Bonne nouvelle ! Le Festival national des arts populaires (FNAP) fait son entrée, très attendue depuis des années, au Forum européen des festivals de musique du monde. «C’est un honneur aussi bien pour le festival que pour la ville de Marrakech qui l’accueille chaque année», déclare Brahim El Mezned, directeur artistique du FNAP et expert en musiques du monde. Organisé annuellement depuis 48 ans à Marrakech, cet événement, le plus ancien festival du Maroc, est une vitrine de l’art populaire marocain dans son ensemble, ses musiques, ses métiers d’art, ses produits du terroir. Cette adhésion du FNAP au Forum est également une récompense pour les efforts fournis depuis des années par la Fondation des festivals de Marrakech dans le domaine de la sauvegarde et la promotion des arts populaires. Un héritage inestimable et pourtant si fragile, selon Brahim El Mezned. «Les arts populaires sont aujourd’hui en péril. La relève n’est plus assurée, les répertoires s’appauvrissent, les femmes sont de plus en plus absentes des troupes et les fabricants d’instruments de musique disparaissent l’un après l’autre.
À titre d’exemple, dans tout le Maroc, il ne reste plus qu’un seul fabricant de rebab», se désole-t-il. Compte tenu de l’importance que revêt ce vieux patrimoine dans le paysage artistique du Maroc, le FNAP, ce moussem des temps modernes, souvent confronté à l’usure du temps, se voit plus que jamais appelé à assumer une responsabilité qui dépasse largement le cadre de l’attraction touristique : l’image de l’identité nationale. Il s’agit donc de participer activement à la fois à la cohésion sociale et à la dynamique culturelle et économique du pays. Cela se traduit par la philosophie des folklores marocains et leur pluralité, mais aussi par les valeurs de respect, de modernité et d’art du partage que ceux-ci véhiculent. Pourtant, ces traditions voient leur pérennité menacée par les défis de l’urbanisation et de la mondialisation d’une part et la mutation que vit la société marocaine. «Il est aujourd’hui urgent de sensibiliser les citoyens et les décideurs aux menaces qui pèsent sur ce patrimoine et d’agir pour revaloriser ces arts fondateurs de la culture marocaine. C’est une priorité pour l’identité du pays, mais aussi une grande opportunité qui se présente.
À nous d’en faire un levier économique et social dans le cadre du tourisme culturel durable», suggère Karim El Achak, président de la Fondation des festivals de Marrakech. C’est dire que pour la sauvegarde et la promotion des arts populaires, œuvrer sur le long terme demeure une nécessité. Dans cette optique, à travers un programme ambitieux, la Fondation des festivals de Marrakech propose une plateforme pour un vaste projet : la création d’une «Cité des arts populaires». Première du genre, cette institution comprendra un centre de conférences, un théâtre, des studios de répétition et d’enregistrement, une résidence artistique et hôtelière, un centre de documentation et d’archives, une médiathèque, un fonds numérique ou encore un musée et des ateliers dédiés aux costumes et aux instruments. Un projet généreux qui viendrait à point nommé protéger ces arts populaires, dans leur acception la plus large, du spectre de la perte et de l’oubli. Car c’est «nous tous, Marocains et citoyens du monde, qui avons tout à perdre à les voir disparaître», conclut Brahim El Mezned.
