La bibliothèque est édifiée sur le Site royal de Saint-Laurent-de-l’Escorial, un grand complexe qui comprend un monastère, un musée et un palais, situé au nord-ouest de Madrid, dans la commune de San Lorenzo d’El Escorial. Il s’agissait d’une ancienne résidence du Roi d’Espagne. Le site a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 1984. Il fut conçu par le Roi Philippe II comme un complexe religieux et comme un Palais, tant pour commémorer sa première victoire comme roi durant la bataille de Saint-Quentin du 10 août 1557 sur les troupes d’Henri II, roi de France, que pour honorer la dernière volonté de Charles Quint, qui désirait être enterré avec son épouse loin des habituelles sépultures des Trastamares. Le bâtiment est divisé en plusieurs sections : la Bibliothèque, le Palais de Philippe II, la Basilique, la Salle des Batailles, la Crypte, les Salles capitulaires, la Pinacothèque, la Salle des Frères et la Collection de reliquaires.
L’Escorial tire son nom d’un ancien village situé près du lieu où a été construit le monastère-palais, aujourd’hui la commune de L’Escorial. C’est aussi un sanctuaire érigé à la gloire de la Contre-réforme, qui contient l’une des plus grandes collections de reliques du monde catholique et on y trouve quelque 7 500 reliques abritées dans 570 reliquaires répartis dans tout le monastère, mais spécialement dans la basilique Saint-Laurent.
Dotée d’une collection de plus 45 000 volumes du XVe et XVIe siècle, la Bibliothèque de l’Escurial est située dans une grande nef de 54 mètres de long, de 9 de large et 10 mètres de haut. Le sol de cet édifice est formé de marbre et de meubles de bibliothèque de bois nobles, riches et sculptés. Quant à l’éclairage, il est assuré par les grandes fenêtres des côtés longitudinaux, et par des fenêtres plus petites sous la voûte. La bibliothèque contient aussi des manuscrits de saint Augustin et de sainte Thérèse d’Avila ainsi que la plus grande collection mondiale de manuscrits arabes et hébreux, outre une collection personnelle de Philippe II.
Le plafond en berceau de la bibliothèque est peint à fresques représentant les sept arts libéraux, à savoir la rhétorique, la dialectique, la musique, la grammaire, l’arithmétique, la géométrie et l’astrologie. L’Escorial dispose de deux autres locaux annexes à la bibliothèque, la «salle haute», située au deuxième étage, abrite les collections de doubles, mais aussi les livres interdits, et le «salon d’été» qui servait de magasin pour les manuscrits. Le Roi Phillipe II avait acheté pour cette bibliothèque de nombreux ouvrages en Espagne et en Europe, notamment les ouvrages des savants Gonzalo Perez et Juan Paez de Castro, ou celle de son cousin le Duc de Calabre.
Pour ce qui est la conservation des ouvrages, elle fut sérieusement étudiée par les architectes. Contrairement aux autres bibliothèques internationales, les livres, reliées en maroquin, dorés et marqués sur les trois tranches, sont placés sur les rayonnages avec le dos vers le mur afin d’offrir à l’air la partie du papier protégée par la dorure. Les fonds comportent une majorité d’ouvrages en langues classiques (latin, grec et hébreu), de nombreux volumes en langues arabe et espagnole, ainsi qu’une centaine en français, en italien et des livres en allemand, arménien, turc et persan. À signaler qu’une partie importante des immenses collections de cette bibliothèque avait été ravagée lors d’un incendie qui s’était déclenché dans cet édifice en 1671.
