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Apprendre le jeûne aux enfants

Si certains parents attendent la puberté de leurs enfants, d’autres les y invitent bien avant. Sauf qu’avant 9 ans, cette pratique serait déconseillée…

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Les enfants sont normalement dispensés de jeûne jusqu’à leur puberté. «Ma fille vient d’avoir ses premières règles le mois dernier, ce ramadan sera donc son premier», déclare une mère de famille. Et quand on lui demande pourquoi elle n’a pas poussé son enfant à s’essayer au jeûne un peu plus tôt, celle-ci rétorque : «Elle vient d’avoir 9 ans. La faire jeûner avant, à 6,7 ou 8 ans ? J’aurais eu peur pour sa santé. Regardez-la ! elle est désormais une femme, mais dans un corps de bébé !».

À cette mère soucieuse de la santé de sa fille, Meryem Khaled, médecin nutritionniste, répond qu’il est effectivement «déconseillé d’obliger les enfants de moins de 9 ans à jeûner de la même manière que les adultes». Cependant, elle insiste sur le fait d’initier les enfants à sa pratique, «dès 7 ans, en jeûnant 3 heures par jour seulement». En effet, bien que le jeûne ne soit pas obligatoire pour les enfants, ce médecin le préconise afin qu’ils puissent prendre conscience progressivement des effets du jeûne sur leur petit corps et qu’ils s’y habituent. «On peut préparer son enfant en l’invitant à “imiter” les adultes. Le plus facile est de l’inciter à commencer par jeûner une demi-journée, pour l’habituer à l’abstinence et à la sensation de la faim,», déclare-t-elle avant de poursuivre : «Entre 8 ans et 9 ans on peut prolonger le jeûne jusqu’à la prière d’“Addohr” ou d’“Alassr”. À partir de 10 ans, l’enfant peut jeûner 3 jours par semaine et à partir de 11 ans on peut tenter de le faire jeûner toute la semaine sous surveillance». Une recommandation appliquée à la lettre par Naïma, maman du petit Kader. «Avant même d’être pubère, mon fils souhaitait jeûner comme nous.

Il ne comprenait pas pourquoi il devait attendre. C’est pourquoi, vers 8-9 ans, j’ai d’abord accepté de lui faire faire un “demi-jeûne” pour l’habituer progressivement. De bon matin, je lui préparais un bon petit-déjeuner copieux pour qu’il puisse tenir tout au long de la journée, puis rien d’autre jusqu’au ftour. Vers 11 ans, je lui ai proposé de jeûner un jour sur deux, comme un adulte», explique-t-elle. Dans ce cas de figure, le petit Kader était volontaire à l’exercice du jeûne. Mais certains enfants sont beaucoup plus réticents à cette idée. «Il a été difficile pour moi d’imposer le jeûne à mon fils. Peut-être parce que je ne l’ai pas habitué avant…», s’interroge une maman qui a préféré garder l’anonymat. Ce à quoi notre spécialiste répond : «Imposer le jeûne à un enfant sans lui expliquer le pourquoi du comment peut le frustrer. Il faut bien insister sur le rôle du jeûne, ses valeurs et ses règles». Cette année encore, le ramadan tombant en pleine période estivale, prudence sera de mise avec les jeunes enfants s’adonnant à l’exercice du jeûne. «Il faudra évaluer leur capacité à le faire. Si c’est le cas, l’enfant doit boire beaucoup d’eau et de jus après le repas “Al Iftar” et consommer fruits et légumes afin d’éviter la déshydratation. Et surtout, ne pas laisser l’enfant s’exposer au soleil dans la journée».

En effet, les conséquences peuvent parfois s’avérer désastreuses, en témoigne Saad, grand frère du petit Mehdi. «Je jouais au ballon avec mon frère. Une fraction de seconde plus tard, il était au sol. Je n’avais pas trop le choix, je lui ai mis deux petites gifles, auxquelles il a réagi en ouvrant les yeux. Puis ma mère lui a fait boire deux grands verres d’eau», se rappelle-t-il. «Cet enfant devait être soit déshydraté, soit en hypoglycémie», explique la spécialiste. «Le premier cas se caractérise par une soif intense, des lèvres sèches, une grande fatigue, une perte de force, des vertiges et/ou un évanouissement, des maux de tête, des urines très odorantes et de couleur foncée.

Le second se traduit par un malaise, une irritabilité, un changement brutal de l’humeur, tachycardie, sueurs, pâleur et douleurs abdominales», poursuit la même source. Pour éviter ces petits désagréments, il faut y aller doucement et surtout ne pas les brusquer. «Pensez à leur demander de rompre le jeûne au moindre signe de fatigue. Leur petit corps a besoin de temps pour s’habituer», avertit la nutritionniste.

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