Le président tunisien Moncef Marzouki a approuvé vendredi la désignation par le parti Ennahda de Ali Larayedh, actuel ministre de l’Intérieur, au poste de premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer. «Le président a souhaité du succès à M. Larayedh à qui il remettra ce soir la lettre de sa désignation officielle» comme premier ministre, a-t-il indiqué dans une allocution en direct à la télévision. «M. Larayedh aura un délai de quinze jours pour composer son gouvernement et présenter son programme» au chef de l’État, a-t-il ajouté, résumant la procédure qui s’enclenche à compter de la nomination officielle.
Le chef de l’État a souhaité que M. Larayedh, figure du mouvement Ennahda depuis sa création, s’y attèle «le plus rapidement possible, le pays ne supportant pas d’attendre davantage», a dit le porte-parole.
Le gouvernement de M. Larayedh devra ensuite être approuvé par l’Assemblée nationale constituante (ANC) par une majorité d’au moins 109 députés sur 217.
Le premier ministre sortant, Hamadi Jebali, a démissionné en début de semaine après avoir échoué à former un gouvernement de technocrates face à l’opposition de son propre parti, Ennahda. Cette initiative visait à sortir le pays de sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011, provoquée par l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd le 6 février. Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine El Abidine Ben Ali, puis ministre de l’Intérieur après les élections d’octobre 2011, Ali Larayedh est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré de son parti.
Peu avant sa nomination au poste de premier ministre, l’ex-ministre tunisien de l’Intérieur a annoncé jeudi l’arrestation de suspects dans l’assassinat le 6 février de l’opposant de gauche Chokri Belaïd. «L’enquête a bien progressé au point d’arriver à l’arrestation de suspects», a déclaré à la presse M. Larayedh, sans préciser le nombre ou l’identité des personnes arrêtées. «L’enquête n’a pas abouti encore à l’identification du tueur, de ceux qui sont derrière cet assassinat et de ses mobiles», a ajouté M. Larayedh, se refusant de donner plus de détails en invoquant le secret de l’instruction.
M. Larayedh, qui s’est adressé à la presse en présence du chef du gouvernement démissionnaire, Hamadi Jebali, a précisé que ce dernier avait rencontré les cadres du ministère de l’Intérieur pour les exhorter à «continuer de travailler jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement».
