Une des premières distinctions entre les bactéries et les virus concerne la taille. En effet, les plus petites bactéries jamais observées mesurent environ 0,1 à 0,2 micromètre tandis que le virus, lui, ne dépasse pas le nanomètre : «le virus est mille fois plus petit que la plus petite bactérie» intervient le docteur Jalal Nourlil, responsable du Laboratoire de virologie médicale & de biosécurité de l’Institut Pasteur à Casablanca. Les deux sont donc invisibles à l’œil nu.
Virus et bactéries sont encore différents sur le plan biologique. «La bactérie est un organisme vivant, pouvant vivre d’une façon autonome», poursuit le responsable. Ainsi, elle est capable de se déplacer, de respirer et de se reproduire seule, par division cellulaire. Le virus, quant à lui, se conduit comme un parasite. Sans une cellule hôte, il meurt : «à l’inverse de la bactérie, le virus est une entité biologique, non vivante qui a besoin d’infecter une cellule hôte pour utiliser sa machinerie. Le virus n’a pour objectif que d’envahir les cellules pour s’y multiplier». Sur le plan de la forme, la bactérie peut être «sphérique, allongée (en bâtonnets) ou plus ou moins spiralée». À noter qu’à ce jour, il en existe plus de 7 300 espèces ! Le virus, lui, «est composé d’une ou plusieurs molécules d’acide nucléique (ADN ou ARN, simple ou double brin), entourées d’une coque de protéines appelée “capside”, et parfois d’une enveloppe».
En conclusion, bactéries et virus n’ont donc rien en commun, si ce n’est (parfois) la capacité de nous rendre malades. Maintenant, que l’on connait les différences entre ces différents organismes, il est d’autant plus important de savoir s’en débarrasser… Les virus sont le siège des maladies dites «virales». «Des médicaments antiviraux permettent de perturber la réplication du virus. Une autre approche est la vaccination qui permet de résister à l’infection. Le vaccin va permettre à notre organisme de produire des anticorps qui une fois en présence du virus le détruiront alors que les antibiotiques seront totalement inefficaces».
Contrairement aux virus, les bactéries ne sont pas toutes pathogènes. Une espèce sur 5 000 l’est. Il existe donc les bonnes bactéries et les mauvaises. Les antibiotiques sont, alors le seul moyen d’éradication : «les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui, le plus souvent, inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire). Mais l’utilisation des antibiotiques doit être soumise à un contrôle médical strict afin de ne pas favoriser l’apparition de bactéries résistantes». Vous connaissez forcément les slogans : «Les antibiotiques, si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts» ou encore «Les antibiotiques, c’est pas automatique»… Dr Nourelil nous l’explique plus clairement : «en période hivernale, les Marocains utilisent les antibiotiques à la moindre suspicion d’un simple rhume ou d’un état grippal. Chez nous, 70% des médicaments sont vendus sans ordonnance. Or, une utilisation massive des antibiotiques à mauvais escient augmente la résistance des bactéries au traitement et fait courir le risque de se retrouver dans une impasse thérapeutique pour certaines maladies bactériennes». En effet, à force d’être prescrits à tort et à travers, voire en automédication, les antibiotiques ont perdu de leur efficacité. Pire, ils peuvent favoriser le développement de bactéries résistantes. De nos jours, les bactéries contre lesquelles ils sont censés lutter, comme le pneumocoque – à l’origine de certaines otites –, et le streptocoque – responsable des angines bactériennes –, résistent à leur action. Les antibiotiques ne peuvent rien face aux maladies virales (pharyngite, grippe, bronchite, la plupart des angines, etc.). Ils sont utiles seulement en cas d’infections bactériennes (pneumonie, etc.).
Quoi qu’il en soit, que vous contractiez un virus ou une infection bactérienne, ne faites rien sans l’avis de votre médecin !
Explications: Dr Jalal Nourlil, responsable du Laboratoire de virologie médicale & de biosécurité de l’Institut Pasteur à Casablanca
«La prise des antibiotiques doit être soumise à un contrôle médical strict»
❶Quelle est la différence entre un virus et une bactérie ?
Les bactéries et les virus n’ont en commun que leur capacité à transmettre des maladies à l’Homme. Les deux sont invisibles à l’œil nu et le virus est mille fois plus petit que la plus petite bactérie. Le virus est une entité biologique, non vivante qui a besoin d’infecter une cellule hôte pour utiliser sa machinerie : un virus est un parasite intracellulaire obligatoire, alors que la bactérie est un organisme vivant, pouvant vivre d’une façon autonome. Les bactéries utiles peuvent avoir un rôle dans l’organisme alors que le virus n’a pour objectif que d’envahir les cellules pour s’y multiplier. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques. Mais l’utilisation des antibiotiques doit être soumise à un contrôle médical strict afin de ne pas favoriser l’apparition de bactéries résistantes. Des médicaments antiviraux permettent de perturber la réplication du virus. Une autre approche est la vaccination qui permet de résister à l’infection.
❷Comment les contracte-t-on ?
La transmission des bactéries et des virus peut se faire par voie digestive lors d’ingestion d’eau ou d’aliments souillés (choléra, typhoïde), par voie respiratoire (légionellose, coqueluche), par voie cutanée comme une plaie souillée (tétanos), voie transcutanée (injection), par piqûre d’insecte vecteur de bactéries (peste, maladie de Lyme) ou par voie sexuelle (syphilis, urétrite gonococcique ou à Chlamydia trachomatis)
❸Quelles sont les mécanismes de défense de l’organisme ?
L’organisme humain possède ainsi une immunité très efficace face à l’infection en reconnaissant le soi du non-soi par exemple la barrière cutanéo-muqueuse (peau, sébum, muqueuse), l’inflammation (douleur, chaleur, rougeur et œdème), à ne pas confondre avec un autre mécanisme de défense : la fièvre.
❹Comment prévenir toute contamination ?
Avoir une bonne hygiène individuelle ou collective, c’est-à-dire se laver souvent les mains, utiliser de l’eau de javel et autres produits bactéricides pour l’entretien ménager. Pour éviter le contact avec l’agent infectieux dans des milieux hostiles (égouts, stations d’épuration, abattoirs, services d’urgence...), porter des gants. De même, les préservatifs isolent des agents pathogènes transmis par le sperme et les sécrétions vaginales comme le virus du Sida, mais aussi des bactéries comme le gonocoque. Les antiseptiques détruisent les bactéries au niveau d’une plaie. Et bien sûr, la vaccination…
❺Existe-t-il des endroits «insolites» où se nichent les bactéries/microbes ?
Les microbes sont présents dans presque tous les habitats existants dans la nature (même aux pôles). Des études scientifiques ont démontré la présence de bactéries dans divers endroits publics comme les toilettes, les cabines téléphoniques, les arrêts de bus, mais aussi sur des objets que nous manipulons tous les jours : les claviers de portables, d’ordinateurs et ceux des distributeurs automatiques de billets. Beaucoup de personnes ne se lavent pas les mains en sortant des toilettes, puis ils vont chercher de l’argent et laissent des germes sur le clavier en composant leur code, ou bien manipulent des billets ou des pièces de monnaie.
