En 2012, il a été recensé quelque 500 sites d’information. Si ce nombre reflète une évolution de la presse nationale, il n’en demeure pas moins qu’il cache une autre réalité. Ces nouveaux médias souffrent d’un manque de professionnalisme et confondent communication et journalisme. «Les grands défis de la presse électronique au Maroc résident dans la réalisation d’un contenu de qualité et le respect de la déontologie», a lancé Abdelouahhab Errami, professeur à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC), lors de la table ronde organisée dernièrement à Rabat par l’institut Média et Diversité sur le thème «La presse numérique marocaine et la professionnalisation». Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre du projet «Pour des médias marocains inclusifs, responsables et indépendants».
Ali El Bahi, chercheur au Centre marocain des études contemporaines et de recherches, s’est interrogé sur «Quelle presse souhaitons-nous avoir ?». «Parmi, les centaines de sites d’information qui existent aujourd’hui, vingt parmi eux réalisent un travail professionnel et sont dotés d’une ligne éditoriale.»
Taoufik Bouachrine, directeur du quotidien arabophone «Akhbar Al Youm» et co-fondateur du site «Fabrayare.com», lui, a appelé la presse électronique à rentrer dans les rangs. «Les responsables des sites doivent se conformer aux règles journalistiques et professionnelles de la presse. Ils doivent chercher l’information, la vérifier et l’analyser. De même, ils doivent concilier liberté et responsabilité», a-t-il souligné. Quant à Mohamed Ezzouak, fondateur du site d’information «Yabiladi», il a indiqué «que le monde des médias est aujourd’hui en état de choc. Selon une étude américaine, la presse imprimée devrait disparaître aux États-Unis vers 2019. Le Maroc devrait être atteint par ce phénomène à l’horizon 2030. La presse imprimée va totalement disparaître, mais des journaux ou magazines de prestige resteront.»
Driss Labat, directeur du site «Eljadida.com», lui, a expliqué la genèse de leur projet. «Dans le passé, nous avons cherché sur “Google” des informations sur notre ville, mais il y avait peu de choses. Face à cette situation, nous avons décidé de créer notre site. Ce dernier est ouvert à tout le monde. Chaque visiteur est libre d’écrire sur le site, mais nous assurons le rôle de modérateur pour éviter tout dérapage.»
Une autre expérience régionale a été présentée, celle de la capitale du phosphate. «Dans notre ville, seuls les correspondants des journaux nationaux traitent de notre ville.
Nous trouvons un ou deux articles dispersés qui informent sur notre cité. Face à ce déficit, nous avons lancé notre site», a souligné Mohamed Elhrichi, président de l’association «khouribga» de la presse électronique. «En mars 2012, les participants à la journée d’étude sur la presse électronique au Maroc, organisée par le ministère de la Communication, ont appelé à la réglementation de la presse électronique», a expliqué Houssine Saf, directeur général de Multimedia Content Network (MCN). Il a ajouté que la presse électronique devrait discuter avec l’État pour réglementer ce secteur appelé à un avenir. Selon des informations, le journal d’information américain, publié exclusivement sur Internet «The Huffington Post», chercherait à s’installer au Maroc.
Un nouveau Code de la presse est en train d’être élaboré. «Pour ceux qui auront choisi la voie de la professionnalisation avec la création de leurs entreprises, ceux-là auront droit à l’aide. Quant aux autres qui auront refusé, ils pourront toujours publier, mais s’ils transgressent la loi en matière d’édition, ils répondront de leurs actes devant la justice», a conclu Abdelouahhab Errami, coordonnateur national pour l’élaboration d’un Livre blanc sur la presse électronique au Maroc.