Le conte est un patrimoine précieux, très précieux même. Au Maroc, cet héritage est transmis à travers les générations depuis la nuit des temps. Mais aujourd’hui, la pérennité de cette tradition est plus que jamais menacée face, d’une part, aux défis de l’urbanisation et de la mondialisation et, d’autre part, à la mutation que vit la société marocaine. C’est dire qu’il s’agit d’un héritage inestimable et pourtant si fragile. «Le conte est aujourd’hui en péril. La relève n’est plus assurée, les répertoires s’appauvrissent, le nombre de conteurs se réduit de plus en plus», se désole Ahmed Madkouri, vice-président de l’Association la Maison du conte du Maroc. Compte tenu de l’importance que revêt ce vieux patrimoine dans les paysages artistique, social et culturel du Maroc, cette association, créée en 2007, sous l’impulsion de plusieurs passionnés du conte, œuvre sans relâche pour la revalorisation de cette tradition orale plurielle.
Promouvoir, transmettre et sauvegarder ce patrimoine riche à plus d’un titre est le concept fondateur de cette association présidée par Driss Benadada. Pour atteindre ses objectifs, l’Association a très vite évolué vers une nouvelle entité en 2012 pour devenir la Maison du conte du Maroc, un lieu de sauvegarde, de promotion et de transmission du conte, situé à Bouregreg. Cette institution est composée de conteurs et conteuses animés par une passion commune : assurer la pérennité du conte. «La Maison du conte du Maroc est créée pour rétablir la chaîne de transmission orale des contes traditionnels et encourager la redécouverte et la réappropriation de ce patrimoine», ajoute Ahmed Madkouri. Mieux encore, l’Association a pour ambition également de promouvoir, transmettre et sauvegarder le patrimoine oral. Et ce, à travers des actions sur le terrain. Il s’agit de la célébration annuelle de la Journée mondiale du conte, l’animation de soirées de contes un peu partout, pour adultes et enfants, et des séances de contes pour les enfants scolarisés.
Les conteurs de la Maison du conte du Maroc participent également à l’organisation d’un festival dédié aux contes authentiques et traditionnels, et aux soirées conçues annuellement pour le mois du Ramadan, dont la prochaine est prévue le 19 juillet à la Villa des arts. Pour transmettre ce savoir-faire, l’association anime des ateliers d’apprentissage pour enfants et pour adultes, ainsi que plusieurs formations au profit des animateurs culturels, enseignants et éducateurs, entre autres. «Nous travaillons souvent dans ces formations et ateliers sur les diverses techniques requises pour conter : la mémorisation, la voix, le regard, les images mentales et la gestuelle. Il y a aussi d’autres aspects comme la structure des contes. Il s’agit ici d’un travail de réflexion sur les thèmes et les symboles, les comparaisons entre les différentes versions du même conte, selon les pays», poursuit le vice-président de l’Association la Maison du conte du Maroc.
Le répertoire que les conteurs de cette institution revisitent se compose toutefois essentiellement de contes merveilleux traditionnels, proches de ceux des frères Grimm, et parfois des contes de sagesse, comme ceux de la mythologie grecque avec ses illustrations admirablement fantaisistes. Et en étroite collaboration avec plusieurs institutions, la Maison du conte du Maroc entend aujourd’hui établir des partenariats sur les moyen et long termes afin de mieux assurer la promotion, la sauvegarde et la transmission de cet héritage oral qui fait partie intégrante de l’identité marocaine.
