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Accueil next Michael Hoey et Karen Lunn sur le podium

Vers la création d’un Observatoire maghrébin de la sécheresse

L’initiative a été classée parmi les priorités des ministres de l’Agriculture des pays de l’Union du Maghreb arabe.

Vers la création d’un Observatoire maghrébin de la sécheresse
Le Maroc comme beaucoup de pays africains est confronté aux graves menaces de la désertification.

La Journée mondiale de lutte contre la désertification sera célébrée ce lundi 17 juin sur le thème «Sécheresse et pénurie d’eau». Aujourd’hui, face à l’augmentation de la population mondiale qui ne cesse d’accroître, l’eau douce qui représente seulement 2,5% de toute l’eau sur le Globe, s’avère très précieuse. De cette eau douce, moins de 1% est disponible pour les écosystèmes et les humains.
L’objectif de la Journée mondiale de lutte contre la désertification est de sensibiliser sur les risques de sécheresse et de la pénurie d’eau dans les zones arides et au-delà, attirant l’attention sur l’importance de maintenir les sols en santé comme partie intégrante de l’agenda post Rio 20 et de l’agenda du développement durable post-2015.
Dans ce sens, le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) a prévu deux événements.
Le premier se déroulera ce lundi 17 juin à Laayoune et l’autre aura lieu le 18 juin à Smara.
Le Maroc comme beaucoup de pays africains est confronté aux graves menaces de la désertification et de la dégradation de ses ressources naturelles : sol, parcours, couvert forestier, etc. Face à l’ampleur de ce phénomène naturel, des actions ont été réalisées. «Concernant le secteur forestier, les réalisations ont porté sur le reboisement de près de 700 000 ha, l’aménagement des bassins versants sur une superficie de près de 650 000 ha, la lutte contre l’ensablement sur près de 37 000 ha et la création de 10 parcs nationaux et de plusieurs réserves biologiques et de chasse en vue de sauvegarder le patrimoine floristique et faunistique du pays. Trois réserves de biosphères ont été créées. L’une au niveau de l’arganeraie, l’autre au niveau des oasis et une troisième à caractère intercontinental, intégrant une partie de l’Andalousie et une partie de la zone nord ouest du Maroc», a indiqué Mohamed Ghanam, chef de service de la Coordination et de suivi de la Convention de lutte contre la désertification au HCEFLCD.

Et d’ajouter : «En matière de parcours, le programme d’aménagement et de mise en valeur pastorale a permis l’amélioration de plusieurs périmètres pastoraux sur une superficie de plus de 300 000 ha et la constitution de plusieurs coopératives et groupements dans les différentes zones pastorales.»
Pour ce qui est du développement de l’agriculture, le HCEFLCD a souligné que «plus de 1 450 000 ha sont actuellement aménagés et irrigués. Par ailleurs, il y a eu la réalisation de 17 projets intégrés et la mise en œuvre d’une cinquantaine de projets de mise en valeur de terres pluviales visant la conservation des sols, et l’amélioration de la production agricole et des conditions de vie des populations concernées.» Malgré ces acquis dans la lutte contre la désertification, il n’en demeure pas moins que ces actions sont réalisées sans coordination entre les différents acteurs concernés : agriculture, environnement, recherche scientifique, etc.

Pour remédier à cette situation, un Observatoire national contre la sécheresse (ONS) a été créé en 2001, mais il est actuellement en veilleuse. «L’observatoire national de sécheresse (ONS) a toujours fonctionné sous la tutelle de l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II et a produit des éléments qui ont certainement servi au moment opportun les partenaires concernés, notamment le ministère de l’Agriculture. Les activités de cet observatoire ont été renforcées dans le cadre d’un projet maghrébin intitulé “Alerte précoce de la sécheresse”, mené par plusieurs partenaires nationaux et avec l’appui de l’Observatoire du Sahara et du Sahel, basé à Tunis ; et ce à partir de 2006. Les activités du projet ont abouti à la définition des zonages agroécologique et météorologique, la mise en place d’indicateurs de vulnérabilité structurelle et conjoncturelle, la mise en place d’un “Système de circulation de l’information” et l’élaboration d’un bulletin d’information», poursuit M. Ghanam. Les partenaires nationaux impliqués dans la mise en œuvre de ce projet sont le Centre royal de télédétection spatiale, le ministère de l’Agriculture, le Haut Commissariat aux eaux et forêt et à la lutte contre la désertification et la Direction de la météorologie nationale. Devenue structurelle, la sécheresse requiert une prise en compte accrue dans les politiques de développement des pays. «Dans le cadre de la Commission ministérielle maghrébine de sécurité alimentaire, les ministres de l’Agriculture des pays de l’Union du Maghreb arabes (UMA) ont marqué la lutte contre la sécheresse parmi les priorités de leur agenda et ont chargé le secrétariat général de l’UMA d’étudier les modalités de mise en place d’un Observatoire maghrébin de la sécheresse», souligne M. Ghanam.

QUESTIONS À: Ouiam Lahlou, enseignant-chercheur à l’IAV et spécialiste de la gestion de l’eau dans l’agriculture

«Un espace de concertation multidisciplinaire est nécessaire»

Il existe quatre formes de sécheresse : météorologique, hydrologique, agronomique et socio-économique. Actuellement, quelle forme de sécheresse menace davantage le Maroc ?
La sécheresse est un phénomène global qui s’installe progressivement dans le temps et dont la durée et la sévérité détermineront le type. Ainsi, la première manifestation de la sécheresse est un déficit pluviométrique que l’on peut qualifier de sécheresse météorologique. Si ce déficit s’installe durablement, l’humidité du sol diminue et affecte la croissance et le développement des plantes ; nous sommes alors dans le cas d’une sécheresse agricole, notamment dans les zones pluviales où s’installe en conséquence une sécheresse socio-économique qui se traduit par une réduction significative des revenus des exploitations agricoles et les conséquences qui en découlent. Lorsque le phénomène s’accentue davantage et impacte les ressources hydriques (débits des cours d’eau, niveaux des nappes, retenues des barrages...), la sécheresse hydrologique s’installe. Les périmètres irrigués sont à leur tour impactés, car même si l’agriculture consomme 85% des ressources en eau mobilisables, les dotations en eau potable et industrielle sont prioritaires ; l’agriculture est donc servie par défaut.

Vous dites que lorsque la sécheresse s’installe durablement sur un territoire, ce dernier devient une zone aride. Quelles sont les mesures urgentes pour remédier à cette situation ?
Une zone aride est une zone où le climat est naturellement sec et connaît de faibles précipitations, tandis que la sécheresse est une déviation par rapport à la normale et peut affecter aussi bien les climats arides que les climats humides. Face à l’aridité, nous ne pouvons que nous adapter par des mesures appropriées. Dans le secteur de l’agriculture, par exemple, il existe un package technique dit «aridoculture», qui regroupe au-delà du choix des espèces et des variétés, des techniques culturales visant à améliorer l’efficience d’utilisation de l’eau. Par ailleurs, les stratégies nationales, avec comme meilleur exemple la politique des grands barrages, adoptée dès les années 60, ont permis le développement des périmètres irrigués. Actuellement, le Plan Maroc vert vise à induire une transformation dans les systèmes de cultures en remplaçant la céréaliculture par des arbres fruitiers à haute valeur ajoutée et peu consommateurs en eau tels l’olivier, l’amandier et le figuier.

Un Observatoire national de la sécheresse (ONS) a été créé en 2001, ce dernier est actuellement en veilleuse. Aujourd’hui, vous lancez un appel pour que l’ONS soit redynamisé sous la forme d’un Observatoire pour le changement climatique.
Pourquoi ?
Lorsqu’il a été créé, l’Observatoire national de la sécheresse (ONS) s’est voulu un espace de suivi, d’alerte précoce et de développement de stratégies de mitigation et d’adaptation. Cet espace demeure d’actualité, car l’augmentation de la fréquence et de la sévérité des épisodes de sécheresse représente, sous nos climats, la menace la plus importante du changement climatique. Cependant, ce dernier se manifeste aussi par d’autres bouleversements qui doivent également être pris en compte. Ainsi, un espace de concertation multidisciplinaire plus large est nécessaire. Construit selon le modèle de l’ONS, il devra néanmoins être doté d’un cadre légal qui assurera la coordination et la coopération entre les différentes institutions impliquées, et ainsi sa pérennité.


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