Un court métrage qui aborde le faux tabou de la main gauche à travers le vécu d’une famille. Le réalisateur montre, dans son film, combien ce don naturel peut devenir un supplice pour celui qui en a gratifié. C’est le cas de Abdelali qui a subi toutes les formes de souffrances à cause de sa main gauche. Très jeune, il est battu sur sa main gauche chaque fois qu’il s’en servira ou tentera de le faire. Car celle-ci, par réflexe, ayant toujours devancé la droite dans toutes les besognes quotidiennes que ce soit pour manger, saluer, écrire, lever le bras en classe, dessiner ou autre. Et c’est là où Abdelali sera confronté à son père, en même temps son premier maître d’école, qui a voulu à tout prix lui ôter ce comportement.
«Quand j’étais à Moscou, j’ai vu un film sur la vie d’Adolf Hitler qui était lui aussi gaucher et avait des problèmes avec son père à cause de cela. C’est là où m’est venue l’idée de proposer ce sujet au scénariste Mohamed Arious, sachant qu’il y avait chez nous beaucoup de préjugés sur les gauchers. J’ai trouvé le thème assez original et pouvait toucher le public. Ce qui m’a impressionné après la sortie du film, c’est le fait de constater que même les Occidentaux avaient, dans le passé, cette réticence envers les gauchers», souligne Fadil Chouika, réalisateur et directeur de la photo.
Après maintes recherches et discussions avec des gens âgés, le jeune Fadil est arrivé à mettre en images toutes les péripéties endurées par Abdelali face à un père très cloîtré dans ses traditions. Et ce en mettant à nu cette relation père-enfant gaucher, qualifiée de violente ayant eu un impact sur l’avenir du fils. «La main gauche» nous plonge, ainsi, dans l’univers de cette catégorie de personnes qui ont pâti de ce don naturel et dont les conséquences étaient désastreuses. C’est le cas du jeune Abdelali qui a vécu une enfance douloureuse et était tout le temps traumatisé et inculpé comme s’il avait commis un crime. Adolescent, son père lui brisa la main gauche alors qu’il pelait une orange avec cette même main. Plusieurs supplices s’en suivent. Offusqué qu’il était, Abdelali ne daignait plus montrer sa main devant son père. Une attitude qui a fait son effet sur le petit fils, lui aussi gaucher, qui a commencé à fuir son grand-père.
«J’ai voulu à travers des émotions et des faits frappants attirer l’attention sur une attitude qui n’a aucun fondement. Mais, qui peut détruire une relation normale entre un père et son fils», explique le réalisateur qui ne s’est pas arrêté là, puisqu’il a ajouté un autre drame dans son film. Celui de la perte de la main droite de Abdelali, lors de l’attentat du 16 mai alors que celui-ci dînait tranquillement en compagnie de son fils et sa femme à la Casa de Espana. «À travers ce malheur, j’ai voulu soulever plusieurs questionnements chez ce père qui s’est acharné sur son fils seulement parce qu’il est né gaucher».
