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Les souks hebdomadaires entre urbanisation et délocalisation

Jadis, rendez-vous incontournable pour une grande majorité de la population rurale et urbaine, les souks hebdomadaires se déclinent de plus en plus dans les villes au profit de l’urbanisation.

Les souks hebdomadaires  entre urbanisation et délocalisation
Si les souks hebdomadaires ne font plus partie du mode de vie de la population urbaine, c’est parce qu’il en existe de moins en moins dans les villes.

Qui a dit que les souks hebdomadaires n’étaient plus tendance dans le milieu urbain ? Les quelques souks qui continuent leur activité à proximité des villes attirent toujours les masses. C’est le cas, par exemple, du souk hebdomadaire de Témara qui «ouvre ses portes» tous les samedis. Un rendez-vous immanquable pour les habitués si l’on se réfère à la foule présente sur les lieux et au nombre impressionnant de voitures sur les parkings. «On trouve de tout dans ce souk : fruits, légumes, viandes, gadgets et surtout des vêtements et des chaussures importés de l’étranger. Il y a tellement de marchandises qu’on peut passer la journée sans s’en rendre compte et sans avoir le temps de s’ennuyer. Et lorsqu’on a une petite faim, on va manger des grillades chez l’un des bouchers du souk», confie Hanane.

«J’habite à Rabat et je viens ici de temps en temps. Les prix des fruits et légumes sont nettement moins chers et de meilleure qualité que ceux vendus dans mon quartier. Mais ce qui me tente le plus, ce sont bien évidemment les vêtements. Le souk hebdomadaire est l’endroit idéal pour faire de bonnes affaires. Je fouille bien dans ces grandes montagnes de vêtements jusqu’à ce que je trouve ce que je cherche. J’apporte ces vêtements au pressing et ils en ressortent comme s’ils étaient neufs. De beaux habits à des mini-prix, pourquoi s’en priver alors ?», raconte Samira. Et d’ajouter : «Cependant, le souk hebdomadaire a quand même perdu de son authenticité et de son charme, sans parler de l’insécurité qui y règne. Je me rappelle lorsque j’étais petite, j’adorais aller au souk avec mes parents, il y avait plein de choses à découvrir et on avait le droit de manger autant de sucreries qu’on désirait. Aujourd’hui, mes enfants refusent de m’y accompagner. C’est normal, les souks ne font pas partie de leur mode de vie».

Si les souks hebdomadaires ne font plus partie du mode de vie de la population urbaine, c’est parce qu’il en existe de moins en moins dans les villes. Un grand nombre d’entre eux a été soit délogés, comme «Souk Sabt» de Témara, «Sbite» de Casablanca ou «Souk Lakhmiss» à Salé, soit complètement rasés comme «Souk Larbaâ» à Casablanca et «Souk Laghzal» à Rabat. «Les temps ont changé et le souk a perdu de son intérêt, il n’a plus sa place dans les villes. Les autorités veulent se débarrasser de nous et récupérer les terres sur lesquelles on travaille pour construire des immeubles et agrandir les villes. Ils considèrent que nous entachons l’image des métropoles. La dernière fois, ils nous ont déplacés, la prochaine fois ils vont raser le souk comme ce qu’ils ont fait à Casablanca ou Rabat», explique Lahcen, vendeur au «Souk Sabt». Et d’ajouter : «Je ne sais pas ce que je vais devenir s’il est détruit. Il n’est pas facile de trouver une place sur un autre souk, la concurrence est rude».

Pour faire face à l’urbanisation qui les a rattrapés et tenter de s’intégrer dans le moule, certains souks ont perdu leur principale particularité : hebdomadaire, pour devenir des souks quotidiens. C’est le cas par exemple, du «Souk Lbitat», «Souk Lamharig» à Rabat, ainsi que d’autres souks à Kénitra et à Mohammedia. «Nous n’avions pas le choix. Soit nous proposions des marchandises de manière quotidienne, soit nous devions quitter la ville et chercher un emplacement dans un souk ailleurs», souligne Mohamed, vendeur dans un souk à Rabat. «Le souk est ouvert tout au long de la semaine. Toutefois, les nouvelles marchandises ne sont exposées que les samedis. C’est une manière de conserver le côté hebdomadaire du souk, même si nous avons dû nous plier aux exigences des temps modernes et donc d’ouvrir chaque jour», indique un autre vendeur à Kénitra.

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