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«Nous sommes dans un schéma d’industrie financière résiliente»

Le marché de la gestion des actifs au Maroc se développe toujours, en dépit des effets incessants de la crise qui sévit à l’international. Le point sur cet environnement financier sensible avec Amine Amor, président l’ASFIM (Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains).

«Nous sommes dans un schéma d’industrie  financière résiliente»
«Notre environnement est à l’intersection des mouvements qui s’opèrent sur les marchés internationaux et des effets internes induits par la politique des finances publiques».

Le Matin : la volatilité actuelle des marchés donne des soucis aux investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou particuliers. Pour autant, il s’avère difficile d’établir des projections sûres à partir de schémas d’activités aléatoires. Avant d’aborder le bilan de 2012, quel regard portez-vous, en ce début 2013, sur le métier de la gestion du patrimoine au Maroc ?
Amine Amor : il est vrai que nous vivons en ce moment dans un contexte fortement impacté par la morosité macro-économique. Mais nous sommes dans un schéma d’industrie financière résiliente. Il faut garder à l’esprit que la gestion de l’épargne est un exercice qui s’appréhende sur les moyen et long termes et non pas sur l’horizon immédiat. Nous sommes ainsi, en tant que professionnels de la gestion financière, dans une posture de travail qui transcende le quotidien pour se projeter sur l’année, voir sur les années à venir. C’est une visibilité stratégique sur l’avenir et non un pilotage au jour le jour. De surcroît, notre environnement est à l’intersection des mouvements qui s’opèrent sur les marchés internationaux, et des effets internes induits par la politique des finances publiques. Tous ces facteurs produisent un effet mécanique à la fois sur la valorisation des actifs que nous gérons et sur le comportement des investisseurs qui interviennent dans cet environnement. Disons que les marchés sont effectivement perturbés en ce moment, mais c’est une situation somme toute normale compte tenu des cycles qui structurent continuellement les activités dans la finance.

Si l’on dresse un bilan global sur l’année 2012, on constate que l’encours net des actifs gérés avoisine les 242 milliards de DH, contre 231 milliards de DH à fin 2011. À fin février 2013, le niveau était de 231,56 milliards de DH. Peut-on parler de stagnation ?
Notre industrie a connu une croissance à deux chiffres pendant de longues années. C’est un fait qu’il faut garder à l’esprit quand on se livre aux exercices de bilans. Que cette croissance s’infléchisse aujourd’hui ou que le trend des performances soit un peu moins marqué, c’est un phénomène à caractère cyclique qui est tout à fait normal dans le contexte de ralentissement économique que nous connaissons. Pour autant, les investisseurs continuent toujours de faire confiance aux professionnels de la gestion de l’épargne et le cercle de ces derniers ne cesse de s’élargir puisque nous sommes passés aujourd’hui à dix-huit membres fédérés par notre Association des Sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains. Nous avons d’ailleurs été rejoints, pour la première fois, par trois cabinets d’experts marocains et internationaux, qui apportent à notre groupement une plus-value intellectuelle et technique au plan du conseil fiscal et juridique, mais également en termes de bonnes pratiques de gouvernance et d’organisation.

La fiscalité appliquée aux opérations de gestion du patrimoine vous paraît-elle appropriée aujourd’hui ?
Le débat s’anime toujours quand on aborde les questions fiscales, quel que soit le secteur d’activité auquel on fait référence. Pour notre part, nous avons toujours estimé qu’il fallait penser un jour à aligner enfin la fiscalité appliquée aux opérations de placement, dans notre métier, sur le dispositif fiscal qui régit la bancassurance, ou du moins sur certains types de contrats d’assurance. C’est une question de cohérence, de bon sens. En tout cas, notre Association œuvre dans cette direction pour obtenir une harmonisation en termes de régime fiscal.

Est-ce que vous êtes écoutés par les pouvoirs publics ?
Je répondrai en disant que nous sommes conscients des grandes priorités qui s’imposent actuellement à notre pays et que nous demeurons lucides quant aux niveaux des urgences… Cela dit, nous discutions régulièrement avec le CDVM et la Direction générale des Impôts et, sur un plan plus large, avec le ministère des Finances pour traiter les dossiers qui nous paraissent suffisamment sensibles pour monter au créneau.

Dans le microcosme financier où vous évoluez, est-ce que les interconnexions fonctionnent bien entre les nombreux intervenants, à commencer par le Conseil déontologique des valeurs mobilières, la Bourse des valeurs de Casablanca, le Dépositaire central, les sociétés de Bourse, Bank Al-Maghrib, le ministère de tutelle, etc. ?
Les rôles sont clairement définis et les rapports fonctionnent d’une manière normale. Le Conseil déontologique des valeurs mobilières veille de très près à l’intégrité et à la sécurité de l’épargne. Chacune des opérations réalisées par les gestionnaires et chaque stratégie d’investissement mise en œuvre sont regardées à la loupe par le Conseil afin de garantir, in fine, une totale sécurité à l’acte d’épargne, celui-ci restant bien sûr, rappelons-le, un acte fondamental dans notre modèle économique.

Notre dispositif réglementaire comporterait donc suffisamment de garde-fous pour prévenir chez nous le genre de dérives qui ont secoué certains marchés financiers internationaux ?
Oui. De toute manière, les opérations de placement à l’international sont rigoureusement contrôlées grâce notamment à l’action de l’Office des changes. Il faut en effet souligner que les dispositions légales limitent à 10% la «fenêtre» maximale qu’il est possible d’ouvrir pour un gestionnaire de fonds en termes d’investissement international.
Et encore, existe-t-il des pays et des types d’activités dans lesquels il n’est pas possible de réaliser des placements par mesure de sécurité et par engagement sur des conventions internationales. En d’autres termes, l’épargne reste au Maroc dans une proportion d’au moins 90% et est suivie de très près par les autorités du marché.

Ceci expliquant peut-être cela, les garde-fous réglementaires amènent-ils les investisseurs personnes physiques à adopter un comportement responsable face à des produits financiers parfois complexes ?
La même logique vaut pour les produits dits structurés comme pour les produits classiques : un comportement responsable, des objectifs raisonnables et une stratégie de placement fondée sur la performance, certes, mais aussi la prudence. Il va de soi que le rendement n’est pas le même lorsqu’il s’agit de placements à court terme avec des prises de risque élevées. À l’inverse, les placements sécurisés à moyen et long termes ont un rendement moins élevé, mais sans risque.
Une gestion «bon père de famille», comme on dit. Notre travail, en tant que professionnels, c’est précisément d’apporter du conseil sur mesure à l’investisseur afin de lui permettre d’optimiser son portefeuille et de faire fructifier son épargne en toute sécurité. Nous avons dans nos offres de services financiers toute la gamme de produits qu’on peut imaginer sur les marchés modernes. Nous accompagnons l’investisseur en fonction de ses objectifs et de ses moyens. Et quels que soient ces derniers, notre souci permanent reste la sécurité et le développement des fonds investis. 

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