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11 416 entrées pour «Al Bayra»

● «Al Bayra», le dernier long métrage de Mohammed Abderhamane Tazi, actuellement en salles, a réussi à conquérir les cinéphiles marocains.
● Le réalisateur, qui aborde une fois de plus un sujet traditionnel sur le ton de la dérision, fait mouche et rappelle le dynamisme actuel du cinéma marocain.

11 416 entrées pour «Al Bayra»
Salah Eddine Benmoussa, dans le rôle de notaire traditionnel et Farida Bouazzaoui dans celui d’une hôtesse de l’air vieille fille.

Neuf ans après son très réussi long métrage : «Les voisins d’Abou Moussa», réalisé en 2003, le cinéaste marocain Mohammed Abderrahmane Tazi retrouve le grand écran avec une comédie, «Al Bayra». Dialogues justes, acteurs émouvants, ce nouvel opus, en salles actuellement, a tout d’un bon film. Le succès immédiat a bousculé l’ordre du box-office marocain. Chiffre à l’appui, «Al Bayra» a conquis le public avec 11 416 entrées. Il occupe ainsi la cinquième position derrière respectivement «Zéro» de Noureddine Lkahmari (127 157), «Les chevaux de Dieu» de Nabil Ayouche (69 180), «Road to Kaboul» de Brahim Chkiriavec (26 933) et «Les Mécréants» de Besri Mohcine (21 097).

Le film avait déjà remporté un franc succès auprès des cinéphiles lors de sa projection dans la section «Coups de cœur» de la 12e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Il a été également sélectionné pour la compétition officielle du Festival national du film de Tanger. Produit par la SNRT et Arts et techniques audiovisuels (ATA), «Al Bayra» met aux prises une brochette d’acteurs, dont Salah Eddine Benmoussa (Haj Mokhtar), Malika Omari (Lalla Lkamla), Naïma Ilias (Lalla Lbahia). De jeunes acteurs, comme Farida Bouazzaoui (Marzaka), Zineb Samara (Hadda), leur emboîtent le pas dans cette comédie savoureuse. «Dès les deux premières lectures du scénario, j’ai déjà commencé à imaginer les acteurs qui allaient camper les personnages du film. Pour le personnage de Mokhtar, par exemple, j’ai pensé à Bachir Skirej et Salah Eddine Benmoussa. J’avais le choix entre les deux. Mais comme le premier n’était pas disponible, j’ai opté pour le second qui était tout indiqué pour camper le rôle du notaire traditionnel. Et de même pour les autres acteurs», nous confie le réalisateur du film Mohammed Abderrahmane Tazi.
Selon le synopsis du film, Mokhtar, un adel (notaire traditionnel) sexagénaire, célibataire, misogyne et héritier doit honorer le testament de son frère décédé et faire valoir ses droits de tutelle, selon les dernières volontés du défunt. Il doit trouver coûte que coûte un mari à sa nièce Marzaka, hôtesse de l’air frisant la trentaine, afin de la soustraire au vil destin de «Bayra», autrement dit jeune vieille fille. Commence alors le casting de l’heureux élu de la «bayra». Et c’est là où le film s’ouvre sur une bonne série d’aventures empreintes de gags qui nous font passer du rire aux larmes et vice versa.

Les critiques s’accordent à dire que «Al Bayra» prouve que le cinéma marocain est capable de produire de beaux films. En effet, il est un de ces longs métrages qui, derrière une apparente austérité, brillent et éblouissent. Même ancré dans la culture populaire, ce film est profond, novateur et touchant. En un mot : comme on aimerait en avoir plus. Son réalisateur, lui, ne se perd pas dans des considérations inutiles, mais va droit au but. «Je puise largement mon inspiration dans la culture populaire, notamment dans sa dimension urbaine. Mon but c’était de faire un film qui mettrait à nu cet aspect traditionnel de la vieille jeune fille souvent assujettie à des supputations déconcertantes. Non seulement c’est mal vu, mais cela prend l’allure d’une malédiction, dont la fille en question et sa famille sont victimes. Et cela ouvre la porte à l’interprétation parfois vagabonde des intrus», ajoute-t-il.

Pas d’effets spéciaux, ni de rebondissement spectaculaire, mais des dialogues vrais et touchants, qui font toute la force de cet opus. Filmé sans effets, loin même d’être embourbé dans un esthétisme exagéré, ce film se démarque grâce justement à sa simplicité impressionnante. Il n’y a que des mouvements fluides qui guident les acteurs, avec comme dominante : un humour fassi, bourgeois et un brin misogyne. «Avec cette nouvelle comédie, Tazi reste fidèle à son credo. Il ne cesse en effet de répéter que le cinéma marocain est soit trop sérieux, soit trop triste. Le réalisateur défend depuis plusieurs années déjà l’idée de la nécessité d’un cinéma de divertissement populaire qui puise dans le patrimoine et dans les traditions marocaines», déclare Mohamed Bakrim, critique de cinéma, en routard avisé de la scène cinématographique marocaine. Bref «Al Bayra», cette comédie, est une joie de vivre communicative qui a réussi largement à réconcilier le public marocain avec son cinéma.

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