Trop de fluor peut gâcher le sourire

Tout le monde rêve d’avoir un sourire éclatant, brillant et de belles dents saines. Et nous savons tous que le fluor protège notre émail. Grâce à lui, la dent est moins sensible aux attaques acides à l’origine des lésions carieuses. En effet, le fluor se combine à la structure de l’émail, limite sa déminéralisation et favorise sa reminéralisation.

Or, avec l’évolution des connaissances, on constate aujourd’hui que le fluor est utile et bénéfique, mais seulement à doses réduites et régulières. Les excès et l’accumulation de fluor dans l’organisme pouvant entraîner des effets néfastes sur la santé et mener à la fluorose dentaire. L’OMS a fixé une dose de fluor à ne pas dépasser pour éviter tout risque de fluorose 0,05 mg/j par kilogramme de poids corporel sans dépasser 1 mg/j. «Je souffre d’un horrible problème dentaire, la fluorose.

Cette maladie est très gênante. J’ai beaucoup d’amis, mais je me sens mal à l’aise avec eux, car je ne peux jamais rire ou sourire sans penser à ce qu’ils peuvent dire de mes dents puisque j’ai des taches blanches sur le bas des dents depuis toute petite. J’ai effectué plusieurs recherches pour trouver une solution à mon problème, mais je n’ai malheureusement rien trouvé. Je commence à perdre espoir», confie Marwa, 20 ans, étudiante.

La fluorose dentaire est donc une pathologie qui résulte d’un apport excessif en fluor, essentiellement pendant la période de développement des dents (généralement entre la naissance et l’âge de 6 à 8 ans). Les concentrations excessives de fluorures ingérées perturbent le fonctionnement des cellules responsables de la formation de l’émail. Ces cellules, appelées améloblastes, ne produisent pas de l’émail proprement en présence de fluor. La gravité de la fluorose dentaire va de très léger à grave en fonction de l’ampleur de l’exposition au fluor durant la période de développement des dents. Plus l’intoxication au fluor a été forte durant la phase de minéralisation des dents, plus les symptômes seront visibles. Ils vont de quelques petites taches blanches à des marbrures marron sur l’émail des dents. Ces atteintes sont irréversibles. Un dentiste peut toutefois les dissimuler grâce à des collages de matériaux sur les dents tachées.

Pour éviter tout surdosage, on peut faire un bilan des apports en fluor de l’enfant, chez le dentiste. Il est, en effet, recommandé de demander ce bilan dès l’âge de 3 ans. Le spécialiste tiendra compte de tous les produits utilisés : dentifrice, bains de bouche, sel fluoré, teneur en fluor de l’eau de la commune d’habitation... Mais aussi des habitudes d’hygiène bucco-dentaire, des habitudes alimentaires (grignotage, sodas...), du terrain carieux familial, de la disposition des dents... Ce bilan est particulièrement important en cas de risque carieux élevé et si l’enfant doit être supplémenté en fluor.

Les dangers d’excès de fluor peuvent ne pas s’arrêter là. La fluorose dentaire peut être suivie d’une fluorose osseuse. C’est une maladie qui résulte de l’accumulation excessive de fluor dans les os, entraînant des changements dans la structure des os et les rendant extrêmement fragiles et cassants. Les premiers stades de fluorose osseuse se caractérisent par une masse osseuse accrue détectable aux rayons x. Si l’apport en fluorures reste très élevé durant de nombreuses années, les changements au niveau des os peuvent entraîner une raideur et des douleurs au niveau des articulations. La forme la plus sévère de fluorose osseuse est connue sous le nom de «Fluorose osseuse invalidante» et peut se traduire par une calcification des ligaments, une immobilité, une perte de muscles ainsi que des problèmes neurologiques liés à la compression de la moelle épinière.

En effet, le fluor peut pénétrer dans le cerveau et traverser les différents tissus de notre organisme. Il peut provoquer des problèmes intellectuels (perte de la volonté propre, retard mental) et psychiatriques (violences, addictions, folie). Il agit en profondeur en favorisant une dégénérescence accélérée de l’organisme quel que soit l’âge. 

Explications : Mohamed Chérif Abrouss, dentiste

«Les taches dues à la fluorose sont indélébiles et inaltérables»

❶ Quels sont les principaux facteurs de risque de la fluorose dentaire ?
La fluorose dentaire résulte d’un excès d’ingestion de fluorures pendant la période de développement des dents de la naissance à l’âge de 6 à 8 ans et se manifeste sur l’émail des dents par des taches blanches, voire parfois par des marbrures brunâtres indélébiles occasionnant essentiellement une altération esthétique. Les principaux facteurs de risque de fluorose sont l’ingestion massive de fluor par des eaux des, sels naturels ou traités et par l’apport de suppléments fluorés, en comprimés ou gouttes, ingérés abusivement.

❷ Les dentifrices à base de fluor peuvent-ils aggraver les cas des patients atteints de fluorose ?
Pour les personnes dont l’émail est atteint de fluorose, celle-ci s’est constituée en général jusqu’à l’âge de 10 ans et sera irréversible. Un dentifrice faiblement fluoré ne devrait pas empirer l’état de fluorose, mais il serait préférable d’utiliser un autre panel de dentifrice si l’on peut.

❸ Outre l’apparition de taches blanches puis brunes, y a-t-il des complications plus sévères ?
Les taches blanches ou brunes sont une des manifestations pathognomoniques des fluoroses dentaires. Il n’existe pas de complications connues des fluoroses si ce n’est le préjudice esthétique occasionné au patient auquel le dentiste peut remédier par des techniques de restauration esthétique au composite ou la mise en place de facette céramique.

❹ Y a-t-il un traitement efficace pour éliminer les taches dues à la fluorose ?
Les taches dues à la fluorose sont indélébiles et inaltérables. Elles ne peuvent être masquées que par des restaurations aux composites ou par des facettes.

❺ Quels conseils pouvez-vous nous donner pour limiter le risque d’excès en fluor ?
Il ne faut pas donner aux enfants de manière inconsidérés des suppléments fluorés sans l’avis du pédiatre ou du dentiste qui considère avant toute prémédication l’environnement alimentaire et naturel de la région.
L’ingestion prénatale de ces suppléments par la femme enceinte est actuellement proscrite.