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Les conditions de travail des emplois éphémères

Maître nageur, vendeur de beignet ou de glace, animateur dans des camps de vacances, tatoueur de henné… Les demandes et offres d’emploi pour les métiers saisonniers sont vastes au Maroc. Mais qu’en est-il de leurs conditions de travail ? Reportage.

Les conditions de travail des emplois éphémères
Les maîtres nageurs sont payés 2 000 dirhams par mois, et ce, quels que soient leur ancienneté ou leur savoir-faire.

Juin, juillet, août et maintenant septembre également, sont les quatre mois de l’année qui englobent (le plus) les métiers saisonniers. Ces jobs se différencient et se caractérisent par leur côté éphémère, intensif et ponctuel. En effet, un saisonnier se définit comme étant une personne dont la durée de travail est restreinte à une saison de l’année. Et l’été est la période où ce type de travailleur fleurit.
Les maîtres nageurs par exemple, hormis ceux qui travaillent dans les piscines de club ou thalasso toute l’année, leur période de travail se limite seulement du mois de juin au mois de septembre inclus. D’ailleurs en pleine saison, leurs heures de travail ne sont pas comptées : «Je travaille de 8 heures du matin à 20 heures le soir, tous les jours pendant quatre mois non-stop», raconte Yassine, un maître nageur âgé de 24 ans. Cela leur fait donc de longues et rudes journées condensées sur 122 jours. Yassine, maitre nageur au sein de la plage de Aïn Diab, explique par ailleurs que malgré le fait qu’il ait «sept ans d’expérience au même poste, ce n’est pas pour autant qu’il a un meilleur salaire que ceux qui viennent de débuter». En effet, les maîtres nageurs sont payés 2 000 dirhams par mois, et ce, quels que soient l’ancienneté ou le savoir-faire.
De plus, Yassine nous confie que son «salaire n’arrive jamais à l’heure et que sur la plage il y a clairement un manque d’effectif». Effectivement, sur toute la plage de Aïn Diab, par exemple, il n’y a qu’une dizaine de postes. Et au lieu d’être une quinzaine par poste comme prévu, les maîtres nageurs ne sont que trois ou quatre par place. D’autre part, selon les propos du jeune maître nageur, «il y a également un manque criant d’équipement». C’est-à-dire que pour toute la plage, il y a seulement un jet ski (qui est d’ailleurs rarement utilisé), que la bouée mise à leur disposition est crevée et que les maitres nageurs n’ont droit qu’à un pull et un short par saison. De plus, si jamais l’un des sauveteurs vient à perdre son sifflet, il devra alors donner 100 DH à son patron (sur 2 000 DH de salaire, et pour un sifflet, cela fait beaucoup).
Ainsi, pour des personnes étant embauchées sur un simple stage «intensif» d’un jour, plus une semaine de cours de secourisme, ces sauveteurs sont peu aidés. Yassine avoue alors que face à ces conditions de travail, il continue simplement pour pouvoir aider ses parents financièrement, au moins un minimum : «Je n’ai pas le bac, alors si je ne travaille pas comme maître nageur, comment vais-je pouvoir aider mes parents ? Je me dis aussi que je fais de “bonnes actions envers Dieu”. C’est pourquoi si jamais quelqu’un vient à se noyer, malgré les conditions déplorables, je pense à Dieu et cela me donne beaucoup de force», souligne le jeune homme.
Pour ce qui est des maîtres nageurs au sein des piscines, leurs conditions de travail sont plus plaisantes. En effet, ces derniers travaillent de 9 heures à 18 heures et n’ont qu’un seul bassin à surveiller. De plus, comme le révèle N.S., un maître nageur ayant travaillé à la plage et à la piscine, «les gens sont plus disciplinés à la piscine. En fait, quand on leur demande de ne pas aller quelque part, ils nous écoutent ; alors qu’à la plage, ils n’en font qu’à leur tête et s’aventurent dans des endroits où ils ne devraient pas mettre les pieds».

Ramadan en juillet :
saison difficile ?
Pour ce qui est des autres saisonniers, surtout pour les vendeurs de nourriture, cette année 2013 risque d’être difficile. En effet, vu que le ramadan arrive en juillet (un des mois normalement très fructueux), le mois saint risque de tuer une grosse partie de leurs bénéfices 2013. Et comme l’indique un vendeur de beignets, le tourisme sera une clé importante pour eux cette année : «vu que le ramadan crée une coupure dans la saison, j’espère vraiment que cette année, les visiteurs viendront en masse et que les Marocains emmèneront tout de même leurs enfants à la plage».

Malheur des uns, bonheur des autres
Si certains crient déjà au désespoir à cause du mois saint, ce dernier ne sera pas négatif pour tout le monde. Ainsi, les saisonniers du ramadan se réjouissent d’avance et attendent d’ores et déjà les ruées vers leur pâtisserie. En effet, si quelqu’un doit profiter du mois de ramadan durant les longues journées d’été, c’est bien eux. Car les Marocains auront plus de temps pour avoir envie de quelque chose et pour venir les dévaliser.

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