’hypersomnie : période où l’adolescent va énormément dormir. Il peut également entrer dans une phase d’isolement préférant rester seul ou en famille. Et cela n’est pas normal pour un adolescent (rire). Il va, comme le jeune enfant, penser qu’il ne vaut rien et que la mort est la seule solution. Il aura beaucoup de mal à assumer les signes extérieurs de son corps, il sera mal dans sa peau, etc. Il se peut que tous ces symptômes n’apparaissent pas tous. Toutefois, il faut obligatoirement qu’il y ait une compilation de plusieurs de ces symptômes et cela à n’importe quel âge. Plus souvent fréquente chez l’adolescent, on passe souvent à côté des signes de la dépression.

Comment faire la différence entre la non-motivation, la déprime passagère et la dépression (par rapport aux difficultés scolaires notamment) ?
Pour trouver la cause des difficultés scolaires, il faut simplement une évaluation d’un pédopsychiatre. Lui seul pourra alors dire, par élimination, s’il s’agit d’une dépression, d’une hyperactivité ou d’un manque de motivation. La déprime quant à elle se remarque par le critère de la durée. Effectivement, si un enfant n’est pas bien sur une période de deux, trois jours, cela pourra s’expliquer par une déprime passagère. De plus, elle peut être provoquée par un événement ponctuel. On parlera de dépression quand le mal-être de l’enfant se sera étalé sur trois à quatre semaines.

Quel traitement conseillez-vous ?
La psychothérapie est clairement le meilleur des remèdes. Si et seulement si après dix séances d’échec, des antidépresseurs peuvent alors être prescrits, mais en parallèle de la psychothérapie qu’il ne faudra en aucun cas arrêter.
Il est rare de trouver des parents toxiques, qui nuisent au bien-être quotidien de leur enfant. Donc la communication, aussi importante qu’elle soit ne sera, dans ce cas-ci, pas une solution miracle. Car ce n’est pas le parent qui cause la dépression de l’enfant. Cependant, les parents doivent être vigilants et disponibles pour leur enfant. Ils doivent remarquer tous ses changements de comportement et les comprendre  : c’est-à-dire que s’ils ont conscience que leur enfant n’est pas un paresseux, c’est alors peut-être qu’il est déprimé.

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