Conscient de l'importance du marché africain subsaharien en termes stratégique, économique et commercial, le Maroc s'est engagé durant cette dernière décennie dans la voie du renforcement de ses relations avec les pays de cette région.
Les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne ont atteint 11,7 milliards de dirhams en 2010, contre 3,6 milliards en 2000, soit un bond de 300% en une décennie. Les exportations vers la région ont enregistré une progression continue, passant de 2,1 milliards de DH en 2000 à 7,2 milliards en 2010. En revanche, les importations marocaines de cette région ont plus que doublé entre 2000 et 2010, passant de 2,1 à 4,5 milliards de DH.
Au cours de cette dernière décennie, le Maroc a exporté surtout vers le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale et le Nigeria. Ces cinq pays absorbent 41% du total des exportations marocaines vers cette région.
Par catégories de produits, l'on note pour l'année 2010 la part importante des produits alimentaires (37%), suivis des produits chimiques ainsi que des machines et équipements de transport qui représentent respectivement 20% et 21% du total des exportations marocaines vers l'Afrique subsaharienne.
Malgré cette forte progression, il existe toujours un grand potentiel d'investissement dans cette région qui ne représente que 2,6% de l'ensemble des échanges commerciaux du Maroc et 5,3% de ses exportations.
En dépit de l'amélioration des relations commerciales entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne au cours des dernières années, les échanges demeurent en deçà des niveaux escomptés, compte tenu des ressources existantes et du potentiel de développement du commerce entre les deux parties.
La faiblesse des échanges peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment un cadre régissant les échanges commerciaux avec certains pays africains qui reste incomplet, des coûts de transport très élevés et des délais de livraison assez longs, un manque de produits d'assurance à l'exportation dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et finalement des réglementations douanières coûteuses et lentes.
Toutefois, le renforcement de la coopération entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne revêt une importance particulière dans la politique extérieure du Royaume. En atteste, la décision prise par S.M. le Roi Mohammed VI en avril 2000 d'ouvrir le marché marocain à tous les pays africains les moins avancés, dont le nombre s'élève à 34, avec annulation de leurs dettes envers le Royaume.
Le Maroc a aussi multiplié les actions pour stimuler les échanges commerciaux avec cette partie du continent. Plusieurs accords commerciaux de type classique ou à caractère préférentiel ont été conclus avec 17 pays de la sous-région. A ce jour, le Maroc compte plus de 300 accords, conventions et protocoles à travers la sous-région.
En guise d'encouragement pour l'investissement, le Maroc a relevé, en décembre 2010, le montant transférable au titre des investissements à l'étranger à un plafond de 100 millions de dhs pour l'Afrique et de 50 millions de DH pour les autres continents. D'autre part, un fond de 200 millions de dhs a été créé afin de renforcer la présence des opérateurs privés marocains sur le marché africain.
Par ailleurs, l'ouverture par la Royal Air Maroc de lignes aériennes vers des pays d'Afrique subsaharienne et l'implantation de filiales bancaires d'AttijariWafabank, de BMCE Bank et de la Banque Centrale Populaire sont aussi des facteurs encourageants pour les opérateurs privés marocains pour renforcer leur présence dans cette région.
Dans le cadre de son implantation dans la région, le Maroc a ciblé cinq secteurs clés : la pharmacie, l'agroalimentaire, le BTP, les technologies de l'information et les services.
Cependant, les échanges commerciaux du Royaume avec la région d'Afrique de l'Ouest et la volonté du Maroc d'initier un partenariat gagnant-gagnant demeurent entravés par l'absence d'un accord commercial avec l'Union économique et monétaire d'Afrique de l'Ouest (Uemoa, huit pays dont le Sénégal et la Côte d'Ivoire).
L'activation de la signature de l'Accord préférentiel commercial et d'Investissement paraphé en novembre 2008 avec l'Uemoa est une condition nécessaire pour la promotion de la coopération Sud-Sud tant souhaitée. Il s'agit d'un accord qui s'inscrit dans un cadre gagnant-gagnant, conformément à la démarche du Royaume visant à renforcer l'intégration régionale et à assurer une asymétrie en faveur des pays africains appartenant au groupement Uemoa.