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«Le Sénégal continuera à se battre pour que le dossier du Sahara ne soit pas examiné par l’Union africaine»

Les relations entre le Maroc et le Sénégal sont au beau fixe. Mais les deux pays veulent faire mieux. L’espoir est de pouvoir hisser la coopération économique au niveau des relations politiques séculaires. Jusque-là, les échanges commerciaux demeurent encore faibles au regard des énormes potentialités qui existent de part et d’autre. C’est en substance le message véhiculé par l’ambassadeur du Sénégal au Maroc, Amadou Sow. On s’attend à ce que la visite du Président du Sénégal Macky Sall au Maroc, qui débute aujourd’hui, impulse une nouvelle dynamique au partenariat maroco-sénégalais. Plusieurs accords de coopération seront signés.

«Le Sénégal continuera à se battre pour que le dossier du Sahara ne soit pas examiné par l’Union africaine»
Amadou Sow, ambassadeur du Sénégal au Maroc

Le Matin : Quelles sont les attentes de la visite du Président de la République du Sénégal Macky Sall au Maroc ?
Amadou Sow : Cette visite arrive à son heure. Depuis son accession à la présidence du Sénégal, le Président Macky Sall avait voulu immédiatement effectuer une visite au Maroc. Mais des contraintes sous-régionales et de voisinage l’ont pratiquement bloquée. Entre temps, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a effectué une visite en plusieurs pays d’Afrique, dont le Sénégal.
Suite à cette visite mémorable, le Président Macky Sall vient au Maroc pour rencontrer Sa Majesté le Roi
Mohammed VI. La visite de Macky Sall au Maroc s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations séculaires qui ont toujours existé entre le Sénégal et le Maroc. L’objectif est de s’entretenir sur des questions d’intérêt commun aussi bien sur le plan africain qu’international. Il s’agit également de venir explorer les voies et moyens à mettre en œuvre pour que les relations séculaires puissent se traduire également au niveau du partenariat économique. Le Président viendra accompagné d’une forte délégation ministérielle.
Quels sont les accords qui seront signés lors de la visite du chef d’État sénégalais au Maroc ?
Le programme sera très riche. Plusieurs accords seront signés, dont un accord de coopération entre le Conseil économique et social du Sénégal et le Conseil économique, social et environnemental du Maroc. Un autre accord est relatif à l’assistance mutuelle administrative et douanière. Il permettra de booster les relations économiques entre les deux pays.
Il est également prévu de signer un accord très important portant sur la coopération islamique. Le tourisme est aussi concerné par la conclusion des accords.
On note aussi un mémorandum d’entente sur le transport maritime. Ce secteur est capital dans les relations entre les deux États. Le Maroc et le Sénégal sont reliés par la voie routière. Mais ce transport est généralement très coûteux et se répercute sur le coût des marchandises transportées de part et d’autre. Ainsi, nous avons toujours travaillé pour que la ligne maritime entre le Maroc et le Sénégal puisse être ressuscitée. Elle permettra de transporter des quantités beaucoup plus importantes et à moindre coût. En réalisant une économie d’échelle, je pense que les produits marocains et sénégalais pourront être beaucoup plus compétitifs.
Dans le programme prévisionnel figure un autre accord entre la caisse de dépôt et de consignation du Sénégal et la caisse de dépôt et de gestion du Maroc. Cet accord est déjà prêt et pourrait faire l’objet de signature entre les deux parties.
Le domaine de l’aquaculture n’est pas en reste. Un accord portant sur le secteur pourrait être signé lors de la visite du Président Macky Sall. Le Maroc a une solide expérience dans ce domaine.
Le Sénégal est également en train de faire des pas assez importants en la matière. À cela s’ajoute un accord dans le domaine du sport.

Le Sénégal a toujours soutenu la marocanité du Sahara. Cette position sera-t-elle également réitérée lors de cette visite ?
Le Président viendra réitérer la position sans équivoque du Sénégal sur le dossier du Sahara. Macky Sall a toujours considéré que cette affaire est une question très simple, car elle est évidente. Mais elle a été complexifiée par les adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc. Il s’agit d’une conviction profonde du Sénégal. En témoigne la position du Sénégal qui n’a souffert d’aucune ride en dépit la durée de ce conflit artificiel. Elle est restée intacte. Et à chaque fois que l’occasion nous est donnée dans les instances internationales, le Sénégal défend cette conviction profonde.
Le Président vient également dire à Sa Majesté que la position qu’a adoptée le Sénégal lors du dernier sommet des chefs d’État et des gouvernements qui s’est tenu à Addis Abeba sera réitérée. Il n’est pas question pour le Sénégal que l’Union africaine puisse discuter un dossier dont elle n’a pas la charge. Le dossier a été transféré à l’ONU qui est en train de chercher les voies à explorer et les moyens à mettre en œuvre pour trouver une solution politique. Depuis très longtemps, l’union africaine n’avait pas discuté ce dossier. Aujourd’hui, il se trouve que des changements sont intervenus au niveau de l’ossature de l’organisation de l’union africaine et comme par enchantement le dossier a été ressuscité et posé sur la table. Nous considérons que ce n’est pas le moment de discuter de ce dossier qui ne peut pas être réglé par l’Union africaine. Le Sénégal va continuer de se battre pour que ce dossier ne soit jamais examiné par l’union africaine. La proposition marocaine d’accorder une autonomie de gestion élargie aux provinces du Sud est la seule solution réaliste pour sortir de cette crise.

Les relations politiques entre le Maroc et le Sénégal sont au beau fixe. Mais le partenariat économique reste en deçà des aspirations des deux parties. Comment faire pour le renforcer ?
Le constat est pertinent. Le Sénégal et le Maroc entretiennent d’excellentes relations politiques. Cependant, c’est au niveau des relations économiques que des efforts substantiels doivent être déployés pour que justement ces relations économiques soient hissées au niveau de l’excellence des relations politiques. C’est dire donc que les échanges commerciaux demeurent encore faibles au regard des énormes potentialités qui existent de part et d’autre.
Avec un volume d’échanges de 122 millions de dollars (environ 61 milliards de francs CFA) en 2011, le Sénégal demeure, malgré tout, le premier partenaire commercial du Maroc en Afrique de l’Ouest.
Pour renforcer le partenariat économique, il faut absolument que les deux États s’engagent résolument, comme l’avait préconisé un ministre marocain en visite au Sénégal, vers la création d’un bloc de convergence de développement de la zone UEMOA et de l’espace CEDEAO, puisque la convention d’établissement, signée en 1964 entre les deux pays, garantit le traitement national aux entreprises marocaines installées au Sénégal et vice-versa. Ce même hub Maroc-Sénégal au niveau du continent africain, dans les principaux domaines de coopération (c’est à dire les transports aériens, maritimes et terrestres ainsi que la logistique), doit également être exploré. Il faudrait également que les deux États travaillent pour une amorce de nouveaux grands dossiers qui devront permettre de fluidifier les relations commerciales et de partenariat entre le Maroc et le Sénégal. Il s’agit, enfin, de créer les conditions à même de faciliter la création d’entreprises conjointes, mais aussi de joint-ventures entre les industries marocaine et sénégalaise pour une plus grande compétitivité.

Quels sont, à votre avis, les secteurs de partenariat bilatéral à renforcer ?
Les opportunités sont importantes et diversifiées et les hommes d’affaires marocains sont déjà bien présents dans les secteurs structurés de la banque avec Attijariwafa, la BMCE, etc., de l’électrification rurale avec ONE (Office national d’électricité), de l’industrie pharmaceutique, mais également dans le secteur informel avec l’artisanat et les produits agricoles.
Un développement des relations économiques entre les deux pays passera nécessairement par le renforcement de la coopération dans un certain nombre de domaines.
Je pense à l’agriculture, l’énergie où le Maroc joue actuellement un rôle de pionnier avec la construction de la plus grande centrale solaire du monde à Ouarzazate, les BTP avec une présence plus marquée des entreprises BTP de référence du Maroc, le secteur minier, l’agrobusiness et les circuits intégrés et modernes de distribution.

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