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Un Ramadan chaud à la gare Ouled Ziane

L’ambiance a toujours été très animée à Ouled Ziane. Mais, en cette période de vacances où les déplacements des voyageurs se multiplient et, qui plus est, coïncide avec le ramadan, l’agitation augmente.

Un Ramadan chaud à la gare Ouled Ziane
Les voyageurs ne sont pas les seuls à souffrir de l’anarchie qui règne à la gare Ouled Ziane.

«R’bat, Mrrakch, Jdida, Ouazzane... fine bssalama ?» Quelle est votre destination ? Dès qu’il met les pieds à la gare routière Ouled Ziane de Casablanca, le voyageur potentiel est encerclé par les courtiers.
En sueur, ces derniers ne ménagent aucun effort pour l’attirer. Une situation familière à la gare de la métropole. L’ambiance a toujours été très animée à Ouled Ziane.

Mais, en cette période de vacances où les déplacements des voyageurs se multiplient, qui plus est, coïncide avec le ramadan, l’agitation augmente. Cris, bruits, hurlement, pleurs d’enfants, coups de klaxon : le spectacle est des plus particuliers. Bourdonnement, anarchie et désordre règnent à la gare. Les voyageurs vivent un vrai cauchemar où tout le monde parle, mais où personne n’écoute. Une étrange cacophonie dans laquelle plusieurs sons, voix et bruits sont mêlés. Chacun est absorbé par son propre monde : plaintes, mécontentement, fatigue. Dans cette chaleur infernale du mois de juillet, la gare fait penser à un bain maure dépourvu de toit. Tout le monde est au bord de la crise de nerfs : chauffeurs, courtiers, voyageurs… sont tous sous l’emprise de ce qu’on appelle «Tramdina».

«Je suis venue à la gare routière en compagnie de mon mari afin de me rendre à El-Jadida et savourer le ramadan avec ma famille, mais l’organisation de la gare laisse à désirer… tout le monde est de mauvaise humeur. En plus, les prix ont augmenté, mais nul n’a le droit de contester», déplore Latifa, une jeune femme, à l’air tourmenté. En effet, la plupart des guichets sont fermés. La raison ? Plusieurs guichetiers prennent congé en cette période du mois sacré.

Une situation qui représente une bonne affaire pour les courtiers qui prennent les commandes, deviennent maîtres des lieux et écoulent les «tickets» à des prix élevés. Le marché s’y prête… Et l’absence de contrôle exacerbe la situation. Les voyageurs ne sont pas les seuls à souffrir de l’anarchie qui règne à la gare Ouled Ziane. Les courtiers se sentent aussi lésés et prétendent être victimes de la médiocrité des conditions de travail qui leur rendent la tâche encore plus difficile en une période qui rassemble le trio infernal : «chaleur/vacances/ramadan». Mohammed, 42 ans, se plaint : «Il fait très chaud. Notre travail devient de plus en plus difficile pendant les vacances.

Le mois de ramadan ne fait qu’empirer la situation». Le ramadan s’avère également difficile pour d’autres petits métiers qui gravitent autour de la gare. En effet, les vendeurs de sandwichs, de friandises et de bouteilles d’eau perdent leur gagne-pain pendant cette période. «Période du jeûne oblige, les voyageurs n’achètent plus ce que je leur propose. Déjà que mon commerce ne m’apportait pas beaucoup», confie Hassan, jeune vendeur de chocolat, maintenant en situation de «chômage». «Désormais, je dois me trouver un autre travail. Je passe la journée à traîner ici. Parfois, je travaille en tant que transporteur “Hamal” ou je demande aux chauffeurs de me laisser nettoyer les vitres de l’autocar», ajoute-t-il.

À l’approche de l’heure du ftour, les acteurs de la gare se retirent petit à petit pour rejoindre leurs familles. Alors que certains rompent le jeûne sur la route, d’autres se regroupent dans un coin et se mettent à préparer leur modeste table pour continuer leur travail plus tard. L’animation est en continu et ne cesse jamais… ou presque. Pendant un petit moment, le temps d’un f’tour improvisé, les rideaux tombent. Le spectacle est
interrompu.

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