L’anesthésie générale est un état comparable au sommeil produit par l’injection intraveineuse de médicaments ou par la respiration de vapeurs anesthésiques. Elle permet de supprimer la sensation de douleur ainsi que les réflexes moteurs d’une personne, afin de permettre la réalisation de l’acte chirurgical. L’anesthésie est donc une perte de la conscience, de la motilité et de la sensation douloureuse, laissant subsister les fonctions automatiques essentielles (battements cardiaque et respiratoire).Toutefois, cet acte médical censé être simple suscite encore une certaine appréhension à l’idée de perdre conscience avant une intervention et n’est jamais vécu comme un acte anodin. Un grand nombre de patients devant subir un acte chirurgical avouent craindre l’anesthésie générale.
La peur la plus fréquente est celle de ne jamais se réveiller. Notre corps est inerte, notre conscience partie on ne sait où…«Je dois subir une opération sous anesthésie générale dans quelques jours et j’en ai une peur panique. Je me suis imaginée tous les scénarios catastrophes : J’ai peur de ne pas me réveiller, de reprendre conscience pendant l’opération, ou seulement dans 50 ans, de faire une crise cardiaque, une allergie ou une crise d’asthme… on entend tellement de choses sur les risques de l’anesthésie générale et les anesthésistes que je panique à l’idée que ma vie dépende d’une personne dont je ne connais pas les compétences», indique Rajaâ, 36 ans. Rajaâ a-t-elle raison de s’inquiéter comme ça ? Non, si l’en croit les professionnels du métier.
En effet, les anesthésistes persistent et signent : la sécurité anesthésique s’est considérablement améliorée au cours de ces dernières années et l’anesthésie n’est directement liée aux risques respiratoires et cardiaques que très rarement.
En général, les anesthésies générales n’entraînent que des effets secondaires peu importants comme des nausées et vomissements, des sensations d’engourdissement des membres, des irritations de la gorge dues à l’intubation, des rougeurs ou douleurs au niveau de l’injection de l’anesthésiant, des difficultés de concentration ou des pertes de mémoire passagères… Cependant, les patients craignent des risques plus sérieux comme une réaction allergique à l’anesthésiant, un arrêt cardiaque, voire une asphyxie. «On entend beaucoup parler de problèmes de dosage dans les injections d’anesthésie générale et ce n’est pas du tout rassurant», insiste Rajaâ. Les risques respiratoires, cardiaques ou neurologiques sont, souvent, liés à l’état de santé du malade. Ce qui incombe au médecin-anesthésiste de bien se renseigner sur l’état de santé du malade et d’être au courant de ses antécédents médicaux afin d’éviter des complications post-chirurgicales liées directement à l’anesthésie.
Outre l’anesthésie générale, la péridurale, technique analgésique péridurale lombaire utilisée lors de l’accouchement par voie basse, est source de cauchemars pour beaucoup de femmes enceintes. Des craintes exagérées, selon Rachid Bennis, médecin-anesthésiste qui affirme que la péridurale ne comporte pas plus de risque qu’une anesthésie générale. Elle a ses propres risques, mais qui sont vraiment faibles. «Ces risques sont la ponction de la dure-mère qui provoque des maux de tête, certainement inconfortables, mais sans gravité, l’hématome qui se voit surtout chez les personnes sous anti-coagulants, une atteinte neurologique exceptionnelle ou une infection», précise-t-il. Et d’ajouter : «Comme dans toute chose, le risque zéro n’existe pas, mais ces techniques ont permis d’améliorer largement le confort et la sécurité des patients. L’essentiel est de proposer au patient la technique anesthésique la plus adaptée à son état et comportant le moins de risque possible».
Explications : Rachid Bennis, médecin anesthésiste
«Les accidents ont souvent des causes multiples»
❶ On entend dire que l’anesthésie peut présenter des risques importants pour la santé du patient comme les problèmes respiratoires, cardiaques, voire le décès. Jusqu’à quel point ces rumeurs sont-elles avérées ?
Comme tout geste médical, l’anesthésie comporte des risques, mais contrairement à ce qui est dit ces derniers sont statistiquement faibles.
Au Maroc, nous ne connaissons pas les chiffres des accidents anesthésiques. La sécurité anesthésique s’est certainement améliorée au cours de ces dernières années avec la formation de nouveaux médecins-anesthésistes-réanimateurs bien que le nombre de médecins reste encore largement insuffisant. Il existe encore des établissements publics ou privés qui n’ont pas de médecins-anesthésistes, ce qui est une défaillance grave dans notre système de santé. La Société marocaine d’anesthésie-réanimation a établi des recommandations concernant la sécurité anesthésique qui offrent un référentiel aux médecins et aux pouvoirs publics pour l’amélioration de la sécurité anesthésique. Nous avons encore besoin d’une réglementation et d’une action politique similaire à ce qui a été fait en France pour une meilleure gestion du risque dans établissement publics et privés.
❷ Quels sont les vrais risques que peut engendrer une anesthésie ?
Il existe des risques respiratoires, cardiaques, allergiques ou neurologiques.
Ces accidents peuvent être effectivement liés uniquement à l’anesthésie comme les risques allergiques, mais souvent ils ont des causes multiples. Ils peuvent être liés à l’état du patient et aux maladies qu’il porte ainsi qu’à la chirurgie qu’il doit subir. Il est souvent difficile de faire la part de responsabilité de chaque partie, les choses étant tellement interdépendantes.
❸ Qui sont les personnes à risque ?
Les sujets les plus exposées sont certainement les personnes âgées, les enfants en bas âge et surtout les personnes ayant des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, la maladie cardiaque ou respiratoire. Les personnes allergiques sont également à grand risque. Une prise en charge adaptée leur est nécessaire.
❹ Quelles sont les précautions qu’un anesthésiste doit prendre ?
Un anesthésiste doit s’attacher à réduire le risque à deux niveaux. Il doit agir sur le risque système dont nous avons déjà parlé. Il doit s’attacher à organiser son activité de manière à ce que l’organisation au bloc opératoire et en salle de réveil limite au maximum les risques d’accidents ou d’incidents. Il doit prendre connaissance des problèmes de santé de son patient au cours d’une consultation pré-anesthésique réalisée plusieurs jours avant l’intervention et qui lui permettra de préparer son patient à l’intervention. Il adaptera son anesthésie à l’état de santé de ce dernier.