Un nouvel élan vient d’être donné aux relations maroco-françaises avec la visite officielle du Président de la République française au Maroc. Une visite qui intervient après trois mois seulement de la tenue de la 11e réunion de Haut Niveau au Royaume et qui s’est conclue par la signature de 23 accords de coopérations. Ainsi, en marge de cette visite, une rencontre a été organisée hier à Rabat entre les hommes d’affaires marocains et leurs homologues français dans le but d’identifier les nouvelles pistes pour un partenariat durable.
Lors de cette réunion de haut niveau, les entrepreneurs des deux pays se sont accordés à dire qu’il était nécessaire de développer les investissements au niveau de l’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un partenariat Nord-Sud-Sud. Les intervenants ont appelé à la création d’une nouvelle dynamique et d’une vraie synergie entre les différents partenaires dans le but d’établir une coopération gagnant-gagnant.
Mohammed El Kettani, coprésident du Club des chefs d’entreprises France-Maroc, a exposé dans son intervention les mutations que connaît le continent africain et qui font désormais de ce dernier une destination favorite pour les investisseurs. D’après ce responsable, l’investissement dans ce continent devient intéressant à plus d’un égard. Il faut savoir que le vieux continent enregistre un taux de croissance du PIB de l’ordre de 6% et compte une population de plus d’un milliard d’habitants, dont 64% sont âgés de moins de 30 ans. Autant de facteurs qui font que l’Afrique draine des investissements étrangers de l’ordre de 45 milliards de dollars en 2012. Le Maroc, qui demeure un partenaire privilégié de l’Afrique subsaharienne, a pu d’ailleurs tirer le meilleur parti de ces atouts à travers la conclusion de 500 accords avec plus de 40 pays. M. Kettani a profité de cette rencontre pour appeler les entrepreneurs à raffermir la coopération maroco-française au niveau international, mais aussi au niveau du continent. Évoquant l’expérience d’Attijariwafa bank, son président-directeur général a indiqué que l’implantation de cette banque dans différents pays en Afrique lui a permis de renforcer significativement ses résultats consolidés.
Mostafa Terrab, président-directeur général de l’Office chérifien des phosphates, a abondé dans le même sens, sollicitant les hommes d’affaires français afin qu’ils investissent dans des secteurs en pleine croissance au niveau du continent, notamment le secteur de l’agriculture. «J’estime qu’il est temps de considérer la Méditerranée comme étant un espace qui nous réunit et non qui nous sépare», a-t-il fait remarquer.
En effet, les avis des différents entrepreneurs convergent pour considérer l’Afrique comme étant un hub destiné à accueillir les investissements. Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’eau et d’électricité, l’a de nouveau confirmé dans son discours. Lors de son intervention, il a déclaré l’intention de l’Office d’élargir davantage ses activités au niveau des pays de l’Afrique, invitant ainsi les entreprises françaises ayant accumulé une longue expérience dans ce domaine à intervenir dans cette région afin d’apporter des solutions adaptées. «Notre grande ambition est d’intégrer l’offshoring de l’ouest dans notre programme, à commencer par le Sénégal, dans un premier temps, dans le souci de créer des opportunités d’investissement», a souligné M. Fihri.
Il convient de souligner que cette rencontre ayant réuni les entrepreneurs des deux rives n’était pas seulement une occasion pour identifier les opportunités d’investissement en Afrique, mais aussi une occasion pour présenter quelques exemples de «sucess-story» dont les auteurs sont des entrepreneurs français et marocains qui ont su tirer parti de leur partenariat. C’est le cas pour l’entreprise Sofiprotéol et celle de Lesieur Cristal Maroc. Il s’agit de deux sociétés œuvrant dans le domaine agro-alimentaire qui ont réussi grâce à leur alliance à explorer de nouveaux marchés, notamment en Tunisie. D’après le directeur général de la société française, les deux entreprises ont réussi à atteindre une réelle complémentarité et à créer une vraie synergie ayant permis au groupe de renforcer sa compétitivité.
Le groupe hôtelier Accor, présent également lors de cette rencontre, à travers son directeur général Yann Caillère, a confirmé la possibilité pour les entreprises françaises de se développer rapidement au niveau africain en profitant des atouts qu’offrent les pays d’accueil. À cet égard, le responsable a cité l’exemple de son entreprise qui a pu s’installer au Maroc et créer plus de 37 hôtels. Un chiffre appelé à augmenter dans les années prochaines pour atteindre 50 établissements. Le responsable a toutefois mis l’accent sur la nécessité d’adapter les ressources humaines locales aux besoins de l’investissement à travers la formation et la mise à niveau de cette main-d’œuvre.
