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Quelle place occupe la langue française chez les Marocains ?

Dans les foyers, les établissements scolaires et le milieu de travail, la langue de Molière est presque incontournable.

Quelle place occupe la langue française  chez les Marocains ?
La diversité linguistique du pays a été mise en valeur par l’article 5 de la Constitution.

La langue française fait partie de la vie quotidienne des Marocains. C’est un héritage d’une période de colonisation durant laquelle elle avait même été proclamée langue officielle des institutions coloniales. Aujourd’hui encore, plus d’un demi-siècle après l’indépendance du pays, la langue française reste très répandue au Maroc, notamment dans les secteurs des entreprises privées et de l’éducation : les écoles intègrent à leur programme des cours de français. Les services et activités à caractère ludique (cinéma...) ou culturel (musées, etc.) font autant appel à l’arabe classique qu’au français. Il en est de même pour les médias, dont les journaux télévisés et radiophoniques.

Pendant longtemps, la langue française a même été considérée comme une langue d’élite sociale, même si cette étiquette a suscité beaucoup de débats et certaines voix se sont levées pour dénoncer l’attachement des Marocains à la langue de Molière et l’importance qu’on lui accorde et appeler à la revalorisation des langues arabe et amazighe. À l’occasion de la célébration, aujourd’hui, de la Journée internationale de la francophonie, on se pose la question : quelle place occupe la langue française au sein de la société ?

Au sein des foyers

«Généralement, on parle plus français à la maison qu’arabe dialectal. On n’en est pas fières, mais c’est une habitude qu’on a prise : à l’école on parlait français, au travail on parle français, les enfants parlent français…», confie Siham, 34 ans. Même son de cloche chez Nawfal, 40 ans. «Le français fait partie de notre vie quotidienne, mais contrairement à une certaine époque, je pense que la langue française “se démocratise” de plus en plus et ne concerne plus qu’une certaine catégorie sociale capable de suivre des études. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes ont accès à cette langue dans le cadre de leurs études, mais l’environnement familial demeure essentiel pour la bonne pratique de la langue. C’est la raison pour laquelle je n’hésite pas à parler français à la maison pour habituer mes enfants à la langue et les aider à mieux la pratiquer», souligne-t-il.

Une situation que dénonce Youssef, 36 ans, fervent défenseur de l’arabe. «Je ne comprends pas comment certaines personnes insistent à utiliser la langue française au sein de leurs foyers. On ne s’appelle pas Jacques ou Catherine, on est Marocains, musulmans, Arabes et Berbères, alors pourquoi parler une langue étrangère ? Nous devons défendre notre identité et nous attacher un peu plus à nos langues natales», fustige-t-il.

Dans le milieu scolaire

Le choix de l’école pour inscrire son enfant repose largement sur la qualité d’apprentissage de langues. Un grand nombre de parents se basent donc sur le niveau de français pour choisir l’établissement de leurs enfants. «Une bonne école pour moi est celle qui offre la meilleure qualité d’apprentissage en langues étrangères à mes enfants afin de leur garantir un meilleur avenir. C’est pourquoi j’ai choisi une école privée. Tout le monde sait qu’aujourd’hui le français dans les écoles publiques n’atteint pas le niveau escompté», se désole Fatima-Zahra.

Une baisse de niveau constaté par plusieurs spécialistes qui déplorent la chute catastrophique du niveau de la maîtrise de la langue française par les étudiants universitaires marocains. En effet, le Syndicat national de l’enseignement sous l’égide de la FDT avait souligné le problème récemment : «Jusqu’aujourd’hui, la réforme du système n’a pas produit les résultats attendus malgré l’amélioration du nombre d’élèves scolarisés. La langue française continue de vivre les mêmes difficultés avec la langue arabe. S’ajoute à cela, la monté en puissance des prédicateurs de la langue anglaise comme langue d’avenir», indique le Syndicat.

Dans le milieu de travail

Même si le niveau de la maîtrise de la langue française semble en baisse dans les établissements scolaires et universitaires, les candidats aux postes dans les entreprises privées doivent se prémunir d’une parfaite maîtrise de la langue pour pouvoir trouver un poste de responsabilité. «La maîtrise de la langue française est essentielle pour retenir un candidat, surtout pour un poste de responsabilité où il sera amené à rédiger des mails, des rapports, contacter des clients étrangers…», affirme, Mohamed, DRH dans une entreprise.
Cette situation fait que la langue de Molière est souvent très présente dans les couloirs des différentes entreprises privées. «Tout le monde ou presque ne parle que français tout au long de la journée. Ou du moins, on parle le dialecte marocain mélangé à une majorité de phrases en français», confie Zineb. Cette situation est moins fréquente dans les administrations publiques où la langue arabe est considérée comme langue officielle et régit la plupart des documents administratifs.

Par ailleurs, entre les défenseurs de l’utilisation et l’importance de la langue française dans la vie quotidienne des Marocains et ceux qui réclament le retour aux langues berbère, dialectale et arabe classique, il n’en demeure pas moins que la diversité linguistique du pays a été mise en valeur par l’article 5 de la Constitution qui stipule : «L’État veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l’apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu’outils de communication, d’intégration et d’interaction avec la société du savoir, et d’ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines». 

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