Les groupes parlementaires de l’opposition continuent de jouer la même partition, en boycottant aujourd’hui pour la troisième fois consécutive la séance mensuelle consacrée à la politique générale, en guise de protestation contre la répartition du temps de parole entre le chef du gouvernement et les députés. Jusque-là, l’opposition et la majorité ne sont pas parvenues à un terrain d’entente, malgré les réunions marathoniennes tenues dans le cadre de la réforme du règlement intérieur de la Chambre des représentants. Le bras de fer continue en dépit du vote du texte en commission, mardi dernier. Les parlementaires du RNI, du PAM, de l’USFP et de l’UC estiment que rien n’a changé. Au contraire, la déception a été au rendez-vous, car ils n’ont pas réussi à faire passer leur proposition d’amendement stipulant l’octroi à l’opposition de la moitié du temps de parole lors de la séance mensuelle. Chaque partie campe sur sa position depuis de longs mois. La majorité, en raison de sa force numérique, a réussi, au moment du vote, à imposer sa version qui accorde au chef de l’Exécutif la moitié du temps de parole.
Les députés de l’Istiqlal ont voté en faveur de cette disposition alors que les parlementaires de l’opposition s’attendaient à ce que les amis de Hamid Chabat les soutiennent, à la suite des derniers développements sur la scène politique. Les héritiers de Allal El Fassi s’engagent à rester fidèles à la majorité tant que leurs ministres sont toujours au gouvernement, malgré l’acceptation de leur démission par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «À l’instar de nos ministres, nous sommes aussi dans le cadre de l’expédition des affaires courantes. Politiquement, nous devons nous conformer aux décisions de la majorité jusqu’à la sortie de nos ministres du gouvernement», souligne au «Matin» le président du groupe parlementaire istiqlalien de l’Unité et de l’égalitarisme à la Chambre des représentants, Noureddine Mediane.
Cet engagement semble, néanmoins, avoir ses limites. En effet, à l’instar des groupes de l’opposition, ils ont décidé de boycotter la séance mensuelle de la politique générale, bien que les raisons soient différentes. Le parti de la balance affiche son mécontentement de l’intervention «musclée» de Abdelilah Benkirane contre son groupe parlementaire lors de la dernière séance mensuelle à la Chambre des conseillers. Rappelons que le chef du gouvernement avait adopté un ton sarcastique, appelant les parlementaires de l’Istiqlal à ne pas se précipiter pour jouer le rôle de l’opposition alors que leurs ministres demeurent toujours dans le gouvernement. «À quoi vous vous opposez ? À la politique tracée par vos ministres ?» avait-il ironisé.
Le Parti de l’Istiqlal n’a pas apprécié cette réponse jugée «farouche». Le boycott de la séance de ce lundi constitue la première bataille livrée par le PI au Parlement après la démission de ses ministres. Le parti de la balance promet une opposition dynamique et forte. On s’attend à ce que la prochaine session parlementaire d’automne soit des plus animées.