Un compromis vient d’être mis en place entre les professeurs des facultés de médecine et le gouvernement. Après plusieurs réunions tenues en décembre dernier, sous les directives du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, la commission tripartite, composée de représentants des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et la formation des cadres, ainsi que les professeurs des facultés de médecine et de pharmacie représentés par le Syndicat national de l’enseignement supérieur, a décidé vendredi dernier d’autoriser les professeurs de médecine à exercer dans le secteur privé deux demi-journées par semaine.
«La commission tripartite a travaillé, sous les directives du chef du gouvernement, durant tout le mois de décembre afin d’aboutir à cet accord selon lequel les professeurs de médecine seront autorisés, de manière transitoire, à exercer dans le secteur libéral pendant deux demi-journées par semaine, à savoir le vendredi après-midi et samedi ou dimanche», explique Abdelhafid Debbagh, secrétaire général du département de l’Enseignement supérieur, dans une déclaration au «Matin». Et de poursuivre : «Cette solution est temporaire le temps d’aménager des cliniques universitaires». De son côté, le Syndicat national de l’enseignement supérieur a publié un communiqué conjoint avec les détails du compromis.
Il ressort de cet accord concernant le travail des professeurs pendant le TPA (temps plein aménagé) hors les établissements publics, outre l’autorisation d’exercer durant deux demi-journées à partir de vendredi dans les cliniques et les cabinets privés pendant la période transitoire, le maintien d’études des propositions par la commission tripartite et sa réunion d’une manière mensuelle pour poursuivre l’examen des dossiers liés au système de santé. D’un autre côté, la commission a décidé également de l’engagement du ministre de l’Enseignement supérieur à effectuer une visite aux Facultés de médecine et de pharmacie de Marrakech et de Casablanca et à se réunir avec les professeurs pour discuter de leurs problèmes; l’engagement du gouvernement à améliorer les conditions de travail des professeurs…
Ce compromis vient ainsi mettre fin à des jours de grèves qui ont marqué la vie estudiantine dans les différentes facultés de médecine du Royaume. Pour rappel, tout a commencé le 8 novembre dernier avec la publication d’une circulaire interdisant aux professionnels de la santé du secteur public d’exercer dans le secteur privé.
Cette décision gouvernementale stipule que «les médecins fonctionnaires doivent consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées de manière neutre et indépendante des intérêts privés afin de limiter les effets négatifs sur le fonctionnement du service public qui s’accentue davantage avec la rareté des ressources humaines au sein des hôpitaux publics». Ainsi privés du temps plein aménagé (TPA) leur permettant d’exercer également dans le secteur libéral, les médecins sont rapidement montés au créneau pour s’insurger contre cette décision qu’ils ont jugée «injuste», sachant toutefois, que la circulaire n’est qu’une mise en application de la loi de la Fonction publique et de la loi 10-94 relative à l’exercice de la médecine. Cela n’a pas empêché les professeurs-chercheurs en médecine de multiplier les grèves au niveau des facultés de médecine et de pharmacie dans le Royaume, les examens ont été reportés et certains médecins ont menacé de démissionner. Il était donc urgent de réagir et de trouver une solution, surtout que le ministre de la Santé, El Houssein El Ouardi, a affirmé qu’il était hors de question de revenir sur la décision.
À noter que le TPA est un système qui a été instauré en 1995 et qui permettait aux professeurs d’exercer dans les cliniques privées à raison de deux demi-journées par semaine, et ce, en attendant l’ouverture de cliniques universitaires, cependant cette autorisation a donné lieu, avec les années, à certaines pratiques illégales, les médecins du secteur public dépassant largement les délais autorisés. Cette situation a affecté le citoyen marocain moyen qui se heurtait à l’absence des médecins dans les centres hospitaliers publics.
